Réagissant aux voix suggérant une «reconnaissance implicite» d’Israël : Le MAE apporte un démenti cinglant

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Algérie-Turquie

Par M. Mansour

 

La question palestinienne et le «jour d’après», le terrorisme en Afrique, ainsi que les défis liés à la présidence de l’Algérie au Conseil de sécurité figurent parmi les nombreux sujets abordés par le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, lors d’une interview télévisée. Cependant, le point qui a sans doute le plus retenu l’attention est sa réponse à une question sur l’attitude de l’Algérie – actuellement à la tête du Conseil de sécurité – lorsque les représentants d’Israël prendront la parole devant cet organe. Cette question revêt une importance particulière, étant donné que les diplomates algériens boycottent systématiquement ce type d’interventions. A ce sujet, M. Attaf a tenu à apporter des précisions, notamment pour contrer certaines voix, ici et là, qui cherchent à promouvoir l’idée selon laquelle l’Algérie s’engagerait dans une forme de «reconnaissance implicite».

 

«Il n’existe pas de reconnaissance implicite»

Interrogé par AL24 News sur la manière dont l’Algérie, en tant que présidente du Conseil de sécurité pour le mois de janvier gérera les interventions de représentants israéliens, M. Attaf a souligné la nécessité d’un équilibre entre la position nationale et les responsabilités internationales. «Ce n’est pas la première fois que l’Algérie accède au statut de membre non permanent du Conseil de sécurité. En réalité, c’est la cinquième fois. Le fait que l’Algérie préside le Conseil cette année représente une responsabilité qui impose des devoirs particuliers», a-t-il expliqué, soulignant que la présidence du Conseil implique le respect des usages internationaux, indépendamment des positions nationales. «Lorsque nous présidons le Conseil de sécurité, nos positions nationales restent en arrière-plan. La règle est de parler et d’agir au nom du Conseil. L’Algérie, dans ce cadre, se doit de respecter cette éthique», a-t-il ajouté.

A propos d’une controverse relayée par certaines publications insinuant une reconnaissance implicite d’Israël à travers ce rôle, le ministre a tenu à rectifier catégoriquement : «Je tiens à rappeler qu’il n’existe rien, dans les relations internationales, qui puisse être qualifié de reconnaissance implicite. Reconnaître un Etat est un acte officiel, explicite et dépourvu d’ambiguïté.» En clarifiant cette position, Ahmed Attaf a fermement écarté toute confusion, réaffirmant que l’Algérie demeure fidèle à son engagement historique envers la cause palestinienne.

 

Cessez-le-feu à Ghaza : «Nous l’abordons avec un espoir mesuré et un optimisme vigilant»

Sur a situation à Ghaza, abordée dans le cadre d’une réunion qui s’est tenue hier au Conseil de sécurité pour évaluer les développements récents, le ministre a rappelé que cette session intervient après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu tant attendu. «Depuis que l’Algérie a rejoint le Conseil de sécurité en tant que membre non permanent, nous avons toujours accordé la priorité à la cause palestinienne. Cette réunion vise à assurer le suivi de l’accord de cessez-le-feu.» Invité à commenter cet accord, le ministre a exposé la position algérienne, marquée par la prudence. «Nous l’abordons avec un espoir mesuré et un optimisme vigilant. Cet accord reste fragile et doit être soutenu par la communauté internationale», a-t-il dit, insistant sur l’importance pour le Conseil de sécurité de l’adopter pour le faire sien et d’œuvrer à un appui international élargi. «Ce texte est le fruit des efforts d’un groupe restreint de pays. Pour garantir sa viabilité, il doit bénéficier d’un soutien global», a-t-il estimé.

Pour conclure, Ahmed Attaf a précisé que l’Algérie considère cet accord comme une étape dans un processus plus vaste visant à une solution définitive à la question palestinienne. «Nous voyons dans cet accord une opportunité d’avancer vers une résolution basée sur la légalité internationale et le principe de la solution à deux Etats.»

 

«Il n’y a plus de groupes terroristes, mais de véritables armées terroristes»

Abordant dans le cadre du même entretien la réunion ministérielle du Conseil de sécurité, consacrée à la lutte contre le terrorisme en Afrique, le chef de la diplomatie algérienne a insisté sur l’urgence de mobiliser la communauté internationale face à ce fléau. «Ces dernières années, nous avons constaté un certain désintérêt de la communauté internationale pour la lutte contre le terrorisme, en particulier en Afrique. Pourtant, le continent est gravement affecté par ce phénomène.» Selon le ministre, la situation en Afrique se distingue par plusieurs spécificités inquiétantes. «Contrairement à d’autres régions du monde où le terrorisme semble reculer, il prolifère en Afrique. De plus, nous ne parlons plus de groupes terroristes, mais de véritables armées terroristes, fortement équipées et capables de mener des actions militaires complexes, reposant sur des stratégies élaborées.» Cette militarisation du terrorisme, couplée à l’accès à des armes sophistiquées, exacerbe le péril pour les Etats africains. Ahmed Attaf a souligné l’objectif central de l’Algérie lors de cette réunion, qui est de ramener la lutte contre le terrorisme en Afrique au cœur des priorités internationales.