Réception de 88 nouveaux hôpitaux d’ici juin

0
1709
Un nouvel hôpital de 300 lits pour Blida

Par S. Ould Ali

 

Dans le cadre du renforcement de la carte sanitaire, de la promotion du service public et de l’amélioration de la prise en charge des patients, l’Algérie a lancé depuis 2022 une série de projets pour transformer son système de santé. Une réforme dont l’absolue nécessité est apparue lors de la crise de la Covid-19 qui a montré les limites du système de santé algérien malgré les efforts déployés et les acquis enregistrés en termes d’infrastructures sanitaires.

Cette nouvelle feuille de route vient d’enregistrer une nouvelle évolution avec l’annonce de la réception prochaine d’un ensemble de 88 nouvelles infrastructures hospitalières pour une capacité globale de plus de 9000 lits. A l’occasion d’une réunion préparatoire consacrée jeudi dernier à l’organisation des permanences pendant l’Aïd El Fitr, le ministre de la Santé, Abdelhak Saïhi, a assuré que le premier semestre de cette année enregistrera l’inauguration dans plusieurs wilayas, notamment dans le Sud du pays, de 12 hôpitaux d’une capacité de 240 lits, 28 hôpitaux de 120 lits et 48 hôpitaux d’une capacité de 60 lits. «Une fois réceptionnées, ces structures de santé contribueront à l’amélioration du niveau des prestations sanitaires proposées aux citoyens», a-t-il déclaré en soulignant que ces réalisations reflètent «le souci de l’Etat d’assurer une prise en charge optimale des patients». L’inauguration de ces nouvelles structures hospitalières devrait alléger le poids des contraintes que subissent les habitants de nombreuses wilayas, principalement celle des régions du Sud, notamment de malades chroniques qui doivent traverser des centaines de kilomètres pour accéder aux soins.

Le suivi des objectifs fixés par les autorités supérieures s’est traduit à la mi-mars par une réunion du gouvernement qui a examiné, lors de sa réunion hebdomadaire, le dossier relatif à la création d’hôpitaux d’urgence et les progrès enregistrés dans la réalisation et l’équipement de différentes structures de santé pour assurer l’extension de la couverture sanitaire de qualité à travers le pays. L’occasion de rappeler qu’en 2024, 134 projets de réalisation d’hôpitaux publics avaient été inscrits, dont des Centres anti-cancer (CAC), des hôpitaux spécialisés en cardiologie, psychiatrie et rééducation, ainsi que des hôpitaux universitaires et des Centres Mère-enfant.

 

 

Problèmes de gestion

La réception annoncée des 88 hôpitaux à travers le pays, qui traduit les efforts déployés ces dernières années pour améliorer l’offre sanitaire, participe de la réforme structurelle visant à refonder le système national de santé autour de principes directeurs basés sur des valeurs et des approches novatrices, avec pour objectif de remettre l’usager au centre des préoccupations du système. D’ailleurs, la rencontre sur la relance du système national de santé organisée en janvier 2022 avait débouché sur plusieurs recommandations visant à replacer le patient au cœur du système de santé. Parmi elles, la mise en place d’un système de numérisation des données épidémiologiques, l’établissement de la carte sanitaire, la mise en place du dossier électronique du patient et la révision des statuts des professionnels de santé. A la fin de la même année, un communiqué du Conseil des ministres annonçait que le président Abdelmadjid Tebboune avait ordonné la révision des statuts particuliers de toutes les catégories professionnelles du secteur de la santé en insistant sur la modernisation de la prise en charge hospitalière et des services de santé. De même qu’il a donné des instructions pour la mise en place d’un système de travail interne pour les hôpitaux, à même d’assurer un suivi électronique des dossiers médicaux retraçant le parcours du patient, et de réduire la pression sur les médecins : «Le principal problème du secteur de la santé ne concerne pas la structuration, mais plutôt la gestion», a-t-il dit estimant que la réforme «doit se poursuivre tout au long de l’année et non pas pendant une période définie». Il a également souligné la nécessité de se «diriger vers la spécialisation des hôpitaux pour créer des pôles de soins en mesure de contribuer à desserrer l’étau sur les hôpitaux nationaux».

 

 

Un budget à la hauteur des ambitions

Il faut rappeler ici que le budget alloué par la Loi de finances 2025 au secteur de la santé a connu une augmentation notable par rapport à l’année précédente de 4 milliards DA, soit une hausse de 19%. Avec ce budget, le gouvernement prévoit d’améliorer les ressources humaines par l’ouverture de 19 782 nouveaux postes pour les praticiens spécialistes, paramédicaux et contractuels, ce qui représente un investissement de 11 milliards DA. En parallèle, un effort est consenti pour l’approvisionnement en médicaments, avec un budget de 110 milliards DA, allocation qui est censée garantir la continuité de la prise en charge des maladies coûteuses, notamment la cancérologie et les maladies rares. De plus, un nouveau calendrier vaccinal est prévu, avec un financement de 36 milliards DA, afin de renforcer la prévention et la protection de la population contre diverses maladies.

Si les efforts déployés ces dernières années montrent une volonté claire de répondre aux besoins des citoyens, il reste encore des défis à relever, notamment en matière de gestion et de qualité des services. Cependant, avec ces investissements et une vision centrée sur le patient, l’avenir du secteur semble prometteur. A condition de maintenir l’engagement et de poursuivre les réformes de manière cohérente et continue.