Réduction de la facture d’importations des médicaments : La stratégie payante de Aoun

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Insuline et anesthésie dentaire : Aoun dévoile la stratégie de son département

PAR MASSINISSA MANSOUR

Confrontés à une lourde facture d’importation de médicaments, notamment ceux nécessaires au traitement du diabète et du cancer, les pouvoirs publics ont été amenés à
prendre des mesures pour réduire la dépendance du pays à l’extérieur et stimuler parallèlement la production locale. Cette stratégie, axée sur la promotion de l’industrie pharmaceutique nationale, a engendré un véritable boom dans ce secteur vital. Le secteur de l’industrie et de la production pharmaceutique a adopté ces dernières années une démarche axée sur la garantie d’un approvisionnement fiable en médicaments vitaux, tout en maîtrisant les dépenses et en œuvrant pour une gestion pragmatique des ressources nationales.

C’est en tout cas dans cette perspective que le ministre de l’industrie et de la production
pharmaceutique, Ali Aoun, a souligné, lors d’une visite de travail à Médéa jeudi, les progrès tangibles réalisés en 2023 dans la production locale d’insuline.

Finie l’importation d’insuline en 2024

A ce propos, il a affirmé qu’en plus des unités déjà opérationnelles, trois autres entreront
en production incessamment, ce qui permettra de mettre fin aux importations de ce médicament ô combien vital en 2024. En ce qui concerne les médicaments anticancéreux, le responsable du secteur a annoncé que sept usines avaient franchi la phase de tests, dont
trois avec succès, et étaient désormais opérationnelles. Lors du point de presse, il a également exprimé sa volonté de voir ces projets aboutir pour soulager les patients atteints de cancer à partir de cette année.

Ce qui interpelle dans les déclarations du ministre lors de sa sortie de vendredi, c’est sa
disposition à conjuguer le caractère impératif et pressant de garantir l’accessibilité aux
médicaments sensibles, tels que les anticancéreux et l’insuline et la nécessité de produire
localement pour préserver la souveraineté sur les choix stratégiques de l’Etat, mais également la rationalisation des dépenses de l’Etat. On se rappelle d’ailleurs de la pénurie d’anesthésies dentaires survenue l’année dernière suite à des pressions exercées par un
lobby étranger. Réagissant sur le pourquoi du comment de cette crise, M. Aoun avait mis en
lumière la responsabilité d’un laboratoire étranger, soulignant que la disponibilité de l’anesthésie était entravée par son monopole sur la distribution du produit. Ce laboratoire avait même provoqué une pénurie sur le marché afin d’imposer des prix mirobolants, faisant passer le coût unitaire de 5 euros à 15 euros, avait indiqué le ministre. En réponse
à cette situation, ce dernier avait décidé de diversifier les sources d’approvisionnement et lancer cinq projets visant à produire localement ce type de produits. Cela tout en important d’importantes quantités afin de parer aux besoins du moment. Une démarche s’était avérée fructueuse, car elle avait permis de surmonter les tensions.

Mettre fin au diktat des lobbys

Cet épisode est à même de justifier le choix des pouvoirs publics d’axer leurs efforts sur le
développement de la production nationale afin d’atteindre l’autosuffisance. La démarche vise non seulement à se prémunir de l’influence des lobbies dans des circonstances conjoncturelles, mais également à atteindre l’objectif double de dynamiser le secteur productif et d’alléger la facture des importations.

Pour un observateur averti, il est indéniable que des avancées significatives ont été
accomplies dans le domaine ces dernières années grâce à cette stratégie. Malgré la
nécessité de maintenir des efforts soutenus pour parvenir à l’excellence, le secteur affiche une progression appréciable, et les chiffres affichés par le ministère de l’industrie et de la production pharmaceutiques le prouvent. Ainsi, selon ses estimations, le marché national est désormais couvert à hauteur de 73% par des produits fabriqués localement, alors que le tissu industriel local compte actuellement 203 entreprises spécialisées dans la production pharmaceutique.

Ces entreprises produisent 3327 médicaments sur les 4544 enregistrés dans la nomenclature nationale des produits pharmaceutiques, ce qui équivaut à 300 médicaments de plus depuis août 2022, selon les termes du ministre lors d’une intervention devant les
membres de la commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation
professionnelle de l’assemblée populaire nationale, en décembre 2023. Pour terminer sur une autre note positive, on relèvera que la nouvelle orientation stratégique du secteur de la production pharmaceutique, axée principalement sur le renforcement de la production nationale tout en assurant la fabrication locale des matières premières nécessaires, promet, en sus de tout ce qui a été cité précédemment, une nette réduction de la facture des importations. On peut donc parler d’une stratégie payante qui a eu pour résultat une réduction progressive de la facture des importations de médicaments, qui est passée de 2 milliards de dollars en 2019, à 1,2 milliard de dollars en 2022, soit une réduction de 40%.

M. M