Par R. Akli
Sans être idéale, car marquée surtout par d’importants défis politiques internes et externes, la conjoncture dans laquelle intervient l’échéance électorale du 7 septembre prochain offre au futur Président une marge de manœuvre, sinon confortable, du moins considérable, pour accélérer les grands chantiers de réformes qui dessineront l’avenir du pays. De fait, à l’inverse du quinquennat précédent, entamé dans le sillage d’un contexte de révolte populaire généralisée, d’une crise institutionnelle majeure, d’une quasi faillite économique et sociale et d’une pandémie mondiale sans précédent, celui à venir s’annonce plutôt sous des auspices très favorables, du moins au regard de la situation macro-économique et macro-financière positive, dont jouit actuellement le pays. Une situation qui offre ainsi une bonne marge de manœuvre à celui qui sera porté dans les jours à venir à la tête de l’État, qu’il s’agisse du Président en exercice, Abdelmadjid Tebboune, candidat pour un second mandat, ou de ses deux challengers du FFS et du MSP, Youcef Aouchiche et Hassani Cherif. Les défis sont certes grands, mais les moyens existent…
Une rampe de lancement favorable
Au plan macro-économique et macro-financier, l’Algérie, comme le confirment les analyses récentes du FMI et de la Banque mondiale, arbore en effet un tableau de bord qui vire nettement au vert, tout en étant l’un des rares pays à échapper au joug de l’endettement extérieur, ce qui offre aux autorités publiques toute l’autonomie nécessaire pour prioriser les objectifs et les modes opératoires à mettre en place pour accélérer la mise en œuvre des nécessaires réformes structurelles. Un matelas de réserves de change couvrant près de deux années d’importations de biens et services, des soldes des balances commerciales et de paiement excédentaires, un rythme de croissance économique tournant autour des 4% constituent ainsi autant d’indicateurs reflétant la stabilité financière du pays et offrant, pour ainsi dire, une bonne rampe de lancement pour le futur Président. Des atouts macro-économiques et financiers considérables, confortés, du reste, par la mise en marche déjà enclenchée au cours de ces quelques dernières années, de plusieurs chantiers vitaux de réformes structurelles visant notamment la mise à jour des dispositifs législatifs et institutionnels, ainsi que la relance de l’investissement et la diversification des exportations et des sources de revenus du pays en devises fortes. Outre les progrès notables du processus névralgique de numérisation de divers secteurs institutionnels et économiques, plusieurs actions de réformes cruciales ont en effet été déjà mises en branle, telles que celles ciblant la débureaucratisation de l’acte d’investir et d’exporter, la gestion du foncier destiné à l’investissement, la relance du secteur public marchand, la modernisation du système financier et bancaire et la réorganisation de la sphère commerciale pour améliorer les mécanismes de sa régulation et contrer les phénomènes de spéculation et d’inflation. S’y ajoute un effort budgétaire considérable pour un rattrapage salarial graduel et d’autres actions de soutien au pouvoir d’achat des ménages, de sorte à atteindre aux objectifs vitaux de préservation de la cohésion sociale. Des chantiers, certes déjà mis en place, offrant ainsi un bon point de départ pour le futur Président, mais dont la mise en œuvre demeure encore à accélérer et à mener à bien dès le début du prochain quinquennat afin de ne pas gager les nouvelles chances de développements socio-économiques qui s’offrent désormais au pays. Des chantiers auxquels s’ajoutent au demeurant d’autres défis de réformes épineuses à relever, à commencer par la résorption de l’économie souterraine, la diversification de la croissance économique en atténuant sa dépendance à la commande publique et la préservation des équilibres budgétaires pour ne pas compromettre à nouveau la bonne santé financière et la solvabilité extérieure du pays. C’est dire en définitive que le futur président de la République aura à la fois la chance de disposer d’une bonne marge de manœuvre pour concrétiser les objectifs de réformes, mais également la responsabilité immense d’en tirer pleinement profit pour éviter, pour ainsi dire, «un nouveau retour au point de départ»…