PAR R. AKLI
Enjeu décisif de la réforme financière et bancaire à laquelle les pouvoirs publics entendent
donner un véritable coup d’accélérateur dès cette année, la revitalisation de la bourse d’Alger devra passer surtout par l’introduction à la cote d’un nombre suffisant d’entreprises, publiques et privées, afin d’adapter son rôle aux besoins de la nouvelle dynamique de l’économie nationale. Outre la mise au diapason de son cadre de fonctionnement et la cession en public d’actions de grandes banques étatiques pour susciter un nouvel élan de confiance à l’égard de l’institution boursière, l’Etat a également mis en place des dispositifs d’incitations des plus avantageux pour attirer un plus grand nombre d’entreprises à la cote officielle. Intervenant hier lors d’une journée parlementaire à l’APN, sous le thème « la bourse d’Alger, entre réalité et attentes pour le développement de l’économie nationale », le directeur général de la société de gestion de la bourse des valeurs (SGBV), Yazid Benmouhoub, a lancé un appel à l’adresse des sociétés et des actionnaires pour les inciter à « tirer profit des avantages financiers et fiscaux uniques » que l’Etat a mis en place pour favoriser les admissions sur le marché boursier. « Il est nécessaire de valoriser les incitations
inédites décidées par l’Etat, compte tenu du rôle majeur du marché financier dans le financement du développement économique », a ainsi plaidé le DG de la bourse d’Alger, cité par l’APS.
Avantages fiscaux
Le système fiscal algérien, at-il fait valoir, encourage l’accroissement du nombre de sociétés introduites en bourse, à travers plusieurs avantages fiscaux, dont notamment l’exonération de la marge bénéficiaire relative aux actions vendues, la réduction de l’impôt sur les bénéfices des sociétés d’un taux équivalent au niveau d’ouverture du capital social pour une période de cinq ans et l’exonération de l’impôt sur les revenus pour les plus-values générées en bourse. Dans cet ordre d’idées, Benmouhoub a tenu à souligner que le niveau de capitalisation du marché boursier d’Alger – valeur totale des actions qui y sont échangées – s’élève actuellement à 77 milliards de dinars, mais est appelé désormais à grimper significativement pour atteindre l’équivalent de plus d’un milliard de dollars avec l’introduction du crédit populaire d’Algérie (CPA) à la cote. Aussi, at-il souligné, cette opération permet d’insuffler une nouvelle dynamique à la bourse, d’inciter à l’introduction davantage de sociétés, de stimuler l’animation du marché et d’améliorer le financement des entreprises.
L’ouverture du capital de cette banque publique permettra de conférer plus d’attractivité à la bourse d’Alger et de contribuer ainsi à l’inclusion financière à travers la canalisation des fonds thésaurisés en dehors des circuits bancaires, a-t-il soutenu en définitive, tout en soulignant que les admissions sur le marché boursier sont ouvertes à toutes les entreprises algériennes de tous les secteurs d’activité, pour peu qu’elles remplissent les conditions réglementaires requises à cet effet. Des conditions qui, faut-il le rappeler, ont fait récemment l’objet de nombreuses mesures d’assouplissement, dont notamment l’abrogation de l’exigence d’une ouverture de capital de 20% au minimum et son remplacement par une nouvelle disposition fixant ce seuil d’ouverture à une valeur de 1 milliard de dinars. En outre, il est prévu une réorganisation profonde de la cote officielle en cinq compartiments différents, dont un baptisé « croissance » et destiné à faciliter l’entrée des startups et des PME sur le marché. Reste que de l’avis de nombreux acteurs de la place financière locale, le développement et la dynamisation de la bourse d’Alger suppose avant
tout l’introduction à la cote d’au moins une vingtaine d’entreprises, en particulier privées, afin de favoriser l’émergence de nouveaux modes de collecte de l’épargne et de financement de l’investissement.
R. A.