Par Zine Haddadi
Les relations commerciales entre l’Algérie et l’Espagne reviennent à la normale après plus de deux ans de perturbations suite à des tensions diplomatiques.
Dans une déclaration accordée à l’Algérie Aujourd’hui, le président du Conseil commercial et industriel algéro-espagnol (CCIAE), Djamel Eddine Bouabdallah, a confirmé le retour à la normale de toutes les transactions commerciales entre l’Algérie et l’Espagne.
Djamel Eddine Bouabdallah révèle que des transactions ont même été domiciliées hier. C’est dire que les opérateurs n’attendaient que cette ouverture après des perturbations qui ont duré depuis juin 2022.
Pour le président du CCIAE, cela est une suite logique d’un cheminement du retour à la normale des relations algéro-espagnoles. Un processus entamé en septembre 2023 où l’Assemblée générale des Nations unies a été une occasion d’une reprise de contact entre les responsables des deux pays.
La fin d’un long processus de retour à la normale
«Il y a eu un retour progressif des relations entre l’Algérie et l’Espagne depuis plus d’une année. Sur le plan commercial, il y a eu des ouvertures par secteur. Cela a commencé avec les intrants avicoles, les viandes rouges autorisées à l’importation. De son côté, l’Algérie a exporté par la suite des produits sidérurgiques et cimentiers vers l’Espagne. Aujourd’hui, c’est le déblocage total», a expliqué Djamel Eddine Bouabdallah qui fait noter que le retour à la normale était attendu pour la fin de l’année 2024 et qu’il est intervenu plus tôt que prévu. Ce dernier parle d’une «accélération du processus pour diverses raisons».
En effet, l’évolution du discours du chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2023 sur le dossier du Sahara occidental dont il a réaffirmé la nécessité d’un règlement dans le cadre des résolutions des Nations unies et de leur Conseil de sécurité ont contribué à réchauffer les relations entre Alger et Madrid.
Les positions positives du gouvernement Sanchez à l’égard des événements au Moyen-Orient comme la condamnation des crimes de l’entité sioniste et la reconnaissance de l’Etat de Palestine par l’Espagne ont également fait que Madrid et Alger ont pu jeter les bases d’un retour à la normale de leurs relations.
La crise diplomatique, née de la position exprimée par Pedro Sanchez en faveur du plan d’autonomie marocain sur le Sahara occidental, qui a eu des répercussions sur les relations commerciales, semble faire partie du passé.
Pour l’avenir, le président du Conseil commercial et industriel algéro-espagnol, Djamel Eddine Bouabdallah s’attend à «des perspectives très intéressantes» des relations entre l’Algérie et l’Espagne, notamment sur le plan économique.
«La dynamique positive de l’économie algérienne et sa nouvelle approche basée sur une coopération équilibrée laissent penser à une évolution positive des relations algéro-espagnoles. L’Algérie, qui vient d’être nommée membre partenaire du groupe des BRICS, est sur une courbe ascendante», a ajouté Djamel Eddine Bouabdallah.
Un soulagement pour les entreprises espagnoles
De son côté, David Pradillos Olmo, chef de l’entreprise Talleres Pradillos SL, spécialisée dans la fabrication des machines industrielles dans le domaine des travaux publics, salue une décision «attendue depuis plus de deux ans avec impatience».
«Etant une entreprise qui exportait ses produits vers l’Algérie, qui est son plus grand marché à l’international, c’est la meilleure nouvelle que nous pouvions recevoir», s’est réjoui le chef d’entreprise espagnol par rapport au déblocage des relations commerciales entre l’Algérie et l’Espagne.
L’entreprise en question qui a exporté ses premiers produits vers l’Algérie au milieu des années 2000 a vu des concurrents italiens s’intéresser à ce marché, a indiqué David Pradillos Olmo. Du coup, le déblocage est un soulagement pour cette entreprise qui compte des clients en Algérie depuis longtemps et dont les produits ont trouvé satisfaction, note son responsable.
En Espagne, le déblocage des relations commerciales avec l’Algérie est une bonne nouvelle pour de nombreuses entreprises. Beaucoup d’entre elles s’étaient organisées en association pour dénoncer auprès du gouvernement espagnol la situation des relations avec l’Algérie.
«Ce retour à la normale nous l’attendions depuis longtemps. Nous avons une opération qui devait s’effectuer les premiers mois de l’année 2025. Nous la préparons depuis un certain temps et maintenant que tout est débloqué, nous allons aller de l’avant. Pendant toute la période des perturbations, nous avons maintenu contact avec notre clientèle malgré l’arrivée de concurrents italiens notamment», a précisé le chef d’entreprise espagnol.