Réseau ferroviaire : L’Etat renforce l’armature économique

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PAR NABIL M.

Jeudi dernier, l’inauguration par le président de la République des premiers 100 km de la ligne ferroviaire Béchar-Tindouf-Gara Djebilet a marqué une étape majeure dans le renforcement des infrastructures économique de l’Algérie.

Ce nouveau tronçon, qui prolonge la ligne Oran-Béchar (660 km), s’inscrit dans une stratégie ambitieuse, celle de connecter les grands projets économiques du pays par un maillage ferroviaire dense et performant, reliant les grands pôles industriels, miniers et agricoles du territoire.

La voie ferrée Béchar-Tindouf-Gara Djebilet, désignée comme une ligne économique par excellence, jouera un rôle central dans le transport du minerai de fer issu du gisement de Gara Djebilet, dont les réserves sont estimées à 3,5 milliards de tonnes. Elle permettra d’acheminer cette ressource stratégique vers les complexes sidérurgiques du Nord, notamment ceux de Tosyalı Algérie à Arzew (Oran), l’usine algéro-qatarie Algerian Qatari Steel (AQS) de Bellara (Jijel) et le complexe d’El Hadjar (Annaba).

Le programme ferroviaire national, porté par l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif), vise à déployer un réseau qui couvre l’ensemble du territoire, reliant mines, zones industrielles, ports et pôles énergétiques. Le Sud-Ouest (El Ménéa, Timimoun, Adrar, Béchar) et le Sud-Est (Ouargla, Hassi Messaoud) bénéficient déjà de ces investissements, renforçant ainsi l’armature économique du pays.

 

Connecter les pôles économiques

Outre l’industrie minière et sidérurgique, qui profiteront de ce maillage, d’autres secteurs bénéficieront pleinement de cette boucle ferroviaire. L’exemple est frappant pour certaines wilayas qui connaissent de grands projets économiques, comme c’est le cas de Timimoun qui, en plus d’être une région touristique, est en plein essor grâce aux investissements italiens dans l’agro-industrie (blé dur, légumes secs, usines de pâtes alimentaires).

Même dynamique prévue dans la wilaya d’Adrar, qui connaît des investissements qataris dans le secteur agroalimentaire, avec l’installation de la plus grande ferme de production de lait et d’élevage dans le pays. Sans oublier la wilaya d’El Ménéa, riche en productions agricoles, ses abondants excédents de fruits et légumes très diversifiés, et par sa richesse en élevage ovin.

Parallèlement, des projets de raccordement aux zones industrielles et aux installations pétrolières (Naftal) sont en cours, renforçant ainsi l’efficacité logistique du pays. «Le ferroviaire est désormais un accélérateur de développement», affirme l’Anesrif, avec une ambition affichée : transporter 266 millions de tonnes de marchandises par an dans un avenir proche.

Au-delà de la connectivité nationale, la ligne El Affroun-Tamanrasset, une fois achevée, jouera un rôle clé dans le transbordement des conteneurs vers l’Afrique subsaharienne, en complément de la route transsaharienne Algérie-Niger-Nigeria, dont les travaux s’achèvent bientôt.

 

Un réseau en pleine expansion

Le réseau ferroviaire national a connu une croissance spectaculaire, passant de 1700 km en 2000 à 4722 km en 2023. Selon l’Anesrif, il devrait atteindre 6500 km dans les prochaines années, avant de s’étendre à 15 000 km à terme.

Parmi les axes majeurs en cours de réalisation figurent la boucle Sud-Ouest (El Ménéa-Timimoun-Adrar-Béchar), essentielle pour désenclaver les régions sahariennes et faciliter l’exportation des productions agricoles locales. Aussi, la ligne Sud-Est (Ouargla-Hassi Messaoud), qui dessert le cœur des zones pétrolières. On compte également l’axe Alger-In Guezzam (2500 km), dont 400 km ont déjà été livrés en 2024, reliant Laghouat avant une extension vers Ghardaïa (175 km).

Ajoutons à ces lignes la future voie ferrée Laghouat-Ghardaïa-In Salah-Tamanrasset sur une distance de
1400 km, qui est une priorité absolue pour connecter le Grand Sud au reste du pays.

Avec un investissement massif dans ses infrastructures ferroviaires, l’Algérie se positionne ainsi comme un hub logistique entre l’Europe et l’Afrique, tout en stimulant ses propres filières industrielles et agricoles. Ce maillage, à la fois moderne et stratégique, incarne la transition du pays vers une économie diversifiée et intégrée, capable de répondre aux défis de demain.