Par R. Akli
Au beau fixe durant ces trois dernières années, les fondamentaux de l’économie nationale, marquée notamment par l’absence d’endettement extérieur et un matelas de réserves de change confortable, restent néanmoins à préserver et à consolider, au regard surtout des incertitudes géopolitiques pouvant susciter d’éventuels retournements de conjoncture sur les marchés pétroliers. Justifiées à la fois par les besoins de faire face aux actions de rattrapages sociaux, mais aussi par ceux liés au renforcement de la nouvelle dynamique d’investissement et de croissance économique, les dépenses de l’Etat connaissent en effet une certaine tendance à l’emballement, d’où la nécessité d’une vigilance plus accrue pour éviter de rompre la consolidation des grands équilibres macro-financiers qui sous-tendent la solvabilité extérieure du pays et son pouvoir d’achat à l’international. Des acquis qui sont aujourd’hui l’un des atouts majeurs de l’économie nationale, dans un contexte régional et mondial où de nombreux pays peinent de plus en plus à faire face aux lourdes charges que fait peser sur elles le fardeau de la dette extérieure. Outre un niveau d’endettement externe limité à moins d’un point de pourcentage du Produit intérieur brut (PIB), l’Algérie affiche en effet des soldes excédentaires de ses balances commerciale et de paiement, le pays ayant pu ainsi reconstituer au cours de ces quatre dernières années ses réserves officielles de change, dont l’encours global (or non compris) avoisine désormais les 72 milliards de dollars, soit l’équivalent de près de 16 mois d’importations. Si elle est appelée à rester globalement positive à court et à moyen terme, cette trajectoire très favorables des grands équilibres financiers extérieurs du pays reste toutefois encore vulnérable à d’éventuels nouveaux contre-chocs pétroliers, d’où la nécessité de continuer à garder un œil vigilent sur le train des dépenses de l’Etat, en particulier dans le contexte international actuel. Un contexte qui demeure en effet fortement marqué par les risques de fortes tensions géopolitiques, conjugués aux écueils de nouvelles guerres commerciales et de monnaies qui pourraient alimenter la volatilité des marchés mondiaux et impacter ainsi la soutenabilité des finances publiques. Aussi, la prudence et la discipline financière et budgétaire doivent continuer à être de mise, car même si la plupart des prévisions font ressortir que les indicateurs macro-économiques du pays devront évoluer globalement au vert durant les trois prochaines années, il n’en demeure pas moins que le solde de la balance des paiements – baromètre des échanges financiers extérieurs globaux – et par conséquent l’accumulation des réserves de change devraient connaître un léger ralentissement durant les deux années à venir, selon le projections officielles du gouvernement. Un ralentissement conjoncturel qui certes n’affecte pas l’équilibre et la bonne santé d’ensemble de l’économie nationale, mais qui ne manque cependant pas d’interpeller sur la nécessité de veiller à discipliner au mieux les dépenses de l’Etat qui sont du reste appelées à grossir davantage durant les prochains exercices pour assurer la poursuite des efforts de soutien aux différents programmes de développement socio-économique. Un enjeu de rigueur et de rationalité auquel les pouvoirs publics restent d’ailleurs très attentifs, le chef de l’Etat ayant lui-même ordonné récemment la création d’une Agence nationale des grands équilibres budgétaires et financiers publics, de la prospective et de la planification, aux fins d’assurer un suivi rigoureux et une gestion transparente des ressources disponibles.