Réunion entre le CREA et les acteurs de la téléphonie mobile : Une étape clé pour l’industrie des smartphones

0
1075
Holding smartphone in an electronics store

Par M. Mansour

 

La commission chargée de l’étude des propositions techniques pour la relance et le développement de la production de téléphones mobiles en Algérie a clôturé, dimanche, ses travaux lors d’une réunion présidée par Kamel Moula, président du Conseil du renouveau économique algérien (CREA). Organisé à l’initiative du ministère de l’Industrie à l’hôtel Sheraton d’Alger, cet événement marque une étape clé dans la structuration d’une industrie nationale de smartphones, devant répondre aux enjeux contemporains de sécurité et de qualité, tout en s’inscrivant dans une dynamique de modernisation industrielle.

Cette démarche s’inscrit dans la continuité des consultations de haut niveau qui ont eu lieu en mai 2024 entre plusieurs ministres, notamment celui de l’Industrie et de la Production Pharmaceutique, celui du Commerce et de la Promotion des exportations, ainsi que celui de la Poste et des Télécommunications. Les principaux acteurs du secteur de la téléphonie mobile en Algérie, dont Samsung, Huawei, Brandt, Oppo et Condor, ont également participé à ces échanges.

 

Samsung, Xiaomi, Oppo, Brandt et Condor sont de la partie

Au cours des cinq derniers mois, la commission a réuni différents acteurs de l’industrie électronique et des télécommunications, qui ont contribué par leur expertise à l’élaboration et au développement d’une industrie nationale de production de téléphones mobiles. Parmi les entreprises engagées dans cette démarche, Samsung et Xiaomi ont affirmé leur capacité à démarrer la production de smartphones dès que le cadre réglementaire sera établi. Oppo, de son côté, a également manifesté des intentions similaires, en mettant en avant sa flexibilité à s’adapter aux spécificités locales en matière de production.

Doté d’une dizaine de chaînes de production opérationnelles, Condor Electronics entend, elle aussi, s’affirmer comme un acteur majeur dans cette industrie en pleine reconfiguration. Le groupe est prêt à produire, non seulement sous sa propre marque, mais également pour des partenaires externes. Mohamed Salah Daâs, PDG de Condor, avait déjà déclaré il y a quelques mois que l’entreprise possédait la capacité de fabriquer jusqu’à quatre millions d’unités par an, soulignant ainsi son expertise éprouvée dans le montage et la fabrication de smartphones. Un savoir-faire qui, selon M. Daas, positionne Condor comme un acteur incontournable sur le marché en devenir.

Outre les aspects relatifs aux capacités de production et au degré de préparation de chaque marque pour le lancement de cette industrie, les discussions ont également porté sur l’impératif de créer un environnement favorable à l’innovation. Dans cette optique, l’accent a été mis sur la nécessité de renforcer la Recherche et le Développement (R&D). Partant du fait que la compétitivité d’une industrie nationale repose largement sur sa capacité à innover et à suivre les avancées technologiques, la commission a ainsi souligné l’importance d’investir dans les capacités locales en R&D, non seulement pour soutenir la production, mais aussi pour assurer une amélioration continue des produits, tant sur le plan matériel que logiciel.

 

Le défi de la sécurité

Parallèlement à l’innovation, la sécurité s’est révélée être une préoccupation majeure, tant pour les hautes autorités du pays que pour les experts du secteur. Le secteur de la téléphonie mobile, plus particulièrement les smartphones étant particulièrement vulnérable aux cybermenaces, les appareils produits en Algérie devront respecter les plus hautes normes de sécurité, tant pour leurs composants matériels que logiciels. Cela s’avère crucial pour garantir la confiance des consommateurs algériens, souvent confrontés aux risques liés aux produits contrefaits ou reconditionnés. En proposant une alternative fiable et sécurisée, les produits «Made in Bladi» pourront peut-être se positionner comme des concurrents crédibles aux appareils haut de gamme importés, répondant ainsi aux préoccupations croissantes d’une clientèle bien particulière, soucieuse de la protection de ses données.

Au-delà des aspects technologiques et sécuritaires, la relance de la production de téléphones mobiles s’inscrit dans une stratégie économique plus large, visant à réduire la dépendance technologique, mais également de lui permettre de se projeter dans des industries qui rapportent bien plus que l’exportation de ses ressources naturelles. Le développement de nouveaux secteurs industriels, comme celui de la téléphonie mobile, est considéré comme un élément de cette volonté de diversification. L’implication de figures influentes, telles que le scientifique de renommée Belkacem Haba, détenteur de plus de 1500 brevets, illustre l’importance de cet enjeu. M. Haba, aux côtés d’autres experts, a contribué aux travaux de la commission en formulant des recommandations concrètes pour assurer la viabilité à long terme de ce secteur.

 

Des partenariats technologiques avec de grandes marques

C’est d’ailleurs dans ce cadre que les conclusions de la commission ont également mis en lumière la nécessité de renforcer les partenariats technologiques avec les grandes marques internationales, tout en préservant les intérêts économiques nationaux. L’industrialisation locale de la téléphonie ne devrait pas seulement réduire la dépendance aux importations, mais aussi ouvrir des perspectives d’exportation vers d’autres marchés, notamment en Afrique. Cet effort de relance s’inscrit donc dans une dynamique plus large de modernisation de l’industrie algérienne, soutenue par des institutions clés, comme le ministère de l’Industrie, qui coordonne les actions des différents acteurs impliqués. Le Conseil du renouveau économique algérien (CREA) vise ainsi à faire émerger une industrie nationale compétitive à l’échelle internationale, en s’appuyant sur l’innovation, la sécurité et des partenariats stratégiques.

Cependant, ces ambitions nécessiteront des investissements substantiels, notamment dans les infrastructures de production et la formation de la main-d’œuvre locale. Pour ce faire, la commission appelle ainsi à une mobilisation générale pour soutenir cette initiative, qui pourrait marquer un tournant décisif dans les efforts de diversification économique du pays.