Révision de l’accord d’association avec l’UE : Des députés appellent à accélérer le processus

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L’Algérie veut franchir une nouvelle étape avec ses partenaires de l’UE

Par Amar R.

 

Le dossier de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne a atterri au niveau de la chambre basse du Parlement. Des députés ont demandé l’accélération du processus de révision de ce cadre régissant les relations de partenariat avec la rive nord de la Méditerranée en raison du constat de «déséquilibre» dans sa mise en œuvre vingt ans après son entrée en vigueur.

Se saisissant du dossier, les intervenants lors d’une journée parlementaire à l’APN, intitulée « L’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne – la nécessité de l’évaluation et l’impératif de la révision », ont souligné hier la nécessité de révision de l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) selon une approche « gagnant-gagnant », affirmant partager l’évaluation négative qui en est faite par les autorités du pays, notamment le « déséquilibre » dans sa mise en œuvre.

 

Soutien à la démarche de l’Etat

Pour le chef du groupe parlementaire du Front de libération nationale (FLN), Nacer Batiche dont le parti a organisé cette journée d’étude, la décision de l’Algérie de réviser l’accord reflète la volonté de la partie algérienne de « consacrer un partenariat économique équitable, non seulement dans le domaine économique, mais aussi dans le domaine du transfert d’expertise, de technologies et de la circulation des personnes ».

Le parlementaire a rappelé que le groupe soutient la démarche de l’Etat quant à la révision de l’accord d’association liant l’Algérie et l’UE, estimant que cela ne signifie nullement une rétractation de l’Algérie dans ses engagements vis-à-vis de ses partenaires, mais une volonté de rééquilibrer l’accord sur des bases équitables pour les deux parties et sur le principe gagnant-gagnant.

Selon lui, l’accord n’a pas eu d’impact positif sur le flux d’investissements européens « réels et productifs » vers l’Algérie, et après deux décennies, les données ont prouvé que l’Algérie n’a pas bénéficié de l’accord, qui devrait être construit sur une base gagnant-gagnant et non sur l’exploitation ».

Le chef du groupe parlementaire du FLN a souligné en outre la « nécessité de former une commission nationale spécialisée composé d’experts de différents secteurs pour réviser l’accord d’association avec l’Union européenne.

 

Restrictions injustifiées à l’accès aux produits agricoles

Pour sa part, le représentant de la Direction générale des Douanes, le contrôleur général Mourad Ami, a passé en revue les étapes les plus importantes de cet accord, rappelant que le volume des importations de l’Algérie depuis 2005 (date de son entrée en vigueur) jusqu’à fin 2024 s’élève à 391 milliards de dollars (soit 46,7% du total des importations du pays).

Bien que l’Algérie ait enregistré un excédent commercial d’environ 194 milliards de dollars avec l’Union européenne durant cette période, l’analyse de la nature des exportations montre que cela est dû principalement à la prédominance des hydrocarbures, qui représentent environ 95% des exportations nationales, « des produits qui ne sont pas couverts par l’accord », a indiqué le responsable, qui a rappelé les privilèges fiscaux dont a bénéficié l’Union européenne au détriment du Trésor public.

 

Accès difficile pour les produits agricoles

Dans son évaluation du volet agricole de l’accord, Mohamed Tifouri, directeur de la numérisation, des prévisions et des statistiques au ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, a déclaré que les exportations agricoles algériennes vers les pays de l’UE sont en baisse depuis des années. Il a ajouté que les produits agricoles algériens ont « un accès difficile au marché européen en raison de barrières non tarifaires telles que les spécifications techniques (comme la taille et l’emballage), les normes de santé animale et les procédures douanières complexes ».

Les produits algériens « sont parfois confrontés à des procédures bureaucratiques complexes dans les pays de l’UE, à des critères parfois injustes et à des retards injustifiés aux points d’entrée, ce qui augmente les coûts et affecte la qualité des produits agricoles frais », a-t-il déclaré.

Dans ce contexte, le fonctionnaire a appelé à faciliter les procédures de contrôle technique et sanitaire des produits agricoles exportés vers l’UE, à garantir leur application transparente et non discriminatoire, et à faire en sorte que « les procédures d’inspection et de vérification de la conformité soient fluides et claires, et ne soient pas utilisées comme des barrières injustifiées contre les produits algériens par rapport à ceux d’autres pays ».