L’Algérie et l’Union européenne s’apprêtent à surmonter les obstacles qui entravent leurs relations commerciales dans le cadre de l’accord d’association qui lie les deux parties.
PAR NABIL M.
Dès le mois de novembre courant, des consultations techniques seront engagées pour résoudre les différends commerciaux qui freinent leurs échanges, selon Diego Mellado, le nouvel ambassadeur de l’Union européenne en Algérie. «Dans les prochaines semaines, une délégation de l’UE entamera à Alger des négociations sur ce différend initié par la Commission européenne suite aux restrictions commerciales imposées à certains partenaires européens depuis 2021», a révélé le diplomate dans un entretien accordé à l’agence de presse espagnole EFE.
Selon les propos du nouvel ambassadeur en Algérie, cette initiative, perçue comme un tournant majeur, témoigne de la volonté commune des deux parties de consolider un partenariat stratégique, ouvrant la voie à de nouvelles perspectives économiques. «Il existe un engagement clair en faveur d’une relation stratégique avec Alger en tant que partenaire fiable», a-t-il affirmé.
Soutenant que cette phase de dialogue s’inscrit dans le cadre de la procédure lancée par la Commission européenne en juin dernier, M. Mellado souligne que la démarche actuelle privilégie l’échange d’idées. «Nous ne sommes pas dans une phase d’arbitrage», a-t-il assuré, ajoutant qu’il s’agit plutôt «d’un premier échange pour exposer les attentes européennes tout en écoutant les arguments algériens, afin de trouver des solutions communes».
Concernant le respect des clauses de l’accord signé en 2002, M. Mellado reconnaît que les résultats escomptés n’ont pas été pleinement atteints, évoquant des «déséquilibres» concernant des types de produits échangés entre les deux signataires. «L’accord n’a pas permis à l’Algérie cette diversification commerciale, bien qu’il ait été très favorable si l’on inclut les hydrocarbures dans la balance commerciale, mais il y a des déséquilibres avec le reste des marchandises», reconnaît l’ambassadeur européen.
«Tebboune, un Président très intéressé»
Dans cette même lancée, le diplomate européen n’a pas manqué d’évoquer l’intérêt porté par les autorités algériennes pour les relations économiques avec l’UE. Lors de sa rencontre avec le président Abdelmadjid Tebboune pour la remise de ses lettres de créance, M. Mellado a décrit un échange «très positif et productif», axé sur les défis et les opportunités partagées par les deux parties. «J’ai trouvé en lui un Président très intéressé par l’Union européenne et pleinement conscient de l’importance de cette relation pour l’Algérie comme pour l’UE», a-t-il affirmé.
D’un autre côté, l’ambassadeur européen a mis en avant l’engagement de l’Algérie en tant que fournisseur énergétique fiable du Vieux Continent, soulignant que depuis la crise ukrainienne en 2022, «l’Algérie a gagné en importance en tant que fournisseur énergétique de l’Europe, devenant ainsi le deuxième plus grand exportateur de gaz par gazoduc vers l’UE». Dans un contexte de crise énergétique, cette position stratégique confère à l’Algérie un rôle crucial comme partenaire économique indispensable.
Selon le diplomate, l’Union européenne souhaite désormais intégrer pleinement l’Algérie dans sa stratégie de partenariat méditerranéen renouvelée, révélant dans ce cadre qu’un commissaire européen, dédié spécifiquement aux relations avec les pays méditerranéens, pourrait être nommé dès le 1er décembre. «Cela permettra de renforcer davantage notre coopération avec l’Algérie et les pays voisins dans un cadre nouveau», explique-t-il, soulignant que l’Algérie est consciente de l’importance de ce partenariat et de la nécessité de jouer un rôle plus affirmé.
Cette nouvelle dynamique dans le partenariat algéro-européen marque une étape décisive pour l’Algérie, qui pourrait ainsi accéder à un horizon économique élargi et s’affirmer comme un acteur clé dans ses échanges avec l’Europe, après la révision de l’accord d’association, comme annoncé par le président de la République lors de son entrevue périodique avec des représentants des médias, le mois dernier.
Le chef de l’Etat avait indiqué, rappelons-le, que l’accord d’association avec l’Union européenne sera révisé «à partir de 2025», précisant que cette révision, désormais «nécessaire», sera menée «avec souplesse et dans un esprit amical, sans entrer en conflit». Il avait expliqué également que «l’accord avec l’Union européenne a été conclu à une époque où l’Algérie était bien différente de celle d’aujourd’hui».