Djanet se transforme chaque année au premier mois du calendrier lunaire musulman en un véritable théâtre de festivités traditionnelles. C’est à cette période que se déroulent les rituels et cérémonies de la Sebeïba, une célébration emblématique qui unit et enchante les communautés terguies locales.
Par Delloula Morsli
Sur une période de dix jours, deux communautés de Djanet, à savoir les habitants du village d’Azelouaz au nord de l’oasis et ceux d’El Mihan au sud, plongent dans l’effervescence de cette tradition ancestrale, où la musique, la danse et les rituels se mêlent pour forger des liens culturels et sociaux forts. Au cœur de ces festivités, une compétition appelée “Timoulawine” occupe une place centrale. Pendant neuf jours, des danseurs et des chanteuses s’affrontent avec passion pour obtenir le droit de représenter leur communauté. Ce tournoi artistique est bien plus qu’un simple divertissement ; il est le prélude aux rites sacrés qui suivent.
Les vainqueurs de cette compétition sont ensuite honorés en participant le lendemain aux cérémonies de la Sebeïba. Ces rites ont lieu dans un lieu sacré connu sous le nom de “loghya”. Les participants, vêtus de tenues guerrières spectaculaires, se rassemblent dans ce lieu pour vivre un moment intense de tradition. Les danseurs forment un cercle rituel, leurs épées cliquetant en continu, tandis que les chants des femmes résonnent au rythme des tambourins. Ce spectacle est à la fois un acte de bravoure et un symbole de cohésion sociale.
Les traditions se perpétuent de génération en génération. En effet, les savoirs liés à la Sebeïba sont transmis directement des anciens aux jeunes, assurant ainsi la pérennité de cette pratique culturelle. Les artisans locaux jouent également un rôle crucial, ils fabriquent et réparent les tenues, les armes, les bijoux et les instruments nécessaires aux rituels.
Au-delà de son aspect festif, la Sebeïba joue un rôle fondamental dans la communauté touareg. Elle est un marqueur important de leur identité culturelle et un moyen de renforcer la cohésion sociale. En simulant des actes de violence à travers la compétition artistique, le rituel contribue à apaiser les tensions et à promouvoir la paix.
En 2014, Le rituel et les cérémonies de la Sebeïba ont été inscrits sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.