Ruée sur les moutons importés

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Par Adel C.

 

A l’image des autres wilayas, c’est en début de semaine que la vente des moutons importés a commencé à Alger. Plusieurs points de vente reçoivent quotidiennement des centaines d’habitants de la capitale. Hier en fin de matinée, nous nous sommes rendus à Baba Ali pour voir de près comment cette opération se déroule.

C’est vers 11h30 que nous sommes arrivés à l’Institut technique des élevages (ITELV). Une fois sur place, nous avons trouvé deux files d’attente. Une réservée aux hommes dans laquelle se trouvaient environ 200 personnes et une autre pour les femmes, moins nombreuses, puisqu’elles n’étaient qu’une cinquantaine. Pour ce qui est des démarches à suivre, il fallait attendre son tour pour passer dans un premier temps à la caisse. Présenter une carte d’identité nationale biométrique, faire le paiement puis aller choisir un mouton. Une procédure qui pouvait durer d’après ce qu’on a pu apprendre entre deux à trois heures et qui se fait en groupe de quinze à vingt personnes. Profitant de cette occasion, nous nous sommes rapprochés de certains clients pour connaitre la durée d’attente qu’ils ont passée. À ce sujet, Abderrahmane, la trentaine, venu de Aïn Naâdja nous a déclaré : «Avec mes amis (ils étaient six, ndlr), nous avons passé tout simplement la nuit ici. Nous étions là à Baba Ali depuis minuit et là il est presque midi. Nous avons réussi à récupérer les bons, maintenant on choisit nos moutons avant de rentrer». Un autre homme, la soixantaine, nous a assuré qu’il était arrivé vers 7h avant d’ajouter : «Ce mardi, l’organisation a été bien meilleure que la veille. On a commencé à recevoir les clients dès 8h30. Tout s’est bien passé et nous sommes enfin en train de choisir nos moutons». Résidant à Saoula, il était tout heureux de trouver son bonheur dans cette commune voisine. «Pour être franc, ces deux derniers années, je n’ai pas acheté de mouton. Cette fois-ci, j’ai pu le faire et j’en suis content. Les membres de ma famille et mes petits- enfants, surtout, le seront encore plus. C’est une belle initiative, je remercie tous ceux qui ont été à l’origine de la réussite de cette opération».

 

«L’organisation est bonne»

Pour s’assurer qu’il n’y ait pas de dérapage, plusieurs membres de la Gendarmerie nationale étaient déployés au niveau de l’Institut technique des élevages et resteront sur place jusqu’à la fin de la vente des moutons importés. C’est eux qui organisent et dirigent cette opération avec des employés de l’ITELV, une opération qui se déroule aussi sous les yeux d’émissaires des ministères de l’Agriculture et du Commerce, a-t-on appris. « Lundi, la situation était hors de contrôle mais la venue des membres de la Gendarmerie nationale a bien encadré cette vente. Désormais, il n’y a plus de dépassement et ça nous réjouit qu’on soit mis dans de telles conditions. L’organisation est bonne. C’est vrai qu’on passe plusieurs heures dans la file d’attente, mais ce n’est pas grave du moment où nous repartons chez nous heureux et satisfaits », nous a confié un père de famille, accompagné de sa femme.

 

La qualité des moutons, l’autre satisfaction

En plus de la bonne organisation, tous ceux que nous avons approchés ont été unanime à dire que les moutons importés sont d’une très bonne qualité. « À 40 000 DA, il nous était impossible de s’offrir un tel mouton l’année passée. La flambée des prix a privé de nombreuses familles de cette fête. Grâce à l’importation, nous avons pu aujourd’hui s’assurer un mouton. D’autres l’ont fait avant nous et une partie des citoyens le feront lors des prochains jours. Nous avons la possibilité de choisir nous- mêmes les moutons une fois le paiement fait et c’est aussi un point positif », nous a confié l’une des personnes à sa sortie du carré réservé aux bêtes. Ce qu’il faut savoir, c’est que les moutons vendus hier étaient de Roumanie, ceux commercialisés le mardi sont d’Espagne. L’un des employés de l’ITELV que nous avons accosté nous a assuré qu’aujourd’hui ou au plus tard samedi, un nouveau quota sera livré. « On reçoit des moutons tous les deux, trois jours. Nous attendons une autre livraison dans les prochaines heures. Que les citoyens se rassurent, il y aura encore des moutons en vente et nous espérons que cette opération dure jusqu’à ce nous n’aurions plus de clients », a-t-il dit. En plus des moutons, il y a des brebis aussi en vente. « Oui, certains citoyens ont opté pour des brebis. Le plus important, c’est qu’ils soient satisfaits de leur choix. De notre côté, nous essayons de les mettre ici dans les meilleures conditions possible ».

 

« Un mouton nettement meilleur que celui qu’on vend à 60 000 DA »

Un autre client était tout heureux de faire son achat, il n’a pas hésité à nous faire part de sa joie au moment de récupérer son mouton. « Regardez-le, il est nettement meilleur que celui qu’on trouve sur le marché local à 60 000 DA. En toute sincérité, je ne pense pas trouver un meilleur mouton à ce prix là. Merci au président de la République. Ce n’est pas du populisme, mais avec une telle décision, celle d’importer des moutons, il a permis à plusieurs familles de vivre des moments spéciaux et surtout faire durer la tradition », a-t-il lâché.

Au niveau du point de vente de Baba Ali, des transporteurs proposent leurs services aux citoyens. Ceux qui ne disposent pas d’un moyen de transport peuvent donc louer une camionnette une fois qu’ils auront fait leur achat. Des jeunes profitent de la venue en masse des clients pour proposer aussi de l’eau fraiche et des sandwichs sur place. Pour ce qui est de la fin de la vente, c’est à 16h que les portes de l’ITELV se ferment. Ceux qui n’ont pas eu l’occasion de faire leur achat seront appelés à se présenter le lendemain pour tenter de valider cette transaction.