Sahara occidental : De Mistura tente de relancer le processus politique

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Sahara occidental : De Mistura tente de relancer le processus politique

Par Amar R.

L’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, tiendra une semaine durant à New York une série de «consultations bilatérales informelles» pour tenter de relancer le processus politique, bloqué depuis quatre ans, suite au refus par le Maroc d’accorder l’autorisation à visiter les territoires occupés à la mission onusienne chargée de mettre en œuvre le plan d’autodétermination.

Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a indiqué lors de la conférence de presse quotidienne que De Mistura a initié des «consultations bilatérales informelles» auxquelles il a invité, outre le Maroc et le Polisario, des représentants des pays voisins (l’Algérie et la Mauritanie) ainsi que les pays membres du soi-disant Groupe des amis du Sahara occidental (Espagne, États-Unis, France, Royaume-Uni et Russie).

De Mistura, qui a entamé hier son programme de consultations, qui se poursuivra tout au long de la semaine, s’est dit «confiant qu’une solution juste, durable et mutuellement acceptable permettra l’autodétermination du peuple du Sahara occidental», conformément aux résolutions du conseil de sécurité de l’ONU, et pour cela, «nous devons tirer des leçons et continuer à chercher des formules mutuellement convenues pour faire avancer le processus», a déclaré Dujarric.

Cette série de consultations s’inscrit dans la perspective de la présentation par De Mistura, en avril prochain, de son rapport semestriel au conseil de sécurité de l’ONU, au cours duquel il présentera aux membres dudit conseil des informations actualisées au sujet de sa mission qui piétine depuis une année et demie en raison de l’entêtement du Maroc, qui fait une condition sine qua non de son offre d’autonomie, à l’exclusion du référendum du peuple sahraoui.

Vent favorable à De Mistura

L’initiative de l’envoyé spécial du SG des Nations unies, Staffan de Mistura, visant la relance politique au Sahara occidental bénéficie d’une conjoncture favorable, marquée par un affaiblissement de la force de pression du Maroc sur ses partenaires traditionnels pour faire admettre son agenda politique à ce sujet.

Une situation qui résulte essentiellement d’un glissement de la position des principaux soutiens du Maroc, à savoir les Etats-Unis et l’Union européenne, vers une approche plus conforme aux résolutions de l’ONU, et qui tiendrait compte des droits à l’autodétermination du peuple sahraoui.

Dans son forcing qui visait à mettre à profit le tweet de l’ancien président américain Trump, le Maroc n’a non seulement pas réussi à rallier le plus grand nombre de pays européens à son plan d’autonomie, lancé en 2007, mais a fini par perdre subrepticement son principal soutien, à savoir les États-Unis.

L’administration Biden ne privilégie aucune approche particulière pour le règlement du conflit au Sahara occidental, contrairement à la reconnaissance de la souveraineté usurpée du royaume marocain sur les territoires occupés du Sahara occidental, comme cela avait été proclamé le 10 décembre 2020 par l’administration de l’ancien président américain Donald Trump en échange de la reconnaissance officielle de l’entité sioniste par le royaume.

«Nous continuons à considérer le plan d’autonomie du Maroc comme sérieux, crédible et réaliste, et comme une approche potentielle pour répondre aux aspirations du peuple du Sahara occidental», a déclaré le département d’Etat américain, en recevant la visite du ministre marocain des Affaires étrangères à Washington. En d’autres termes, le plan d’autonomie marocain n’est qu’une approche parmi d’autres.

Le département d’Etat américain a déclaré qu’il était «pleinement engagé diplomatiquement dans le rôle de l’ONU, et avec ses partenaires internationaux, pour renforcer un processus politique crédible, dirigé par l’ONU menant à une résolution durable et digne».

Récemment, les Etats-Unis et l’Algérie ont également réitéré leur soutien aux efforts déployés par l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, «pour relancer les négociations bloquées entre les deux parties au conflit, le royaume du Maroc et le front Polisario, de bonne foi et sans conditions préalables, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU».

Un soutien que partagent globalement les membres de l’UE à l’exception du gouvernement de Pedro Sanchez, qui s’est aligné sur les thèses marocaines, mais qui a été vite recadré par le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell.

Selon lui, la position de l’UE sur le Sahara occidental reste inchangée et «doit passer par un accord entre les deux parties dans le cadre de la résolution de l’ONU».

Cela a lieu aussi au moment où le royaume marocain est dénoncé de toutes parts pour ses atteintes aux droits de l’homme, notamment de la part d’Amnesty International qui indique que les organisations de défense des droits de l’homme ne peuvent toujours pas accéder au Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis fin 1975.

Ce qui vient se greffer sur les scandales dans lesquels est impliqué le royaume, dans l’espionnage par le logiciel Pegasus, ses ramifications de corruption au parlement européen, et son rôle dévoilé dans les story-killers, qui accentuent encore plus l’isolement du royaume dictatorial du Maroc, et l’incite à lâcher du lest pour le règlement du conflit du Sahara occidental.

A.R.