Sahara Occidental : les USA pourraient soutenir le plan d’autodétermination

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Blinken croit toujours en les chances de la diplomatie au Niger

/Dans un regain d’intérêt diplomatique pour l’Algérie, en raison de l’Ukraine et le gaz, l’administration Biden est-elle en train de revoir sa position à l’égard du conflit du Sahara occidental ?

La question mériterait bien d’être posée eu égard à certaines indications et lectures fournies lors des deux visites de Wendy Sherman et Antony Blinken, respectivement sous secrétaire et secrétaire d’Etat américains en Algérie et au Maroc, où ils évoquèrent une nouvelle approche, celle-ci plus nuancée, et il pourrait peut être s’agir d’un soutien au plan d’autodétermination du peuple sahraoui parrainé par l’ONU. C’est en tous cas ce que laisse suggérer l’Institut américain pour la paix (US Institute of Peace) qui souligne que la visite des diplomates américains de haut rang, en Algérie et au Maroc semblent ne pas être favorable à ce dernier. Il rappelle, d’ailleurs que, lors de sa visite à Rabat, le secrétaire d’État Antony Blinken a publiquement signalé une approche plus nuancée. «Après avoir rencontré le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita, le département d’État a qualifié le plan d’autonomie du Maroc «d’approche potentielle pour satisfaire les aspirations du peuple du Sahara occidental», a soutenu cette institution de promotion de la paix, basé à Washington, D.C., en faisant remarquer que les États-Unis pourraient soutenir d’autres options, y compris peut-être le référendum parrainé par l’ONU. «La référence du département aux «aspirations du peuple du Sahara occidental» pourrait être interprétée comme un soutien américain à l’autodétermination. La position nuancée – peut-être ambiguë – des États-Unis peut fournir un certain effet de levier auprès du Maroc. Les négociateurs américains pourraient menacer de revenir sur la déclaration de Trump pour repousser les Marocains à la table des négociations», selon la même institution de paix.

Tout a commencé avec la visite de Sherman

Cette approche a été curieusement signalée aussi dans le sillage de la sous secrétaire d’Etat, Wendy Sherman, à Rabat, à travers le compte rendu de son entretien avec le ministre des Affaires étrangères marocain, non accessible aux médias. Or, Ce compte rendu validé n’a pas échappé aux remarques aux yeux avertis des observateurs qui ont d’abord relevé qu’il n’y avait aucune référence à la prétendue «marocanité du Sahara occidental», ni aux accords d’Abraham, ce qui laisserait bien sûr penser que l’Administration Biden a rompu ses liens avec la proclamation de Trump. De plus, l’évocation du «plan d’autonomie marocain» est suivie par une importante nuance qui le classe comme une «approche susceptible de satisfaire le peuple du Sahara occidental». Et comme le diable est dans les détails, le département d’Etat a utilisé le concept d’ «une approche» non pas «l’approche», cela veut dire, qu’il n’exclut pas les autres approches, l’indépendance en l’occurrence. Le Département d’Etat utilise en outre le qualificatif de «peuple du Sahara occidental», conforme aux résolutions de l’ONU et à la nature du conflit : la décolonisation du peuple sahraoui. Enfin, le département d’Etat  évoque les droits de l’Homme, comme  un sujet «important», ce qui ne va pas dans l’intérêt du Maroc dont le MAE,  Bourita «a pris acte» au lieu de «féliciter». En soutenant cette approche, l’Institut américain pour la paix rappelle qu’après des années de stagnation du conflit du Sahara occidental, la guerre russe contre l’Ukraine et d’autres événements récents pourraient créer des ouvertures pour faire avancer les efforts de paix au Sahara occidental, qui sont depuis longtemps bloqués. Aussi, les visites parallèles sans précédent des deux principaux diplomates américains au Maroc et en Algérie le mois dernier suggèrent que les États-Unis explorent cette nouvelle ouverture.

A. R.

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