Par Brahim Aziez
En visite de travail, mardi dernier, dans la wilaya de M’sila, le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche qui a rappelé que les périmètres irrigués, qui couvrent actuellement en Algérie 2,1 millions d’hectares, atteindront les 3 millions d’hectares au cours des prochaines années, a indiqué que «l’année agricole 2025 sera meilleure que les années précédentes». Une annonce qui n’a pas manqué de faire réagir les spécialistes du domaine, lesquels abonderont dans le même sens sans toutefois paraître surpris.
Pour la présente saison agricole, tout semble aller vers une meilleure production, et même pour les années à venir, selon Laâla Boukhalfa, statisticien, expert en agriculture. La récolte de céréales qui a été de plus de 50 millions de quintaux l’année dernière devrait être nettement supérieure, surtout au vu des ressources hydriques disponibles et mobilisables. L’expert donnera l’exemple de la politique d’utilisation des eaux traitées dans l’agriculture, la consécration des eaux retenues au niveau des barrages à l’agriculture, essentiellement, après le recours aux stations de dessalement d’eau de mer pour l’alimentation en eau potable et qui couvrent 40% des besoins, rappelant que 70% des eaux mobilisées sont utilisées pour les besoins agricoles.
Pour l’expert Laâla Boukhalfa, et par rapport à la déclaration du ministre de l’Agriculture, «cela se confirme sur le terrain, et c’est le résultat de l’importance accordée par le gouvernement à l’agriculture, surtout pour les cultures stratégiques, que ce soit la céréaliculture ou les oléagineux, appelés à s’inscrire dans le cadre global de la sécurité alimentaire du pays. Et de rappeler, à ce titre, les organisations mondiales qui reconnaissent que nous avons atteint 75% d’autonomie dans les produits agricoles, surtout en ce qui concerne les fruits et les légumes, les légumes secs et même les viandes blanches.
L’expert précisera que l’Algérie demeure, toutefois, dépendante des importations de certains produits stratégiques, dont les céréales à près de 80 millions de quintaux qui nous coûtent près de 3 milliards de dollars, nous importons encore des huiles, des viandes rouges, du sucre et de la poudre de lait à des quantités importantes, sachant que la facture pour cette dernière avoisine le 1 milliard de dollars. «Quand on additionne les factures d’importation de l’ensemble des produits de première nécessité, on arrive à 10 milliards de dollars/an, c’est énorme, et c’est pour cela que la nouvelle Algérie s’est intéressée au développement des cultures stratégiques, surtout dans le Grand Sud où la céréaliculture et les oléagineux sont cultivés, à l’image du projet algéro-italien pour la production de blé dur». Il est même question d’élevage à travers le projet Baladna, sans oublier les petits projets locaux.
Tout le monde s’intéresse au Sud car les espaces sont là et la ressource hydrique y est très importante… Bref, toutes les conditions y sont réunies, sans oublier le soleil qui constitue une importante source d’énergie. Mais l’Algérie dispose globalement des ressources nécessaires et du soutien de l’Etat pour faire accéder notre pays sur le podium des grands pays producteurs dans le domaine agricole.
«L’augmentation du nombre d’exportateurs, un indice indirect…»
Pour Mohamed Saâdaoui, enseignant-chercheur à l’Ecole nationale d’agronomie, «ce n’est pas nouveau, l’agriculture nationale a toujours présenté des surproductions», donnant comme exemple la pandémie de la Covid-19 qui a vu l’Algérie surmonter la difficulté de l’alimentation du marché en produits agricoles, révélant par la même les potentialités du pays en la matière.
Mais la différence, selon lui, est qu’avant il n’y avait pas de recherche de performance, tout comme il y avait des problèmes d’information et de transparence, des soucis de distribution et de stockage, et pratiquement pas de formation, en sus de l’absence de liberté d’entrée et de sortie du marché, ce qui créait la spéculation.
Pour lui, il y a des indices directs et des indices indirects. Parmi ces derniers, il y a l’augmentation du nombre d’exportateurs de produits agricoles qui serait passé à un peu plus de 400 en 2019 à plus de 4600 aujourd’hui, ce qui représente un signe à l’échelle macro-économique.
Et si la production promet d’être meilleure cette année, c’est surtout parce que la superficie irriguée a augmenté pour frôler les 3 millions d’hectares d’ici la fin de l’année. Ceci, sans oublier l’ensemble des encouragements de l’Etat pour la mise en valeur des terres. Et à ce titre, l’enseignant-chercher soulignera la dynamisation du secteur entamée ces dernières années en direction des terres agricoles non exploitées. Mieux encore, Mohamed Saâdaoui mettra en évidence le nombre impressionnant d’exploitations raccordées au réseau électrique, et qui dépasse les 1600 EAC à travers le pays.