Samir El-Hakim à cœur ouvert : «Ce ramadan, je serai sur un feuilleton aux côtés de Numidia Lezoul»

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ENTRETIEN RÉALISÉ PAR DELLOULA MORSLI

SAMIR EL-HAKIM est un acteur accompli. Il a joué entre autres dans les films de Merzak Allouache, Hassan Ferhani et Amine Sidi Boumediene. Sa filmographie riche et diversifiée, ainsi que ses nombreuses récompenses témoignent de son talent et de sa contribution indéniable au paysage cinématographique algérien.

A quel moment vous vous êtes dit « je serai comédien » et qu’est-ce qui vous a mené à faire ce choix de carrière ?

Par hasard, si toutefois le hasard existe. J’ai rencontré le théâtre à la maison de la culture de Sétif, à l’âge de 19 ou 20 ans. C’était les années 1990, je me cherchais un peu. J’ai entamé plein de formations que je n’ai jamais finies ; du coup, ma rencontre avec le théâtre fut décisive parce que c’était une sorte de thérapie pour moi, car j’étais très
timide. Ça me plaisait beaucoup, je me sentais mieux dans ma peau. Aujourd’hui, avec
du recul, je dirais que le théâtre m’a sauvé. J’en ai fait en amateur, puis j’ai intégré l’institut des arts dramatiques de Bordj El-Kiffan. C’est à ce moment-là que je me suis dit que j’allais être comédien et que je n’allais faire que ça.

Cela fait un bout de temps que vous n’êtes pas monté sur les planches. Ça vous manque ?

Oui, j’ai un peu joué en France récemment mais je trouve ça difficile en Algérie. C’est comme s’il y avait une rupture avec la scène. Je me suis tellement éloigné du quatrième art que je ne reconnais plus les mécanismes du domaine aujourd’hui. Mon dernier spectacle remonte à 2007 je crois, c’était une adaptation de « L’escargot entêté » de Rachid Boudjedra… Mais pour dire vrai, le théâtre me manque beaucoup.

Existe-t-il une différence entre interpréter un rôle pour le cinéma, la télévision ou le théâtre ?

Hormis le dispositif technique, pas vraiment. Je travaille mes rôles de la même manière pour le cinéma et la télévision. Par contre, au théâtre, il y a un travail supplémentaire à faire sur la voix et la posture du corps. J’aime explorer l’ensemble des situations que m’offrent ces trois médiums.

Est-ce qu’on vous verra à la télévision durant le prochain mois de ramadan ?

Oui, je serai sur un feuilleton ramadanesque aux côtés de Numidia Lezoul. Il sera diffusé sur la chaîne Samira TV. Mais je ne peux pas en dire plus…

Je sais que vous avez longtemps vécu sans téléviseur, vous vous en êtes acheté un depuis ?  Au moins pour regarder les feuilletons dans lesquels vous jouez (rires).

Oui, j’ai acheté une télé, ça fait deux ans maintenant. Je regarde un peu les productions auxquelles j’ai collaboré et ce qui se fait par ailleurs pendant le mois de ramadan, mais durant le reste de l’année, je ne l’allume que pour les matchs du Real Madrid (rires). Donc oui, elle est là, mais elle est tout le temps éteinte.

Vous avez dénoncé récemment ce que vous appelez « le cinéma d’urgence », pouvez-vous nous expliquer ce que c’est ?

En effet, j’ai poussé un coup de gueule concernant une certaine façon de faire du cinéma en Algérie que je trouve dangereuse. Il existe un amalgame entre ce qu’on appelle le cinéma indépendant et le manque de budget. Quand on fait du cinéma indépendant, c’est toute la démarche qui l’est et dès le départ. Personnellement, j’aime beaucoup travailler dans ce genre de projets, car il en découle une certaine liberté de faire. Par contre, certaines productions reçoivent de gros budgets et se cachent derrière le terme « cinéma
indépendant » pour justifier un budget moindre, revu au rabais. Je trouve ça malhonnête.

Vous avez obtenu un rôle dans le documentaire « 143 rue du désert » de Hassan Ferhani. Une première ! En quoi était-ce différent de la fiction pour vous ?

« 143 rue du désert » est un documentaire, mais la séquence dans laquelle j’apparais est clairement fictionnelle. Malika, la protagoniste, ignorait que j’étais complice avec Hassan et l’équipe du film. Du coup, je me suis fait passer pour un client lambda et il fallait construire avec elle à partir du réel. J’ai beaucoup aimé cette expérience, parce que le réalisateur m’a proposé autre chose que ce que j’avais l’habitude de faire. Pour l’anecdote, en sortant de chez Malika, j’étais censé aller à El-Menéa mais il n’y avait pas de voiture qui m’attendait. J’ai dû faire du stop (rires). C’était vraiment un moment magique.

Vous vivez à Sétif, comment se porte la ville sur le plan culturel ?

C’est compliqué, comme pour toutes les wilayas. Il n’y a pas d’évènements réguliers, ça se résume surtout aux manifestations liées aux anniversaires de l’indépendance ou du déclenchement de la guerre de libération. L’an dernier, j’ai été membre du jury des journées cinématographiques internationales du court métrage de Sétif. Je suis très heureux que ce festival existe, mais ça reste ponctuel.

Quels sont vos projets à venir ?

Actuellement, je suis à Mostaganem. J’interprète le rôle principal dans le prochain long métrage d’Anis Djaâd. L’ambiance est bonne, et l’équipe technique travaille dur pour que ce projet puisse voir le jour dans les meilleures conditions.

D. M.