PAR NABIL M.
Sous l’impulsion d’une vision stratégique claire, le secteur ferroviaire de l’Algérie est en pleine mutation, porté par une volonté politique forte et des investissements massifs.
Les projets ferroviaires ont une nouvelle fois été placés au cœur des priorités nationales, lors de la réunion du gouvernement, présidée hier par le Premier ministre, M. Nadir Larbaoui, ce qui confirme le rôle central de ce secteur dans le développement économique et social du pays.
Ainsi, parmi les dossiers stratégiques abordés lors de cette réunion, le projet intégré de phosphate de Bled El Hadba, notamment sa composante ferroviaire reliant Bouchegouf à Oued Kebrit. Ce projet s’inscrit dans une vision globale visant à renforcer les infrastructures de transport pour soutenir l’exploitation des ressources naturelles et stimuler l’économie locale.
Cet intérêt porté par les hautes autorités de l’Etat réaffirme le soutien indéfectible au secteur ferroviaire, considéré comme un pilier essentiel de la diversification économique et de l’amélioration des conditions de vie des citoyens.
Etape clé
En confortant les ambitions de l’Etat, le ministre des Transports, M. Saïd Sayoud, a récemment annoncé que le gouvernement a alloué un budget de plus de 400 milliards DA pour le renouvellement du matériel roulant, dont 280 milliards pour les trains de marchandises et 138 milliards pour les trains de voyageurs. Ces investissements colossaux témoignent de la volonté de l’Etat de doter le pays d’un réseau ferroviaire moderne, sûr et efficace.
Dans cette dynamique du secteur des chemins de fer, l’Agence nationale des études et de suivi des investissements ferroviaires (Anesrif) joue un rôle central, en lançant et accélérant plusieurs projets structurants, dont certains atteignent déjà des étapes clés. Parmi les réalisations les plus marquantes figurent la ligne minière Ouest Béchar-Gara Djebilet (Tindouf), d’une longueur totale de 950 km, et qui avance à un rythme soutenu. Les premiers tronçons devraient être livrés en 2025, et l’achèvement complet est prévu avant mars 2026, soit en avance sur le calendrier initial. Cette ligne stratégique permettra de désenclaver la région de Tindouf et de faciliter l’exploitation des ressources minières, notamment le fer de Gara Djebilet.
La modernisation de la ligne minière Est (Annaba-Tébessa), sur 422 km, est aussi un projet important qui a déjà vu l’achèvement du tronçon Djebel Onk-Oued Kebrit (151 km) et la connexion de la mine de Bled El Hadba au réseau ferroviaire (23 km). Les travaux du tronçon nord (Annaba-Bouchegouf), quant à eux, progressent rapidement, tandis que le tronçon central (Bouchegouf-Oued Kebrit) sera lancé prochainement.
Le corridor des Hauts-Plateaux, reliant Tébessa à Sidi Bel Abbès sur 1162 km à travers 22 wilayas, a vu le démarrage des travaux du dernier tronçon Tissemsilt-Ouest (Tiaret). Une fois achevé, il renforcera la connectivité entre les régions du pays et stimulera les échanges économiques.
La ligne Touggourt-Hassi Messaoud, avec 154 km, a enregistré, quant à elle, des avancées significatives en 2024 et sa mise en service est imminente. Elle jouera un rôle crucial dans le transport des hydrocarbures et le désenclavement des régions du Sud.
Un ambitieux programme de réhabilitation
En parallèle de ces grands projets, l’Anesrif a lancé un ambitieux programme de réhabilitation et de modernisation de 75 gares ferroviaires à travers le pays. Ce programme, réparti en trois phases, vise à améliorer les conditions d’accueil des voyageurs et à doter les gares d’équipements modernes et fonctionnels. Abdelkader Mazar, directeur chargé de l’information à l’Anesrif, a souligné que la première phase, concernant 19 gares, a déjà abouti à l’attribution des marchés à un consortium de bureaux d’études algériens.
Parmi les réalisations phares, la construction d’une nouvelle gare à Alger, conçue selon des normes internationales, symbolisera la modernité et le prestige du transport ferroviaire algérien.
Les deuxième et troisième phases du programme couvriront respectivement 43 gares dans l’Est du pays et 13 gares dans l’Ouest, avec des travaux de réhabilitation et de modernisation qui renforceront l’attractivité du transport ferroviaire. Ces gares, dotées d’une architecture unique mêlant tradition locale et design moderne, deviendront des vitrines du savoir-faire algérien.
Une vision stratégique de la SNTF pour l’avenir
Dans le sillage de cette dynamique, la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) a élaboré une stratégie spéciale en vue d’accompagner l’expansion du réseau vers Tamanrasset. Lors d’une audition devant la Commission des transports et des télécommunications à l’Assemblée populaire nationale (APN), le DG de cette entreprise a confirmé que la SNTF est prête à exploiter la ligne Alger-Tamanrasset dès son achèvement.
Cette stratégie porte notamment sur l’acquisition du matériel nécessaire pour assurer le transport des marchandises et des voyageurs sur cette ligne reliant le nord du pays à son extrême sud. «Nous disposons de projets ambitieux et structurés qui engagent une préparation de la part de l’entreprise», a indiqué le DG de la SNTF, soulignant que ces engagements concernent «l’accompagnement des différents grands projets structurants, notamment le projet du gisement de fer de Gara Djebilet (Tindouf) et celui de la mine de phosphate de la région de Bled El Hadba».
Ainsi, ces efforts, qui s’inscrivent dans une vision de développement durable, permettront non seulement de stimuler l’économie nationale, mais aussi d’améliorer la qualité de vie des citoyens en offrant des solutions de transport modernes, sûres et accessibles, à travers des projets structurants en cours et une planification rigoureuse.