Sécurité alimentaire : L’exigence d’une cartographie précise de l’agriculture nationale

0
96

PAR NABIL M.

 

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a placé encore une fois l’agriculture au cœur de la stratégie nationale de développement, avec des orientations pour mieux maîtriser le secteur.

Lors du Conseil des ministres tenu hier, le chef de l’Etat a insisté sur la nécessité d’un audit rigoureux de la production agricole nationale, filière par filière, s’appuyant sur les premiers résultats du Recensement général de l’agriculture (RGA 2024). «Les données issues du recensement sont une base stratégique pour moderniser l’agriculture et renforcer notre sécurité alimentaire», a déclaré le président Tebboune, selon le communiqué de la présidence.

Il a ordonné au ministre de l’Agriculture de procéder à un audit détaillé, incluant le recensement précis des productions agricoles par filière, l’inventaire exhaustif du cheptel national, avec une répartition géographique fine et l’évaluation des superficies irriguées. Il a également exigé un état des lieux des cultures pérennes, notamment les oliviers et les palmiers-dattiers. Cette approche vise à identifier les forces et les faiblesses du secteur, en vue de mettre en œuvre des politiques ciblées, durables et territorialisées.

L’objectif affiché est celui de doter l’Algérie d’une politique agricole basée sur des données fiables, capables de soutenir une croissance durable, résiliente aux chocs climatiques et économiques. En ordonnant un audit précis par filière, le président Tebboune entend dépasser le stade de la déclaration d’intention pour engager le pays sur une voie plus rationnelle, plus stratégique. Le recensement permettra d’identifier les gisements de performance, les zones sous-exploitées et les maillons faibles de la chaîne de valeur agricole.

 

Des données stratégiques pour une politique agricole ciblée

Rappelons que cette opération de recensement inédite par son envergure et sa précision, conduite entre mai et juillet 2024, a couvert 63% des exploitations agricoles du pays, soit plus de 800 000 structures recensées, avec des taux dépassant 70% dans 17 wilayas. Elle marque une étape déterminante dans l’élaboration d’une politique agricole fondée sur des données concrètes et actualisées.

Ce recensement, placé sous le thème «Information fiable… développement durable», s’inscrit dans une tradition entamée en 1973, puis reprise en 2001. Il intervient dans un contexte où l’agriculture génère une valeur de 37 milliards de dollars. Ce poids économique fait du secteur un levier crucial pour la diversification de l’économie et la création d’emplois.

L’opération a aussi permis l’enregistrement de nouvelles exploitations jusqu’alors absentes des fichiers administratifs, y compris sur des terrains domaniaux et des terres Arch. Des décisions seront prises en faveur des agriculteurs exploitant ces surfaces, ont indiqué les autorités chargées du secteur.

Le RGA 2024 s’est appuyé sur une méthodologie éprouvée, mêlant rigueur scientifique et innovation technologique. Plus de 7300 agents, recenseurs, contrôleurs et superviseurs ont été mobilisés à travers le pays. Chaque questionnaire, numéroté et tracé informatiquement, passe par quatre niveaux de contrôle avant d’être intégré à la base nationale de données.

Au total, 500 centres de saisie ont été mis en place, au plus près des territoires. La priorité a été donnée aux agents du ministère de l’Agriculture et de ses structures déconcentrées, assurant une expertise et une proximité avec le terrain.

Le questionnaire a couvert l’ensemble des dimensions du système agricole : identification des exploitants, superficie cultivée, cheptel, main-d’œuvre, ressources en eau, investissements, infrastructures, mécanisation… Les premiers résultats présentés lors d’une rencontre nationale d’évaluation seront approfondis dans les prochains mois.

Ainsi, et au-delà du simple exercice statistique, le Recensement général de l’agriculture constitue un socle pour planifier l’avenir de l’agriculture nationale. Un avenir où la souveraineté alimentaire ne sera pas un slogan, mais un objectif chiffré, suivi et évalué.