La visite à partir de ce dimanche 9 octobre – une visite de deux jours – de la Première ministre française Elisabeth Borne est à placer sous le signe de la normalisation des relations algéro-françaises. Cette visite, la première pour la cheffe du gouvernement français à l’étranger, est éminemment économique, mais elle a également une connotation politique en ce sens qu’elle scelle un renouveau dans les relations entre les deux parties dont les relations se sont considérablement détériorées ces dernières années.
Le ton avait été donné par les deux présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron la fin août dernier avec la signature de la déclaration d’Alger portant «le partenariat renouvelé». Plus qu’un simple document politique, c’est une véritable «feuille de route» pour la relance des relations politiques et économiques entre les deux pays.
C’est dans le sillage de ce cadre qu’intervient la visite de Mme Elisabeth Borne, qui sera par ailleurs accompagnée d’une délégation de seize ministres ainsi que des hommes d’affaires, censée matérialiser «le contrat» conclu entre les deux chefs d’Etat, fin août dernier.
Il sera question, bien évidemment, d’économie – la présence dans la délégation de Borne du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, et celui de la Transition énergétique, dénote d’un regain d’intérêt pour le potentiel algérien, ses opportunités et son marché que la France a négligé ou pour ne pas dire, pour certains secteurs, déserté, au profit particulièrement de la Chine et de la Turquie offensives dans ce domaine.
Investissements, automobile…
Outre les secteurs évoqués lors de la visite du président Macron en Algérie, l’énergie, en premier lieu, les énergies renouvelables qui intéressent l’Algérie appelée à passer au mix énergétique, la santé, l’agriculture, l’éducation, la culture ou encore la jeunesse, la France est également intéressée par les terres rares dont regorge le sol algérien, selon des estimations.
La présence du ministre de l’Economie Bruno Le Maire, notamment, laisse croire que de gros accords peuvent être signés. L’Algérie s’attend à un effort des investisseurs français que la révision du code des investissements ne devrait pas laisser insensibles de par l’attractivité qu’offre le pays. La construction automobile, dans lequel la France a participé avec une légère part avec l’usine de montage de Renault à Oued Tlilet (Oran), devrait connaître une nouvelle perspective pour les deux leaders français, Renault et Peugeot, dont le projet pour ce dernier est sous le coude depuis des années. Les marques au Losange et au Lion pourraient participer à l’essor de ce segment industriel que l’Algérie veut relancer sur de nouvelles bases.
Il sera question, sans aucun doute, de la question des visas et de l’émigration illégale, sujet qui avait envenimé la relation entre Alger et Paris. La présence dans la délégation d’Elisabeth Borne du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en est un indice, d’autant plus que le premier policier de France s’est ravisé et rectifié ses propos au sujet du nombre de ressortissants algériens en situation irrégulière en France auxquels l’Algérie refusait de délivrer des laissez-passer consulaires pour être refoulés.
Le président Tebboune a été obligé de recarder le ministre qu’il traita d’ailleurs de menteur. Les choses sont rentrées dans l’ordre, notamment après la visite du président Macron en Algérie et le «recul» de Darmanin sur son propos initial et controversé.
«Tous les sujets seront abordés»
Cela dit, «tous les sujets seront abordés», a indiqué une source citée par le quotidien français Le Figaro. Ce qui dénote, naturellement, d’un dégel pour ne pas dire d’un réchauffement dans la relation entre Alger et Paris. Une occasion pour évoquer tous les dossiers en suspens et ouvrir de nouvelles perspectives entre les deux Etats.
Par ailleurs, Mme Elisabeth Borne présidera avec son homologue algérien Aïmene Benabderrahmane la 5e session du comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN).
En plus de la quête de la France de s’assurer un approvisionnement garanti en gaz pour passer «un hiver au chaud», chose normalement déjà conclue entre Sonatrach et son partenaire français Engie, le spectre de la coopération économique va être élargi avec la tenue du forum d’affaires algéro-français qui regroupe des opérateurs et des entreprises des deux pays. Une occasion pour la France de tenter de récupérer des parts de marché grignotées par les entreprises chinoises et turques. La préparation depuis des semaines de cette visite s’inscrit dans le cadre du renouveau du partenariat entre l’Algérie et la France tel qu’il a été décliné par les deux chefs d’Etat fin août dernier à Alger.
D. B.