Situation humanitaire à Ghaza : Alger prépare un texte au Conseil de sécurité

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Conseil de sécurité : L'Algérie demande une réunion d'urgence

– Bendjama : «Les règles existent, ce qui nous manque, c’est le courage politique»

Par Djilali B.

Israël poursuit son entreprise d’extermination des Ghazaouis par le massacre et la famine, une telle horreur qu’un réajustement de position de certaines capitales occidentales est apparu ces dernières semaines, menaçant d’imposer des sanctions et reconnaître l’Etat de Palestine. La hantise du recherché de la Cour internationale de justice, Netanyahu.
Devant tant de drame et d’inertie de la communauté internationale, l’Algérie a trouvé des canaux pour réaffirmer son soutien et sa solidarité avec les Palestiniens, et depuis la tribune du Conseil de sécurité de l’ONU, a poussé ce jeudi un nouveau coup de gueule devant le silence du monde et la poursuite de l’opération d’extermination des Palestiniens pour l’annexion de Ghaza.
Amar Bendjama a appelé, ce jeudi à New York, les membres du Conseil de sécurité à agir immédiatement face aux violations du droit humanitaire dans la bande de Ghaza. Rejetant « la politique de deux poids deux mesures » qui « n’a plus de place » dans la gestion des conflits, il a rappelé que « personne n’est au-dessus de la loi ». L’exception israélienne devra cesser, semble suggérer le diplomate algérien. « C’est une situation inacceptable et ce Conseil ne peut plus garder le silence et croiser les bras. Nous devons assumer nos responsabilités, nous devons agir sans plus tarder », a martelé M. Bendjama dans son intervention à l’occasion d’un débat public annuel au Conseil de sécurité sur la protection des civils dans les conflits armés.
Et c’est naturellement que l’Algérie compte, avec le soutien du groupe arabe, initier une résolution : « Faire circuler un projet de texte très précis portant sur la situation humanitaire à Ghaza, ainsi que sur l’accès et la distribution de l’aide humanitaire dans toute la bande », a rapporté l’APS. « Nous comptons sur le soutien de tout un chacun et sur votre esprit de compromis pour cette entreprise importante, nous emploierons un langage qui, nous espérons, unira non seulement les membres du Conseil de sécurité, mais également l’humanité dans son ensemble », a indiqué M. Bendjama. Et de délivrer les chiffres de 2024 du honteux bilan des opérations israéliennes dont se sont détournés les regards du Conseil de sécurité et de la communauté internationale : le peuple palestinien a connu en 2024 assez de meurtres et assez de souffrances, relevant que « l’absence de la protection des civils n’est pas le résultat de l’absence de règles, mais le résultat de l’absence de volonté ».

«Le droit humanitaire international, dernier bouclier qui protège les innocents»
Il a déploré l’absence de volonté politique pour mettre fin à ce génocide. « Les règles existent. Ce qui nous manque, c’est le courage politique pour les mettre en œuvre (…) Nous devons réaffirmer, de manière collective, que le droit humanitaire international n’est pas négociable. C’est le dernier bouclier qui protège les innocents des affres de la guerre. Nous le devons aux victimes, nous leur devons de veiller au respect de ces règles, toutes les victimes méritent la redevabilité », a-t-il martelé. « Les victimes méritent le respect du droit humanitaire international et ce dernier ne doit pas être l’exception, mais la règle. Il n’y a aucune place pour le deux poids, deux mesures, personne n’est au-dessus de la loi », a-t-il poursuivi en ajoutant que la bande de Ghaza est la zone qui a connu le plus de violations du droit humanitaire en 2024 en raison de l’agression sioniste. M. Bendjama a révélé que les Nations unies ont enregistré plus de 36 000 morts civils dans 14 conflits armés en 2024, dont la majorité d’entre eux à Ghaza. Les chiffres sont éloquents et terrifiants : dans la bande de Ghaza, « l’infrastructure civile a été détruite de manière systématique : près de 70% de toutes les structures ont été endommagées fin 2024, le déplacement forcé de la population est devenu la norme (2 millions de personnes, soit près de 90% de la population ont été déracinées) et la famine est utilisée comme arme (86% de la population ont connu des niveaux critiques d’insécurité alimentaire). De même, la neutralité médicale a été réduite à néant (plus de 300 attaques contre des infrastructures sanitaires ont été enregistrées (20 hôpitaux sur 36 et 86 centres de santé sont devenus non-fonctionnels) ». Il a ajouté que « l’éducation a été brisée (12 000 enfants en âge d’aller à l’école et 500 enseignants ont été assassinés et 88% des établissements scolaires ont été endommagés), le journalisme est cible d’attaque (plus de 200 journalistes ont été tués et l’accès des médias internationaux continue d’être refusé), tandis que les travailleurs humanitaires sont devenus des cibles (plus de 200 des 360 travailleurs humanitaires assassinés dans le monde l’ont été à Ghaza seulement) ».
Devant tant de crimes et de destructions et les complicités qui les soutiennent, des réactions en représailles contre les personnes et les intérêts israéliens généralisées sont à craindre.
L’attaque contre le personnel de l’ambassade d’Israël aux Etats-Unis, largement dénoncée de par le monde, trouve sa motivation dans la politique de Netanyahu et la complicité (les USA) et le silence qui l’entourent. Heureusement que Londres et Paris viennent joindre leurs voix à celles de l’Espagne, de l’Irlande, du Danemark, etc., qui se positionnent en faveur de la Palestine, peuple et Etat. Des pas tardifs mais qui peuvent être déterminants pour la cause palestinienne.