Solvabilité financière, l’autre atout de l’Algérie

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La Banque d'Algérie

Par R. Akli

 

S’il est indubitablement mal à propos et maladroit, le discours remâché ces dernières semaines par une certaine partie de la classe politique française sur l’aide de développement française à l’Algérie ne manque pas de rappeler à quel point les outils d’endettement et même de dons ou d’assistance financière peuvent être transformés en autant de moyens d’influence et de pression… «Nous n’avons pas de dette extérieure», a simplement tenu à rappeler le président Tebboune en réponse à ceux qui en France aiment à brandir la menace de supprimer d’hypothétiques aides françaises au développement dont bénéficierait l’Algérie.

La réplique ainsi choisie par le chef de l’Etat, à travers l’entretien qu’il a accordé au journal français «l’Opinion», en dit long sur l’enjeu plus que stratégique que représente aujourd’hui l’argument de la solvabilité extérieure dans les relations internationales. L’aide française à l’Algérie, d’à peine quelques millions d’euros qui ne vont pas dans les caisses de l’Etat, est des plus infimes par rapport à celle que l’Algérie consacre elle-même au soutien au développement en Afrique et ne sert du reste que «les intérêts d’influence extérieure de la France», a rétorqué le Président. Au-delà des discours électoralistes d’une certaine classe politique française «radicalisée» contre l’Algérie, la fausse polémique de l’aide au développement française à l’Algérie interpelle surtout sur l’enjeu crucial de veiller à préserver la solvabilité extérieure du pays comme gage essentiel de sa souveraineté. Toute développée qu’elle est, la France elle-même se débat aujourd’hui contre l’angoisse de son endettement excessif qui en vient même à paralyser ses institutions politiques et à sonner peut-être le glas de sa «Cinquième République». Depuis la fin de la crise de la Covid-19, les institutions de Brettons Woods – symbole pourtant d’une architecture financière mondiale déséquilibrée en défaveur du monde en développement -, alertent elles-mêmes contre les dangers de l’endettement. En Afrique, y compris parmi ses premières économies, la dette extérieure explose et charrie des services annuels à payer qui limitent toute marge de manœuvre financière et de développement pour les pays concernés. Dans un contexte géopolitique en proie à toutes les turbulences, le fardeau de la dette gage non seulement les marges de manœuvre économiques, mais aussi celles politiques et diplomatiques. Et en pleine crise avec une France qui vire trop à droite et qui menace de suspendre une aide inexistante, l’Algérie, faut-il le souligner, se doit de continuer à préserver sa solvabilité financière et son choix payant de désendettement extérieur. Qu’en serait-il en effet si comme lors de la crise de la dette des années 1990 le pays devait dépendre des exigences du FMI et de ses créanciers du Club de Paris…? L’histoire mal mijotée de l’aide française au développement rappelle surtout à quel point avoir une dette extérieure limitée à moins d’un point de pourcentage du PIB – comme c’est le cas actuellement de l’Algérie – peut constituer un atout essentiel pour faire valoir sa souveraineté. Un atout à préserver à tout prix en consolidant surtout les équilibres macro-économiques et en accélérant la diversification de l’investissement et de la croissance pour renforcer les positions extérieures du pays.