Loin d’avoir été totalement fermée, comme il était craint par les usagers des accès vers la capitale, Alger s’est transformée hier en véritable capitale du monde arabe. Alger a connu «un défilé» inédit de personnalités venues assister au 31e sommet de la ligue arabe. Et Alger n’a pas déçu les attentes depuis le premier jour qui a vu les ministres des Affaires étrangères s’aligner sur le consensus du programme de cette rencontre.
Même le climat a été de la partie avec un doux soleil qui a régné sur le Club des Pins où est situé le centre international des conférences où se tient le sommet. Le bal des cortèges des invités n’a pas cessé hier encore avec l’arrivée des délégations qui s’est poursuivi pour la seconde journée. Ballet des couleurs aussi qui a donné une dimension supplémentaire à l’historique et hautement symbolique 1er novembre pour l’Algérie.
Les différents «compartiments» du CIC grouillaient de monde : invités, journalistes, photographes et cameramen tous à l’affût de la moindre information et suivant le rythme des arrivées des représentants des pays arabes. Certains avaient investi les lieux depuis la matinée, rejoints après par «une foule» d’hommes des médias nationaux et étrangers.
Le président Tebboune voulait un sommet de réconciliation interarabe, et la journée d’hier avait donné le la. Le ton et le rythme, même si la journée a paru quelque peu longue avec les attentes des médias qui animaient des débats parallèles «entre confrères», pour ne pas dire en marge du sommet qui n’était ouvert officiellement que bien après 18h.
Le chef de l’Etat a cerné dans son allocution d’ouverture des travaux de ce sommet autour principalement de trois questions qu’il a estimé être essentielles et fondamentales pour la sphère arabe complémentaires et liées au destin des pays membres de la ligue et aux espoirs de leurs peuples, que le président Tebboune n’a pas omis d’évoquer et de désigner, dans sa proposition de réforme de la ligue, comme «acteur» ignoré jusque-là par les structures et le fonctionnement de ce bloc arabe.
Donner un poids à la voix arabe
Il s’est par ailleurs étalé sur la question palestinienne qu’il a évoquée dans tous ses aspects, appelant à plus d’efforts communs pour faire renaître l’initiative arabe pour une solution à deux Etats, avec une Palestine indépendante avec El-Qods est pour capitale.
Le président Tebboune, par-delà les soutiens politiques et financiers qu’impose cette question cruciale, a plaidé la défense commune de cette cause dont la solution devrait induire une baisse des tensions dans la région. Cela passe, selon lui, par la réforme de la ligue dont les structures ne sont plus opérantes et doivent s’adapter à la fois au contexte international qui a évolué mais aussi pour donner un poids à la voix arabe pour peser sur les décisions liées à son destin.
Et cette voix passe également par, non pas seulement les engagements politiques communs, qui demeurent certes une nécessité pour faire avancer les options et choix décidés par le monde arabe, un engagement économique.
Le président Tebboune a en effet associé l’engagement politique commun pour résoudre, de préférence au sein du monde arabe, les questions et les crises dont souffrent certains de ses pays, mais aussi pour un engagement économique à travers des efforts financiers pour aider les pays qui en ont besoin. Et M. Tebboune d’avancer, pour ce faire, l’idée de la création d’un fonds monétaire arabe. Cela est d’autant plus réalisable que les pays arabes disposent de ressources largement suffisantes pour satisfaire ses besoins et ceux de ses pays en difficulté.
Le soleil a commencé à décliner en fin de journée, laissant derrière lui un large espoir draper la soirée en attendant la seconde journée qui sera celle des décisions et de la déclaration finale. Les jalons de l’issue de cette rencontre doublement symbolique, déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954 et renouveau – du moins espéré – de la ligue arabe.
Djilali B.