Sommet Italie-Afrique à Rome fin janvier : L’Algérie au centre de l’équation énergétique italienne

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PAR ABDELLAH B.

La question gazière sera au centre du sommet Italie-Afrique prévu pour la fin du mois courant à Rome et qui intervient dans un contexte assez particulier, marqué par une croissance de la demande sur ce combustible combinée à la tension géopolitique en mer Rouge. Deux facteurs importants qui renforcent davantage la position de l’Algérie sur le marché européen et italien en particulier.

Intervenant avant-hier, Lapo Pistelli, directeur général des affaires publiques du groupe italien Eni, affirme que le renforcement de la coopération avec l’Afrique du Nord, l’Algérie en premier lieu, a permis à l’Italie de se mettre à l’abri de la crise énergétique qui a secoué le vieux continent. « Au cours de la dernière année et demie, nous avons pu, de manière très efficace et efficiente, remplacer presque entièrement l’approvisionnement russe qui arrivait des canalisations de Tarvisio avec la valorisation du corridor sud, avec nos partenaires africains, l’Algérie en premier lieu, mais aussi l’Egypte et ensuite les nouveaux
contrats GNL qui viennent des pays subsahariens où nous sommes opérateurs. Cela nous permet de dire que dès cette année, la contribution du gaz russe sera pratiquement nulle, du moins en ce qui nous concerne. »

En effet, le rôle de l’Algérie pour les années à venir sera prépondérant et lui permettra de gagner plus de parts sur le marché gazier européen pour deux raisons. La première est en relation avec le plan de développement de la production gazière du pays et la deuxième en relation avec sa flexibilité en matière de transport et de logistique constituant la force de l’Algérie, que ce soit pour le GNL ou pour le gaz naturel. Deux points forts qui font de l’Algérie un fournisseur fiable, capable de concurrencer les grands acteurs mondiaux, notamment en matière d’approvisionnement en gaz dans les années prochaines.

Le braquage des regards de l’Italie sur le marché algérien du gaz n’est pas inopportun, puisque le pays a réussi à réduire d’une manière drastique ses importations depuis la Russie, en l’espace d’une année et demie, grâce à des augmentations conséquentes des importations depuis l’Afrique du Nord et certains pays de l’Afrique de l’Ouest. En d’autres termes, l’Afrique du Nord, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et l’Egypte sont aujourd’hui dans les projecteurs des pays européens et de l’Italie spécialement qui cherche à garantir sa sécurité énergétique en développement des partenariats gagnant-gagnant portés dans le cadre du plan Mattei adopté récemment par l’Italie.

L’Afrique du Nord : nouvel eldorado

En fait, l’évolution de la situation géopolitique dans le Moyen-Orient risque de connaître de nouvelles complications aussi durables avec les attaques américaines et anglaises contre le Yémen, dont les conséquences impactent non seulement les prix, mais freinent également les approvisionnements. Intervenant sur ce sujet, le haut responsable d’Eni estime que « pour le moment, il n’y a pas eu d’impact sur les approvisionnements, mais pour l’avenir… ».

Par ailleurs, l’évolution de la situation géopolitique dans le monde, et ses retombées sur les approvisionnements, favorise la recherche des fournisseurs aussi proches, raison pour laquelle les italiens misent sur l’Afrique du Nord pour garantir leur sécurité énergétique, ce qui se confirme par les importants montants d’investissements consacrés par le géant pétrolier Eni en Algérie, en Libye et en Egypte. Des pays qui orientent de plus en plus leur politique énergétique vers la production gazière, pour à la fois répondre à une demande
locale croissante et augmenter les exportations vers des marchés demandeurs. Dans
son dernier rapport sur la demande mondiale sur le gaz, The Economist juge qu’elle
augmentera en 2024 malgré les tensions géopolitiques et les prix élevés. « Les combustibles fossiles continueront de dominer, malgré l’augmentation de la demande d’énergies renouvelables. La production gazière algérienne augmente grâce au développement accéléré de l’importante découverte dans la région de Hassi R’mel », indiquent les rédacteurs du rapport en question.

A. B