Son plan « maison » risque d’aboutir à une guerre civile : Goïta veut instaurer un «dialogue de drones»

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PAR DJILALI B.

Les autorités de transition au Mali ne semblent plus écouter les voix de la sagesse. Elles poursuivent leur logique, d’essence militaire, pour régler une crise multidimensionnelle à travers des options stratégiques qui excluent les pays voisins.

Les putschistes maliens, en panne d’imagination, ont décidé, dans un accès d’orgueil si l’on
peut dire, motivé par les derniers apports militaires, à leur profit, de reléguer l’option politique, déjà en œuvre, pour la stabilité et la paix dans leur pays au second plan, pour focaliser les efforts sur les opérations militaires pour « rétablir la paix et la sécurité ». Planifiée depuis plusieurs mois, cette option des maîtres de Bamako consistait à remettre en cause l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, à lancer un dialogue intermalien « exclusif » avec des partenaires sans aucun lien avec la crise de 2012, avec en prime la nomination d’un ministre chargé de cette question.

Un peu plus de deux mois plus tard, alors qu’était annoncée l’amorce du dialogue avec des
interlocuteurs favorables à cette option, la junte de Bamako décide de mettre en place, dans un geste improvisé – certainement inspiré par des cercles hostiles à l’Algérie, comme en témoigne la teneur des communiqués des putschistes, ce jeudi, un autre cadre – le comité du pilotage du dialogue intermalien chargé, est-il utile, de rappeler de prendre langue avec principalement les groupes rebelles du nord. Interlocuteurs d’emblée catalogués terroristes par Bamako.

A cette occasion une pléiade d’organisations et d’associations ont vu le jour, plaidant des activités dans divers domaines, ont rejoint « le contingent » dans la perspective dudit dialogue inclusif intermalien préconisé par les autorités de transition. Différents arguments tout aussi inconsistants que fallacieux ont été invoqués pour justifier une prise de distance tout aussi injustifiée avec Alger. Pire, les autorités maliennes, aujourd’hui maîtres de
la décision, qui ne tiennent compte d’aucune considération politique, géographique ou stratégique, lancent une opération, non pas pour restaurer la paix, soit dit, était prise en charge dans le cadre de l’accord d’Alger mais aussi des missions de stabilisation de l’ONU et des partenaires étrangers. Etait-il opportun de renvoyer les contingents onusiens (Minusma) de la mission de stabilisation au Mali dans le sillage du rejet de la présence militaire française. Les missions des partenaires étrangers, dont celle des Allemands et des Danois, ont été directement affectées par l’incompréhension de la stratégie et des objectifs des nouvelles autorités maliennes. Et elles ont navigué sur la vague en vogue dans la région avec le rejet de la présence française inscrite dans le prolongement de la colonisation, pour se jeter dans les bras d’un autre.

L’Algérie a fait des propositions l’impliquant en tant qu’acteur dans un large programme de
développement pour la région du Sahel. Et devant les défis sécuritaires, a-t-elle mis en œuvre les accords d’assistance bilatérale pour faire face à la menace sécuritaire. Valable également pour le Mali. L’arrivée de financements occultes, franchement sans traçabilité, quand bien même il serait loisible pour les organismes internationaux de retracer ces trafics, et de soutiens militaires, a donné à Bamako des ailes. Au point de renier ses voisins frontaliers.

En définitive, que propose le colonel Goita pour la stabilité du Mali ? Le reniement du rapport de voisinage avec l’Algérie, de son rôle de stabilisateur dans la région, pour se focaliser sur son option militaire, faisant fi des accords, conventions convenus avant le coup d’Etat. Le président de la transition au Mali semble ignorer son illégitimité pour se permettre de remettre en cause des actes, des accords légaux censés apporter des avantages à son pays. Sa stratégie, en fin de compte, ne semble pas plaider pour son pays.

D. B.