Sonatrach sous les projecteurs en Espagne

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Par Abdellah B.

Le groupe public Sonatrach et la société espagnole Naturgy sont sur le point de finaliser un accord sur le prix du gaz exporté vers l’Espagne, d’après le quotidien El Espanol qui cite des sources proches du dossier. En effet, conformément aux clauses contractuelles liant les deux parties, la révision du prix à la vente est négociable tous les deux ans en fonction de l’évolution du marché gazier international. Les deux parties sont liées par un contrat de dix ans qui prendra fin vers 2030. En 2019, une nouvelle clause a été introduite dans le contrat d’approvisionnement portant sur la négociation tous les deux ans des prix applicables sur le gaz fourni, et ce, en fonction de l’évolution du marché international du gaz et des prix du pétrole. En 2022, Sonatrach et Natrugy ont trouvé un accord portant sur la révision à la hausse du prix du gaz exporté vers l’Espagne dans un contexte marqué par la flambée des prix du gaz et du pétrole, et ce, à la demande de Sonatrach. Cette fois-ci, les deux parties sont en pleine phase de négociation pour la détermination des prix de ce combustible indexé sur les prix du pétrole qui n’ont pas fortement évolué durant la période concernée de 2023 et 2024.

 

D’après la presse espagnole, les négociations ont atteint «un stade très avancé» et un accord devrait être signé prochainement entre les deux parties. Selon la même source, «l’accord en question affectera avec effet rétroactif les prix du gaz exporté vers l’Espagne durant la période 2023 et celle de 2024. En outre, des critères pour les examens de 2025 à 2027 commenceraient à être établis», lit-on dans les colonnes du journal El Espanol. En fait, durant cette période marquée par une course contre la montre pour la sécurisation des approvisionnements en gaz naturel, ce combustible qui se fait de plus en plus rare en raison de la forte demande sur le marché international, la partie espagnole ne dispose d’aucun moyen de pression pour faire avancer ses pions. Une situation qui est donc favorable à la compagnie publique qui négocie en position de force. Cette dernière occupe déjà une place prépondérante sur le marché énergétique espagnol où elle détient près de 40% du marché depuis l’année dernière. Selon les dernières données d’Enagas, la société espagnole de gestion de gaz, l’Algérie occupe pour le septième mois consécutif la place du principal fournisseur de l’Espagne en gaz naturel. En juin, l’Algérie était le pays d’origine de 45,2% des importations totales de gaz naturel par l’Espagne, avec 12.936 gigawattheures (GWh), devant la Russie (19,9%) et les Etats-Unis (11,5%). Au cours de l’année dernière, l’Algérie a renforcé sa position comme principal fournisseur, avec 37,3% du total, devant également la Russie (21,9%) et les Etats-Unis (18,6%), selon la même source.

 

Acquisition d’actions dans Naturgy : la piste Sonatrach évoquée

Outre la négociation sur la révision du prix du gaz, le groupe public Sonatrach est aussi cité dans la presse espagnole comme un éventuel acquéreur des actions mises en vente par la société espagnole Naturgy depuis l’avortement de la tentative du groupe émirati de mettre la main sur le conseil d’administration de la société ibérique. Une transaction éventuellement qui pourrait renforcer davantage la position du groupe public sur le marché espagnol de l’énergie qui demeure l’un des principaux débouchés pour le gaz algérien. La presse espagnole s’est longtemps intéressée à cette option comme étant un gage pour la sécurité de l’approvisionnement du marché espagnol en gaz, mais aussi pour la stabilité de Naturgy qui traverse une situation difficile. D’après la même source, Sonatrach se trouve en position de favori pour l’acquisition des actions CVC et de renforcer sa part dans la société espagnole où elle détient déjà 4,1% des actions. «La rupture du pré-accord avec Taqa a été connue le 10 juin. La holding présidée par Isidro Fainé et dirigée par Angel Simon approche Sonatrach pour acheter la participation de CVC (20,7%)», écrit le journal Hispanidad. Pour sa part, le journal El Economista indiquait que le groupe public Sonatrach pourrait être intéressé par la prise «d’une partie des titres que détient BlackRock afin que celui-ci puisse sortir de la société si, finalement, l’option Taqa n’est pas définitivement abandonnée». Du côté de Sonatrach rien n’a filtré sur ce dossier.