Trois manifestants ont été tués hier au Soudan où les forces de sécurité tirent à balles réelles et font usage de grenades lacrymogènes contre des dizaines de milliers d’opposants au coup d’Etat. Les partisans d’un pouvoir civil ont été réduits à s’organiser par SMS ou graffitis en raison de la coupure d’internet depuis trois semaines, alors que les militaires sont eux attendus au tournant par la communauté internationale qui a condamné le putsch du 25 octobre. Malgré les appels au calme venus de l’étranger, un syndicat de médecins pro-démocratie a fait état en fin d’après-midi de trois manifestants tués à Khartoum, ainsi que de « nombreux blessés par balles », semblant montrer que l’armée est décidée à en finir avec la mobilisation. Depuis le coup d’Etat, 18 manifestants ont été tués et plus de 300 blessés, selon les médecins pro-démocratie. En outre, note l’ONU, des centaines d’opposants et de militants ont été arrêtés. Dès le petit matin, soldats et paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) s’étaient déployés en masse à Khartoum, installant des barrages mobiles pour empêcher les rassemblements et bloquer les ponts reliant le centre aux banlieues. Malgré ces obstacles, des cortèges sont partis de nombreux quartiers aux cris de « Non au pouvoir militaire » et « A bas le Conseil » de souveraineté dirigé par le général Abdel Fattah al-Burhane, auteur du coup d’Etat. « Les militaires ne devraient pas se mêler de politique, ils feraient mieux de protéger la Constitution », enrage Ahmed Abderrahmane, qui défile à Khartoum. « Pas de négociation avec les putschistes, c’est le peuple qui décide », renchérit dans un autre cortège Hamza Baloul, ministre de l’Information, arrêté le 25 octobre et récemment relâché, selon une vidéo mise en ligne par son bureau. Des manifestations ont également eu lieu dans d’autres villes du pays.