Par Abdellah B.
La première pierre de la mise en place de l’industrie de l’hydrogène vert en Algérie a été posée, hier, à Oran qui abrite les travaux du NAPEC. Cette conférence énergétique qui rassemble les grands acteurs du secteur a été entamée par la signature de deux mémorandums d’entente qui tracent la voie d’un avenir fructueux pour l’industrie de cette nouvelle énergie, d’après le PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi, dont le groupe est chargé de chapeauter la mise en œuvre du programme national de 40 Twh en 2040, soit 1,2 million de tonnes. Le premier mémorandum d’entente concerne le lancement des études techniques concernant le projet du SoutH2 sur une distance de 3200 km en partance de l’Algérie pour finir en Allemagne en passant par l’Italie et l’Autriche. Les 6 acteurs impliqués dans ce projet, à savoir Sonatrach et Sonelgaz pour la partie algérienne, les deux sociétés italiennes Snam et Sea Corridor, l’allemand VNG et l’autrichien Verbund travailleront désormais ensemble pour le développement de ce projet qui d’ailleurs bénéficie de l’appui politique et financier de l’Union européenne qui l’a inscrit sur la liste des projets d’intérêt commun au mois de décembre de l’année dernière. S’exprimant à ce sujet, Rachid Hachichi estime que cette action marquera «le début de la formation du marché de l’hydrogène vert», ce qui donne un signe positif pour l’investissement dans ce domaine et l’Algérie dispose d’atouts lui permettant de jouer un rôle clé sur ce marché futur. Avec des prix de production compétitifs et une ressource naturelle abondante en espace et en soleil, le pays se trouve aujourd’hui au centre d’intérêt des pays de l’espace européen pour l’investissement dans cette nouvelle filière en Algérie.
Les prémices d’un nouveau corridor Alger-Espagne se dessinent
C’est d’ailleurs dans cette logique qu’arrive le deuxième mémorandum d’entente signé entre le groupe Sonatrach et l’espagnol Cepsa qui porte sur l’étude de réalisation d’un projet intégré de production d’hydrogène vert destiné au marché espagnol. Selon le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, «le projet avec Cepsa concerne le lancement de l’étude de faisabilité technique et économique pour la production de 200 MW avec la possibilité de l’exportation vers l’Espagne».
En fait, ce projet espagnol dans le domaine de l’hydrogène vert, comme d’ailleurs celui de la ligne électrique maritime entre l’Algérie et l’Espagne, arrive dans un contexte marqué par une concurrence acharnée entre les différents acteurs sur le marché européen de l’énergie à la recherche d’un fournisseur clé en énergie future en orientant leurs regards vers l’Algérie qui a déjà démontré sa «fiabilité» en tant que fournisseur en énergie fossile. Pour cela, le gazoduc reliant l’Algérie à l’Espagne pourrait également connaître prochainement des études techniques pour l’adapter au transport de l’hydrogène vert, comme c’est déjà le cas de Transmed qui a connu plusieurs études techniques qui ont démontré son aptitude à 75% pour le transport de ce nouveau type d’énergie.
«Transition énergétique souple»
L’un des marchés potentiels de l’hydrogène vert algérien exprime actuellement une grande demande pour ce combustible du futur, et le développement de cette filière ne peut se faire au détriment des énergies fossiles. «Nous travaillons actuellement sur plusieurs fronts, l’amélioration de la production nationale des énergies fossiles, le développement de la filière hydrogène et énergie renouvelable, et la décrabonation», explique le patron de Sonatrach qui insiste sur les atouts dont dispose le pays pour mener à bien la bataille de la diversification de son bouquet énergétique. En fait, même si la feuille de route tracée par le département de l’énergie met en avant un objectif beaucoup plus orienté vers le marché extérieur, les besoins du marché national en cette nouvelle ressource n’ont pas été mesurés. Pour M. Hachichi, les besoins du marché national en matière de consommation de cette nouvelle ressource de l’énergie seront aussi importants pour accompagner cette dynamique dans la transformation du système énergétique mondial à travers l’adoption de l’hydrogène dans le domaine de l’industrie lourde. Pour étayer ses dires, M. Hachichi évoque le projet de partenariat Sonatrach-Tosyali visant à la mise en place d’une unité d’hydrogène vert destiné à l’intégration du combustible dans la production de «l’acier vert». Un exemple qui devrait être généralisé dans les années à venir pour atteindre d’autres secteurs, selon ce dernier.