SoutH2 et production d’hydrogène vert. Sonatrach-GIZ : les perspectives de coopération en discussion

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Par Abdellah B.

 

La filière hydrogène trace sa voie en Algérie avec l’entrée en scène de plusieurs facteurs en faveur du développement d’un marché propre à cette nouvelle énergie. L’intention a été exprimée, la feuille de route établie et un portefeuille spécialement dédié aux énergies renouvelables a été créé avec l’objectif de booster cette filière «stratégique», dans un environnement régional marqué par une course acharnée pour la diversification des fournisseurs, notamment dans l’espace de l’Union européenne (UE). En effet, sur le Vieux Continent, les choses s’accélèrent en faveur de l’installation de ce nouveau marché avec un indicateur sérieux émanant de la Commission européenne. Il s’agit de la mobilisation de financements supplémentaires de l’ordre de 2 milliards d’euros pour le soutien du marché de l’hydrogène vert, ce qui fait du projet SoutH2 une urgence pour l’Europe. Faute de capacité européenne à répondre aux besoins du marché en termes de production de cette nouvelle ressource d’énergie, l’Algérie s’impose à la fois comme une option fiable et nécessaire.

C’est d’ailleurs la motivation essentielle qui a poussé la partie allemande d’accélérer les démarches pour le développement de sa coopération avec l’Algérie dans ce domaine. Après l’accord stratégique signé au mois de novembre de l’année dernière entre les deux pays visant le développement de cette filière, les patrons Sonatrach et de l’agence allemande GIZ se sont rencontrés avant-hier dans la soirée et ont examiné les résultats de leur coopération et «les perspectives de son développement concernant les projets relatifs à l’hydrogène vert et aux énergies renouvelables dans lesquels l’agence GIZ et impliquée», lit-on dans le communiqué de Sonatrach sanctionnant cette rencontre tenue en marge de la Semaine européenne de l’hydrogène à Bruxelles. De la production de cette nouvelle ressource d’énergie à la canalisation via le SoutH2, la problématique a été cernée, avec la volonté des deux parties d’aller de l’avant.

 

SoutH2 et H2med

A travers GIZ et VNG, l’Allemagne est impliquée dans des projets pilotes sur le marché algérien de l’hydrogène vert, mais aussi de la formation des compétences locales dans ce domaine pour permettre un meilleur encadrement de cet ambitieux projet du pays visant une production annuelle de 40 Twh d’hydrogène vert à long terme et d’hydrogène bleu à moyen terme. L’objectif de cette rencontre est celui d’une migration d’un projet pilote à un projet de production et de poser ainsi les jalons d’une industrie de l’hydrogène vert dans le pays. L’Algérie sera prête à partir de 2026 pour la pose de la pierre de l’industrie de l’hydrogène vert et après la réception de la première partie du programme de 15 GW d’énergie solaire et plusieurs stations de dessalement de l’eau de mer, il ne restera donc que l’entame de la phase d’industrialisation et de production de l’hydrogène vert. Une étape cruciale précédant le projet du siècle, celui du corridor SoutH2 qui devrait approvisionner à partir de 2032 trois pays européens : l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche depuis l’Algérie. Six acteurs sont impliqués dans ce projet, à savoir Sonatrach et Sonelgaz pour la partie algérienne, les deux sociétés italiennes Snam et Sea corridor, l’allemand VNG et l’autrichien Verbund, qui travailleront dorénavant ensemble pour le développement de ce projet d’une importance capitale pour l’Union européenne, mais aussi pour l’Algérie. Raison d’ailleurs pour laquelle le dossier de suivi de l’évolution de ce projet a été confié au nouveau Secrétaire d’Etat chargé des énergies renouvelables auprès du ministre de l’Energie, ce qui témoigne de l’importance accordée par les hautes autorités du pays au dossier de l’hydrogène vert.

Par ailleurs, le besoin énorme du marché européen en cette nouvelle ressource d’énergie future renforcera davantage le rôle de l’Algérie qui capte l’intérêt des sociétés européennes, notamment l’autrichien Verbund, en discussion avec la partie algérienne pour d’éventuels projets de production, et également l’espagnol Cepsa qui est entré également dans la course. Autrement, l’Algérie qui est actuellement le point de départ du SoutH2 pour l’approvisionnement de l’Europe centrale en hydrogène pourrait également intégrer le H2med pour l’approvisionnement du Vieux Continent en cette nouvelle ressource d’énergie à partir de l’Espagne. Ce qui a d’ailleurs été révélé par le ministre de l’Energie, Mohamd Arkab, il y a quelques semaines de cela, quand il a évoqué l’éventualité d’un nouveau pipeline pour le transport de l’hydrogène de l’Algérie vers l’Espagne.