Par Abdellah B.
Le programme algérien de l’énergie verte est pris au sérieux par l’union européenne dont les pays passent à l’action en matière de mise en œuvre des structures de production et de transport afférentes, soit pour l’hydrogène vert ou encore pour l’électricité, ce qui vient de conforter la position du pays sur le marché énergétique européen. L’UE s’est rendue à l’évidence en tournant le regard vers l’Algérie, un pays riche en ressources naturelles et très proche du vieux continent, pour sécuriser ses approvisionnements actuels et futurs en énergie.
SoutH2 : les partenaires passent l’action
Plus de six mois après l’inscription du SoutH2 sur la liste des projets éligibles au financement de l’UE, les pays concernés par le corridor sud franchissent l’étape de dialogue et de concertation pour la mise en place de ce projet structurant qui transporterait «4 millions de tonnes d’hydrogène vert de l’Algérie vers l’Europe», selon le communiqué de la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach. Une réunion s’est déroulée avant-hier à Alger et a rassemblé les hauts responsables de Sonatrach, les deux sociétés italiennes Snam et Sea Corridor, l’allemand VNG et l’autrichien Verbund. Elle a été sanctionnée par une annonce aussi importante pour l’avenir avec «la signature le mois de septembre prochain d’un protocole d’accord pour la mise en place du projet», a indiqué Sonatrach à la fin de la réunion de haut niveau qui s’est tenue avant-hier à Alger et qui a rassemblé les dirigeants des différents acteurs intervenant sur ce projet. «A travers le SoutH2 Corridor, les parties projettent d’approvisionner l’union européenne en hydrogène vert, par le transport de près de 4 millions de tonnes d’hydrogène vert par an d’Algérie vers l’Allemagne en passant par l’Italie et l’Autriche, soit en exploitant les infrastructures existantes pour transporter l’hydrogène ou bien en réalisant de nouvelles infrastructures», lit-on dans le communiqué de Sonatrach. En fait, depuis près de deux ans, l’engouement européen pour l’hydrogène algérien a été confirmé par l’arrivée de plusieurs acteurs dans le pays pour la mise en place de projets pilotes pour la production de ce combustible. Ce choix, qui est porté sur l’Algérie, s’explique à la fois par la compétitivité des coûts de production d’une part, mais aussi par le soutien des autorités publiques à l’investissement dans ce domaine, pour lequel d’ailleurs un programme ambitieux a été mis en place. En plus, on relève l’existence d’une infrastructure de transport qui est apte à 75% pour le transport de l’hydrogène vert. Il s’agit donc des différents facteurs intervenus en faveur de l’Algérie dans le choix par l’UE de ses futurs fournisseurs en nouvelles ressources d’énergie. Dans ce sens, le gouvernement allemand a déjà accéléré le pas pour son approvisionnement en hydrogène depuis l’Algérie en signant un accord de coopération avec l’Algérie dans ce domaine portant sur développement de cette nouvelle filière.
Interconnexion électrique : un autre projet stratégique
Dans le même sillage, les deux groupes publics Sonatrach et Sonelgaz s’apprêtent à signer avec des partenaires européens un accord sur la mise en place du projet d’interconnexion électrique avec l’UE. Cette nouvelle ligne électrique permettra à l’Algérie d’exporter de l’électricité conventionnelle et verte vers l’Europe, d’après les propos du ministre de l’énergie et des mines, Mohamed Arkab. Le projet en question bénéficie déjà du soutien de l’Italie et de la commission européenne de l’énergie, ce qui explique son importance dans ce contexte mondial marqué par un tarissement de l’offre en ressources d’énergie. Cette nouvelle ligne, qui verra donc le jour prochainement, renforcera davantage le rôle pivot que joue l’Algérie sur le marché énergétique régional. Un rôle qu’elle occupe déjà sur le marché gazier et qui ne cesse de confirmer sa position non seulement de leader incontestable, mais aussi celle de fournisseur «sûr et fiable». Ce que d’ailleurs a confirmé hier le PDG de la société espagnole Naturgy, Francisco Reynés, à l’occasion de l’annonce de la conclusion d’un accord avec Sonatrach sur le prix du gaz exporté vers l’Espagne. «Cet accord prouve la solidité de la relation historique entre les parties et ratifie l’engagement des deux entreprises en faveur de la sécurité de l’approvisionnement de la péninsule ibérique. Sonatrach s’avère en effet être un partenaire fiable.»
L’Algérie, qui adopte une approche beaucoup plus pragmatique dans le développement du secteur énergétique basé sur la diversification de sa production, affiche ses ambitions de préserver sa place de leader incontestable dans la région.