Par M. Mansour
Le groupe Sonatrach déploie des efforts considérables pour respecter les délais de construction des stations de dessalement de l’eau de mer, un objectif majeur dans sa quête de sécurité hydrique. Un peu plus d’un mois après le lancement d’un pont aérien dédié à l’acheminement des équipements, la compagnie a réceptionné vendredi une nouvelle cargaison, transportée par le plus grand avion cargo commercial au monde. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique visant à finaliser rapidement la construction de cinq stations de dessalement, avant d’entamer la réalisation de six autres. L’objectif affiché est de doter toutes les wilayas côtières d’infrastructures de dessalement.
La sécurité hydrique est l’une des priorités nationales les plus urgentes. Les différents projets initiés dans ce domaine reflètent la détermination des pouvoirs publics à protéger le pays des impacts croissants du stress hydrique. Parmi ces initiatives, les cinq stations de dessalement en construction à Cap Djinet (Boumerdès), El Taref, Béjaïa, Fouka (Tipasa) et Oran joueront un rôle déterminant. Avec une capacité de production prévue de 1,5 million de m3 d’eau par jour, ces stations permettront d’approvisionner plusieurs régions du pays et de répondre aux besoins essentiels en eau potable. Pour accélérer la mise en œuvre de ces projets, Sonatrach privilégie le transport par avions cargo, permettant ainsi une livraison rapide des équipements essentiels. Sa filialel, Algerian Energy Company (AEC), en tant que maître d’ouvrage de ce programme stratégique, a coordonné un pont aérien prévoyant dix vols.
Le transport aérien pour réduire les délais d’acheminement
Dans ce cadre, une cargaison de 79 tonnes, réceptionnée vendredi, comprenait des variateurs de vitesse pour moteurs de moyenne tension, permettant de réguler la vitesse des moteurs des stations de dessalement. Ces dispositifs optimisent l’efficacité énergétique en fonction des besoins de production. A l’aéroport Houari Boumediene, ces équipements ont été réceptionnés par des représentants de l’AEC et de la Société algérienne de réalisation de projets industriels (SARPI), deux filiales de Sonatrach jouant un rôle clé dans ce projet.
Toujours concernant l’aspect logistique, le PDG de l’AEC, Lotfi Zenadi, a souligné en septembre dernier que le choix du transport aérien permet de réduire les délais d’acheminement de plusieurs mois à quelques jours, un avantage essentiel pour respecter les échéances fixées par le gouvernement. Cette optimisation logistique s’inscrit dans la phase finale des travaux des cinq stations. C’est d’ailleurs dans ce contexte que la première cargaison de pompes importées du Japon a été réceptionnée à la mi-septembre pour soutenir le fonctionnement des installations.
Un taux d’avancement de 75%
Pour ce qui est du taux d’avancement, le PDG de l’Entreprise nationale des grands travaux pétroliers (ENGTP), Mammeri Benyoucef, avait avancé, le mois dernier, le taux appréciable de 75%, soulignant que celui-ci reflétait une mobilisation complète des ressources pour le raccordement et la finalisation de l’installation des équipements.
Outre les moyens logistiques considérables déployés pour accélérer les travaux, l’Algérie a également investi des sommes importantes pour concrétiser ce projet. En effet, un investissement de 5,4 milliards de dollars est prévu pour son achèvement d’ici 2030. En plus des cinq stations de dessalement actuellement en construction, six autres installations sont projetées pour les années à venir, portant le total à onze stations d’ici la fin de la décennie. Ce déploiement ambitieux vise à répondre à environ 60% des besoins en eau potable de l’Algérie d’ici 2030, un objectif majeur dans un pays où le dessalement ne couvre actuellement que 18% de la demande en eau.
Une réponse aux défis posés par le bouleversement climatique
Ainsi, la stratégie de dessalement de l’eau de mer constitue une réponse aux défis posés par le changement climatique, auquel l’Algérie est de plus en plus exposée. Le pays subit une baisse drastique des précipitations annuelles et connaît des épisodes de sécheresse intensifiés, menaçant directement la disponibilité de l’eau potable pour la population et les secteurs économiques vitaux. Cette situation a incité les autorités à accélérer le développement des infrastructures de dessalement, une option coûteuse mais indispensable pour sécuriser les besoins en eau dans un contexte de raréfaction de cette ressource naturelle.
La finalisation des stations de dessalement, en grande partie axée sur l’installation des équipements et le raccordement aux réseaux de distribution, représente un défi technique. Les équipes techniques spécialisées et majoritairement issues des filiales de Sonatrach, s’efforcent d’assurer le bon fonctionnement de ces installations pour une mise en service prévue dès la fin de l’année. Ce projet marque une étape décisive dans la stratégie hydrique nationale et souligne l’importance de renforcer l’autonomie du pays en matière de ressources en eau.