Par Amar R.
Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a prononcé une forte allocution devant le Conseil de sécurité de l’ONU, à l’issue du veto opposé par les Etats-Unis à un projet de résolution qui appelle à un cessez-le-feu à Ghaza.
Déplorant «un triste jour pour le Conseil de sécurité, les Nations unies et la communauté internationale dans son ensemble», M. Bendjama a expliqué que l’échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution appelant à un cessez-le-feu «immédiat, sans conditions et permanent» à Ghaza aura des «conséquences dévastatrices sur l’ordre international».
Cependant, M. Bendjama a souligné l’engagement que «ce ne sera pas la dernière fois que le Conseil de sécurité sera contraint d’aborder le règlement de la question palestinienne». L’ambassadeur d’Algérie auprès de l’ONU a martelé: «Nous reviendrons bientôt devant le Conseil de sécurité pour exiger un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent», cette fois avec une formulation plus forte et plus stricte en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations unies, et nos efforts ne s’arrêteront pas tant que ce Conseil n’aura pas agi de manière décisive».
«Un membre bloque toute action du Conseil de sécurité»
Dans son discours qui a fait l’effet d’un séisme au sein du Conseil de sécurité, Amar Bendjama a indiqué : «Nous avons fait d’énormes concessions au cours des négociations, mais malgré cela, un membre a choisi de bloquer toute action du Conseil». Selon lui, cet échec envoie deux messages clairs. D’abord, à la puissance occupante israélienne, en affirmant : «Vous pouvez continuer votre génocide, vous pouvez continuer votre punition collective contre le peuple palestinien en toute impunité. Dans cette salle, vous jouissez de l’immunité».
L’autre message qui s’adresse au peuple palestinien est comme suit : «La grande majorité du monde est solidaire de votre situation, mais malheureusement, il est tragique que certains ne se soucient pas ici de la souffrance du peuple palestinien».
Aussi, le diplomate algérien n’a pas mâché ses mots pour questionner le Conseil de sécurité sur son incapacité à décider d’un cessez-le-feu à Ghaza : «N’est-il pas suffisant que 44 000 Palestiniens aient été tués à Ghaza, dont 70% de femmes et d’enfants ?» «Combien de temps allons-nous attendre avant d’imposer un cessez-le-feu ?» et «N’est-il pas suffisant que le nombre d’orphelins à Ghaza se situe aujourd’hui entre 17 000 et 18 000 personnes».
«Israël a tué en an plus de journalistes que durant la Seconde Guerre mondiale et la guerre du Vietnam réunies !»
Et de poursuivre : «Combien d’enfants doivent encore mourir avant que ce Conseil prenne des mesures ? N’est-il pas suffisant que 170 journalistes aient été tués à Ghaza ? Combien de journalistes doivent encore mourir avant que ce Conseil prenne des mesures ?» Il a fait remarquer, en outre, qu’«Israël, la puissance occupante, a tué plus de journalistes en un an que pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre du Vietnam réunies», pour s’interroger sur le silence de ceux qui prétendent défendre les droits de l’homme et la liberté d’expression. Idem pour les 326 travailleurs humanitaires tués ainsi que pour le millier de travailleurs de la santé qui ont été tués, et de «la majorité de la population de Ghaza qui a été contrainte de se déplacer et est maintenant confrontée à la famine». «Combien d’autres personnes doivent être tuées avant que ce Conseil décide d’imposer des sanctions ?» s’est-il demandé aussi. M. Bendjama n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer l’impunité dont jouit l’entité sioniste au sein du Conseil de sécurité, où «les dirigeants d’Israël agissent et sont pleinement conscients qu’ils jouissent de l’impunité, ils savent qu’ils s’en sortiront». Selon lui, ces derniers «savent très bien que cet organe, le Conseil de sécurité, qui est chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales en vertu de la Charte des Nations unies, sera empêché d’agir et de prendre des mesures pour arrêter le génocide aujourd’hui».
Pour rappel, les Etats-Unis ont opposé hier leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU qui appelle à un cessez-le-feu à Ghaza, en soutien à leur allié sioniste. Le projet de texte qui a été présenté par ses 10 membres non permanents, a recueilli quatorze voix pour et une voix contre, exigeait «un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties» et «la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages».