Surconsommation d’antibiotiques en Algérie : Benbouzid tire la sonnette d’alarme

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/A l’occasion de la journée mondiale des résistances aux antibiotiques, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a tiré la sonnette d’alarme sur l’abus de consommation de ce médicament constaté chez les Algériens. Une surconsommation qui a atteint son pic lors de ces deux dernières années de pandémie mondiale.

En effet, même si beaucoup de personnes ont tendance à aller facilement vers les antibiotiques pour le moindre petit bobo, ce phénomène a pris de l’ampleur avec l’arrivée du virus. Un avis aussi partagé par Fella Semmar, pharmacienne propriétaire de l’officine La Belle Fontaine dans la banlieue ouest d’Alger.

Une pharmacie écoulait jusqu’à 100 boites de Vibramycine/jour

«Effectivement, nous avons constaté une hausse importante de la consommation d’antibiotiques sans prescription médicale durant la pandémie. Même si cette pratique est très courante, elle a pris des proportions inquiétantes car les malades ne prenaient même plus la peine de demander conseil aux pharmaciens se contentant des avis de leurs amis et familles», a affirmé notre interlocutrice. Et d’ajouter : «En cette période de pandémie, nous avons eu des jours où on écoulait plus de 100 boites de Vibramycine, tous génériques confondus. Pareil pour l’Augmentin devenu carrément introuvable à un certain moment. Le comble, c’était ces personne qui se confectionnaient des petits stocks au cas où…»

L’avis d’un professionnel

Cependant, comme l’indiquent de nombreuses études, avoir la main légère sur les antibiotiques peut être un acte lourd en conséquences pouvant constituer un véritable danger sur notre santé. C’est ce explique Fella Semmar. «Ce genre de comportement est très néfaste pour la santé publique car il est connu qu’avec la surconsommation d’antibiotiques, les microbes développent des résistances, les gens ne sont pas conscients de cela mais nous, en tant que praticiens, nous le constatons au quotidien. Il suffit de voir les antibiogrammes qui accompagnent les analyses des malades. Cela prouve qu’il y a effectivement résistance», affirme-t-elle. C’est sans oublier les personnes vulnérables qui risquent d’être encore plus affaiblies ou obligées d’aller vers des traitements beaucoup plus lourds et par conséquent plus couteux. «C’est un véritable danger surtout pour les personnes qui souffrent de maladies chroniques notamment le diabète, elles sont fréquemment sujettes aux infections», a indiqué la pharmacienne.

L’éducation thérapeutique pour minimiser les dégâts

Face à la gravité de la situation, notre interlocutrice n’a pas voulu rester les bras croisés et a tenté de contrer l’automédication et la surconsommation des antibiotiques à travers l’adoption du concept de l’éducation thérapeutique. «Au sein de notre officine, nous avons installé un poste de pharmacien chargé de l’éducation thérapeutique, il est en quelque sorte chargé du suivi des traitements de nos patients surtout les personnes âgés qui sont dans la plupart des cas non assistés. Notre objectif est de sensibiliser les gens sur les dangers de l’automédication en les incitant à nous demander conseil. Ce concept existe un peu partout dans le monde et j’encourage mes collègues à faire de même car je trouve que cela apporte une véritable valeur ajoutée à notre officine», a-t-elle déclaré.

W. S.

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