Par Brahim Aziez
Les prix des cigarettes et des tabacs à priser ont encore augmenté la fin de semaine dernière. Une augmentation qui intervient au lendemain de la publication sur le «Journal officiel» n°23 du 22 avril 2025 des nouveaux tarifs des cigarettes et autres tabacs à priser, sachant qu’en début d’année une augmentation 15 DA est venue acter la hausse du droit additionnel sur les produits tabagiques qui est passé de 50 à 65 DA. Sauf que sur le terrain, les augmentations varient cette fois-ci de 20 à 40 DA sur les prix affichés au public pour les cigarettes et tabac à priser, alors que le décalage entre les prix publics affichés par les différents producteurs et ceux pratiqués chez les buralistes varient entre 10 et 60 DA par paquet. Une situation qui confirme le manque d’emprise sur ce marché ô combien lucratif, malgré tous les avertissements des pouvoirs publics qui doivent, en sus, gérer la contrebande des cigarettes.
Selon le peu de chiffres dont nous disposons, les Algériens consommaient 700 millions de sachets de chique (tabac à priser) en 2018, alors que la consommation de cigarettes dépassait les 1,5 milliard d’unités durant cette même année. Il est clair que la production et la consommation ont nettement augmenté depuis, surtout que plusieurs intervenants activent, aujourd’hui, dans ce secteur.
En effet, ces arrêtés interministériels datés 16 mars 2025, et publiés au titre du ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché, concernent les prix de vente au public et en TTC du tabac à priser de Demat Algérie SPA, mais aussi des cigarettes de British American Tobacco SPA BAT, de la société Algéro-Emiratie SPA STAEM, et de United Tobacco Company SPA UTC.
Sur le tabac à priser, le sachet de 30 gr «chemma» Assila qui est fixé à 170 DA se retrouve à 220 DA chez les buralistes (+20 DA).
Pour rester sur les cigarettes étrangères les plus prisées, on illustrera cette différence par les Marlboro qui sont proposées au public à 450 DA le paquet, alors que leur prix est fixé à 390 DA (+60 DA), les Camel blondes coûtent 400 DA le paquet alors que celui-ci devrait être affiché à 350 DA (+50 DA), les LM sont proposées à 380 DA alors que leur prix devrait être de 330 DA (-50 DA), les Gauloises sont à 420 DA le paquet contre 360 DA officiellement (+60 DA). Il en est de même pour les cigarettes «algériennes», mais à des niveaux moindres. Les Rym qui sont proposées aux consommateurs à 280 DA sont censées l’être à 270 DA (+10 DA), alors que les Nassim coûtent 260 DA le paquet alors que leur prix officiel est de 220 DA (+40 DA).
Un arsenal de mesures pourtant mis en place
Il convient de souligner que les prix des produits tabagiques pratiqués chez les bureaux de tabac ou sur le marché n’ont jamais été conformes à ceux publiés par arrêtés ministériels, et fixés par les sociétés qui produisent en Algérie les cigarettes et le tabac à chiquer (priser).
Les pouvoirs publics qui mènent campagne contre la spéculation dans toutes ses formes ont déjà entamé des mesures pour tenter de réguler le marché des produits tabagiques.
En juillet 2024, les prix des cigarettes et tabacs à priser étaient publiés sur le «Journal officiel» pour mettre fin aux rumeurs d’éventuelles augmentations des prix. Ce fut peine perdue puisque les prix augmenteront de 10 DA/paquet chez les bureaux de tabac quelques semaines plus tard.
En décembre dernier, le gouvernement a renforcé son arsenal de mesures pour encadrer ce secteur. Une décision, publiée sur le «Journal officiel» n°84, impose des règles strictes aux distributeurs de tabac pour mettre de l’ordre dans ce marché.
Il est, désormais, exigé des distributeurs d’obtenir un agrément officiel, délivré par la Direction générale des impôts, pour exercer leur activité. Ce document, soumis à des conditions précises, définies par un cahier des charges, vise à garantir une gestion rigoureuse et une traçabilité totale des produits tabagiques. En plus de cette réforme, chaque centre de distribution devra tenir un registre détaillé des stocks, appelé compte-matières, pour enregistrer toutes les entrées et sorties de marchandises. Ce registre, clôturé chaque année au 31 décembre, permettra de suivre avec précision les flux de produits et de prévenir tout détournement.