Tebboune met le holà : Pas de politique en agriculture !

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PAR BRAHIM AZIEZ

L’Agriculture revient, une fois de plus, au-devant des préoccupations des plus hautes autorités du pays, qui entendent remettre le secteur à la place qui lui échoit, surtout par rapport aux défis de l’heure. Abdelmadjid Tebboune, qui présidait hier un conseil des ministres, a fixé les nouvelles missions des fermes pilotes, mais surtout il a ordonné de « s’éloigner complètement de la politisation du secteur et de l’intégrer davantage dans la technologie plutôt que dans la gestion administrative et bureaucratique ». Le chef de l’Etat a ainsi décidé de transformer les fermes pilotes en unités de production d’Etat, spécialisées
dans les légumineuses, les graines oléagineuses et les arbres oléagineux.

Le président de la République, qui a souligné son appréciation des « efforts déployés par les particuliers dans le secteur agricole », notera que « c’est à eux que revient le premier mérite de l’augmentation et de la diversification de la production et de la prise d’initiatives ». Le président de la République ne manquera pas d’insister sur le fait que l’adoption d' »une nouvelle mentalité est une condition préalable pour parvenir à une révolution dans le secteur agricole ». Il demandera par ailleurs de fixer des objectifs précis et lancer des initiatives au profit des jeunes fraîchement diplômés en quête de réussite et les motiver, notamment dans les filières légumineuses. De même, il préconisera d’encourager les unités de production qui ont prouvé leur réussite et leur capacité à développer l’activité agricole et diffuser leur modèle.

On se rappelle que lors du conseil des ministres du 4 mai 2023, le chef de l’Etat avait relevé que les résultats de la vision adoptée en direction des fermes pilotes n’étaient pas à la hauteur des aspirations de l’Etat. Par conséquent, le président de la République avait ordonné l’élaboration d’une nouvelle vision profonde et globale, soulignant le nouveau rôle et le cadre juridique devant les protéger et maintenir leur pérennité à travers toutes les régions, en fonction de la spécialisation agricole de chaque région. « Une vision qui dégagerait une approche globale à même de mettre en avant le nouveau rôle de ces fermes et le cadre juridique devant les régir, et en préserver la pérennité à travers toutes les régions du pays, en fonction de la vocation agricole de chaque région », pouvait-on lire
dans le communiqué diffusé à l’issue de la réunion du conseil des ministres du 4 février.

Une nouvelle vision pour les fermes pilotes, plus approfondie et globale

Abdelmadjid Tebboune affirmait alors que « les résultats de la conception des fermes pilotes n’ont pas été à la hauteur des exigences de l’Etat », enjoignant le ministre de l’agriculture de « transformer les fermes pilotes en pépinières pour les ressources animales et végétales », de manière à en faire « une locomotive pour la recherche et le développement du secteur agricole, dans le cadre du processus de développement de l’économie nationale ».

Le président de la République avait ordonné, dans un premier temps, que les fermes pilotes soient transformées en pépinières pour les ressources animales et semences végétales, de manière à servir de locomotive pour la recherche et le développement du secteur agricole, dans le cadre du développement de l’économie nationale. Mais lors du conseil des ministres du 4 février, il a carrément ordonné le changement de la nature des fermes pilotes, leur
dénomination, jusqu’à leur fonction agricole et économique dans son ensemble.

Dans le même ordre d’idées, le chef de l’Etat avait instruit l’intégration des fermes pilotes dans la chaîne de la production nationale, notamment celles de grandes superficies, pour combler le déficit, notamment dans la filière des légumineuses. L’accent avait été mis sur l’évaluation de la relance de l’investissement dans le cadre du partenariat avec les entreprises et les établissements publics du secteur de l’agriculture, ainsi que sur la définition d’objectifs clairs et mesurables et la fixation d’échéanciers de mise en œuvre.

L’objectif de cette nouvelle approche était de mettre en place progressivement des exploitations agricoles de référence capables de contribuer de manière significative au renforcement des bases de la sécurité alimentaire du pays. Créées en 1990 dans le cadre de la restructuration des domaines autogérés de l’Etat, les fermes pilotes, au nombre de
162, renferment pourtant les meilleures terres arables du territoire national, dont la superficie dépasse 160.000 ha. Elles avaient pour mission de développer la production agricole, garantir l’approvisionnement des agriculteurs en produits stratégiques et préserver le patrimoine génétique animal et végétal du pays. Plus de 30 ans plus tard, le bilan est plus que mitigé.

Ces fermes, qui auraient englouti plus de 1500 milliards de centimes, peinent à jouer le rôle qui leur a été dévolu par les pouvoirs publics. Elles n’ont pas, non plus, contribué à réduire la facture des importations de produits alimentaires. Aujourd’hui, des dizaines d’entre elles sont sous-exploitées, tandis que d’autres sont livrées à l’abandon et font face à l’avancée du béton.

B. A.