La rencontre gouvernement-walis qui se tient depuis hier au Palais des nations du Club des Pins est l’occasion pour évaluer le travail effectué par les walis depuis la dernière rencontre, tenue il y a exactement un an et sanctionnée par 182 recommandations, mais aussi pour responsabiliser ces commis de l’Etat en rétablissant les prérogatives qui doivent être les leurs. «Le rétablissement du rôle des walis fait partie des objectifs de ces journées», lancera le président de la République qui a présidé le coup d’envoi des travaux de cette rencontre, rappelant que durant les années 90, ces derniers ont été dépourvus de nombre de leurs attributions. Il annoncera, dans ce sens, la promulgation prochaine d’un décret présidentiel qui fixera leurs attributions en tant que premiers responsables de leurs wilayas.
«Fini l’Etat des peaux de banane»
Plus encourageant, Abdelmadjid Tebboune ajoutera : «Les walis doivent prendre leurs responsabilités et ne plus craindre les lettres anonymes», soulignant qu’il n’y a plus d’ouverture d’enquêtes sur la base de lettres anonymes, et qu’ils ne doivent plus craindre de prendre des décisions pour ne pas risquer d’être poursuivis en justice. «Les craintes de prendre des décisions doivent disparaitre du moment qu’il n’y a pas d’intention d’en profiter ou de faire profiter sa famille ou son entourage», insistera-t-il en affirmant : «Fini l’Etat des peaux de banane. Nous sommes dans un Etat moderne.»
Le président appellera ainsi les walis à œuvrer à améliorer les conditions de vie des Algériens. «Vous n’êtes pas là pour compliquer la vie des citoyens, mais à leur faciliter la vie», dira-t-il, avant d’ajouter toujours à l’adresses des walis : «Ceux qui veulent travailler auront toute notre aide. Mais ceux qui ne veulent pas le faire n’ont qu’à venir s’excuser et se retirer.»
Corruption des responsables locaux, les enquêtes se feront à Alger
Le président abordera aussi la question de la corruption. A ce propos, il annonce que toutes les enquêtes sur des soupçons ou des preuves de corruption de responsables locaux seront désormais menés à Alger par des institutions spécialisées. «Désormais, précisera-t-il, les services de sécurité locaux ont l’interdiction absolue d’enquêter sur ce genre de dossier. Fini le temps où une personne, se sentant lâchée par un wali, se met à lui créer des problèmes pour aller ensuite éteindre l’incendie.»
Révision du code communal et de wilaya
Le président de la République relèvera que pour arriver à décentraliser, les disparités entre les communes doivent être résorbées. «Nous comptons 1541 communes, dont plus de 1000 sont pauvres. Nous ne pouvons pas aller vers la décentralisation du moment que l’argent vient de l’Etat», dira M. Tebboune qui annoncera, dans la foulée, la création d’une commission à l’issue des travaux de la rencontre gouvernement-walis, avec pour tâche d’entamer à la révision du code communal et de wilaya en vue de renforcer davantage la décentralisation et créer des ressources de financement pour les collectivités.
Le chef de l’exécutif a affirmé que cette commission devant être créée par décret présidentiel ou exécutif, devra voir le jour à l’issue de la rencontre gouvernement-walis, et entamera aussitôt la révision des codes communal et de wilaya. Il précisera que celle-ci sera «placée sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire, et composée de représentants du conseil de la nation, de l’assemblée populaire nationale, du ministère des finances, ainsi que des représentants d’élus locaux».
Placée sous le thème «Promotion de l’économie nationale et développement
Local», cette rencontre gouvernement-walis débattra du «rôle du wali dans le développement économique local», du «nouveau cadre juridique pour améliorer le climat d’investissement», et de «la réforme financière et la fiscalité locale». Aussi est-il utile d’ajouter que le premier magistrat du pays a évoqué la possibilité de revoir le mode de financement des communes à travers les taxes.
La fin des zones d’ombre en 2023
La prise en charge des préoccupations des citoyens et la résorption des zones d’ombre auront constitué l’entrée en la matière de l’allocution du président de la République à l’adresse des walis lesquels devront présenter leurs bilans au ministre de l’Intérieur. «Nous avons réglé 82% de ces zones d’ombre à coup de milliards, et ce n’est pas une perte du moment que cela va aux citoyens. Mais il ne faut pas s’attarder à embellir les villes en oubliant que 8 millions d’Algériens qui vivent en dehors de ces villes, et qui continuent à souffrir», adressera-t-il aux commis de l’Etat auxquels il demandera de tout régler d’ici la fin de l’année. «Tout doit être fait pour sauvegarder la dignité des Algériens», ordonnera-t-il en précisant que 2023 doit marquer la fin des zones d’ombres et des galères des citoyens.
Le président saisira l’occasion pour remercier le groupe Sonelgaz qui aura fourni de gros efforts en alimentant des localités isolées et autres exploitations agricoles.
B. A.