Tebboune rassure la classe moyenne : «La levée des subventions concernera ceux qui ont des revenus très élevés»

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/L’occasion de la traditionnelle rencontre avec la presse a été saisie par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour revenir sur la levée des subventions  par la loi de finances 2022 qui vient d’être votée par les deux chambres (APN et Sénat). Le président Tebboune a, ainsi, réaffirmé que l’État ne renoncera point à son caractère social.

«Il n’y a aucun débat là-dessus, les aides sociales en Algérie se poursuivront jusqu’à la fin des temps, car le maintien du caractère social démocratique de l’État répond à un devoir de fidélité au serment des chouhadas et à la Proclamation du 1er Novembre 1954», a-t-il indiqué en précisant que les aides iront à ceux qui en ont besoin. «L’Algérie compte des gens qui touchent le SMIG, mais aussi des milliardaires. On ne peut pas prendre en charge tout le monde de la même manière», a-t-il renchéri.

Le président de la République a reconnu, encore une fois, le poids des subventions qui a atteint les 17 milliards de dollars annuellement, d’où, selon lui, la nécessité d’introduire des réformes structurelles de l’économie nationale. «L’aide sociale est indispensable, mais à ce niveau, c’est du gaspillage» reconnaitra le Chef de l’Etat qui réfute qu’un père de famille qui dispose de 5 véhicules dans son foyer où chaque membre a sa propre voiture pour ses déplacements, ait besoin des aides sur le carburant. Il admettra, par contre, qu’un citoyen qui utilise son véhicule pour aller travailler ou pour travailler avec, bénéficie de l’aide sur le carburant.

La comparaison sera portée, aussi, sur le sucre où on ne peut pas mettre au même niveau le père de famille qui achète du sucre pour son foyer et celui qui utilise le sucre dans le cadre de ses activités commerciales ou industrielles. 

Un débat national pour définir les aides sociales

Sur la forme que prendra cette aide sociale, Abdelmadjid Tebboune a affirmé que sa révision passera par un débat national élargi, assurant que la levée des subventions sociales concernera seulement un tiers des citoyens parmi ceux ayant des  revenus très élevés.

Interrogé sur l’échec des précédentes tentatives de réforme de la politique de subvention, M. Tebboune l’a imputé à l’improvisation qui a marqué cette démarche dans le passé et le manque de crédibilité des institutions qui ont entrepris ces réformes. Pour y arriver, il faut, selon le président de la République, qu’il y ait un débat national sur la révision de l’aide sociale consacrée par la Loi de finances 2022, auquel les syndicats doivent être partie prenante. Et le Président Tebboune d’ajouter : «Les mécanismes de cette révision ne sont pas encore arrêtés, ni encore ses modalités, ses objectifs et les concernés», dira-t-il en faisant remarquer que cette réforme nécessite un certain niveau de numérisation et des statistiques précises sur les revenus en vue de classer les catégories pauvres, moyennes et riches. Or, les statistiques actuellement ne sont pas minutieuses à ce sujet.

Augmentation du point indiciaire et allocation chômage proche du SNMG

Sur l’augmentation des salaires, Abdelmadjid Tebboune, qui ne précise pas si celle-ci interviendra en même temps que les réformes sociales ou si c’est pour plus tard, indiquera qu’elle sera en rapport avec la productivité. Il  précisera, tout de même, qu’il sera question d’augmenter le point indiciaire de manière à ne pas léser certaines catégories par rapport à d’autres.

Abordant la question de l’allocation chômage, le président Tebboune dira que les chômeurs bénéficieront «d’un salaire en attendant qu’ils obtiennent un poste de travail», en précisant que le montant de cette allocation «sera proche du Salaire National Minimum Garanti (SNMG)». Il précisera, toute fois, que ladite décision ne sera prise qu’après «l’ouverture d’un débat autour de la question», lançant un appel aux syndicats pour s’impliquer dans le débat des réformes des subventions.

Ce qui reste sûr, c’est que ces réformes interviendront l’année prochaine.

B. A.

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Tebboune : «2022 sera l’année des réformes structurelles pour la réédification de l’Etat»

Lors de sa rencontre périodique avec des représentants de la presse nationale, Abdelmadjid Tebboune a confirmé ce qu’on savait déjà et a fait de nouvelles annonces importantes dans les secteurs économique, social et de politique intérieure et étrangère. Le chef de l’Etat a indiqué que 2022 sera « l’année des réformes structurelles pour la réédification de l’Etat algérien moderne », faisant part de l’application, « pas à pas », de ses 54 engagements.

Le Président a d’abord rappelé qu’il avait déclaré devant les Algériens «54 engagements réels écrits et non des rêves ou des promesses électorales populistes», assurant qu’à la fin de l’exécution des engagements, «il y aura une autre Algérie». Indiquant qu’il suit la concrétisation de ses engagements «pas à pas», le Président Tebboune a fait état du début d’application sur le terrain de plusieurs engagements. Et d’affirmer que sa démarche visant à mener à bien les différentes réformes émane d’une parfaite connaissance «des dessous de l’Etat», précisant que «l’Algérie est un pays protégé» tout en menaçant «quiconque serait tenté de lui porter préjudice ou voudrait vendre le pays aux ennemis d’avoir à en payer le prix fort».

«Réforme institutionnelle»

L’Etat algérien a engagé plusieurs réformes institutionnelles dans le cadre duquel a été installée la Cour constitutionnelle, censée, a-t-il soutenu, «rassurer le peuple».

Le président de la République a affirmé, à cette occasion, que la phase post-électorale connaîtra plusieurs réformes concernant la reconstruction des bases sociales et économiques de l’Etat. «Après les élections des assemblées populaires communales et de wilayas, nous lancerons des réformes à caractère économique et social, en sus de la reconstruction des bases sociales et économiques de l’Etat afin de mettre en place un Etat moderne», a affirmé le chef de l’Etat.

L’Algérie, un pays fédérateur qui n’applaudit pas la discorde

Abordant les relations de l’Algérie avec ses voisins de la rive nord, le président de la République a affirmé que la révision de l’accord d’association avec l’Union européenne (UE) permettrait à l’Algérie de bénéficier des exonérations douanières qu’il prévoit, de façon à conforter son économie et renforcer sa production et ses exportations. «Nos relations sont d’abord méditerranéennes, maghrébines et arabes. Nous entretenons de bonnes relations avec l’ensemble des pays musulmans, hormis ceux qui nous sont hostiles. L’Algérie n’a de haine pour aucun pays », a-t-il ajouté. Dans ce contexte, le Président Tebboune a affirmé que «l’Algérie est un Etat qui rassemble les belligérants», en allusion à la participation de la Syrie au prochain sommet arabe prévu le 22 mars 2022 à Alger, ajoutant que cette rencontre devrait être unificatrice et qu’elle puisse constituer «un nouveau départ pour un monde arabe déchiré».

R. N.

Visite de Gantz au Maroc

«Une honte, un déshonneur»

Le président de la République ne pouvait pas rencontrer la presse sans évoquer la visite du ministre de la Guerre israélien au Maroc. Un fait qu’Abdelmadjid Tebboune a qualifié de «honteux» et de «triste».  «Un ministre de l’entité sioniste menace un pays arabe (l’Algérie) à partir d’un autre pays arabe (le Maroc), c’est infâme, honteux et déshonorant», dira-t-il en rappelant que «c’est la première fois depuis 1948 qu’un ministre de cette entité visite un pays arabe et y profère des menaces à l’encontre d’un autre pays arabe. Un tel acte entache d’opprobre le pays hôte.»

Lors d’une visite effectuée en août dernier au Maroc, le ministre des Affaires étrangères de l’entité sioniste s’en était pris à l’Algérie, qualifiant «de préoccupant, son rôle dans la région».

«Cet aventurisme dangereux du ministre sioniste bat en brèche le slogan de la prétendue «main tendue» que la propagande marocaine continue de répandre abusivement et vainement», avait rétorqué alors la diplomatie algérienne.

Y. C.

Il dénonce le deux poids deux mesures de la presse occidentale

«Ils veulent mettre l’Algérie à genou»  

Le président de la République a regretté, par ailleurs, la démarche de certains médias occidentaux qui n’évoquent nullement «les expériences réussies de l’Algérie dans nombre de domaines et braquent les projecteurs sur les points négatifs seulement ». «De nombreuses parties à l’intérieur et à l’extérieur ignorent que l’Algérie a un immense réseau routier et plus de 75 barrages construits ainsi que d’autres en cours de réalisation. Beaucoup ignorent que 12 millions d’élèves poursuivent leurs études, pris en charge par le budget de l’Etat, et que nous avons plus de 100 centres universitaires et quelque 12 écoles supérieures». Et d’ajouter : «L’on ne rapporte que du négatif sur l’Algérie, à l’instar des informations sur l’arrestation ou l’emprisonnement de certaines personnes».

Tebboune estime que «comparée aux autres pays de la région, l’Algérie a réalisé des acquis importants», «les victoires réalisées n’ont pas été mises en évidence». Le président, vraisemblablement très gêné par ce deux poids deux mesures des médias étrangers, souligne que «cela intervient au moment où les mêmes médias passent sous silence des développements dans d’autres pays où les peuples souffrent d’oppression et de famine et n’évoquent en aucun cas leurs affaires internes, ce qui confirme l’existence d’un plan pour mettre l’Algérie à genoux.» Et de mettre en garde les auteurs de ces attaques : «La diplomatie algérienne adopte aujourd’hui la politique d’égal à égal. Nous riposterons à toute attaque, et ce, quelle que soit la nature de l’adversaire».

Y. C.

Le retour à la normale des relations avec la France

«Oui, mais, mais «l’autre» doit comprendre certaines choses»

«Il faut bien que ces relations reviennent à la normale, à condition que l’autre (Macron) «conçoive sur une base d’égal à égal, sans provocation», répond Abdelmadjid Tebboune à une question sur la crise entre Paris et Alger.

C’est donc un petit espoir que Tebboune vient de donner à la France, très contrariée par les conséquences de la bourde commise par son président. «Nous sommes d’accord pour qu’on traite l’un avec l’autre pour ne pas nuire aux intérêts de chaque partie, mais nous n’accepterons pas qu’on nous impose quoi que ce soit», a ajouté le président algérien qui précise «qu’un retour à la normale des relations algéro-françaises est inéluctable, mais à des conditions. L’autre partie doit comprendre que le traitement d’égal à égal n’est nullement une provocation, mais plutôt un garant de la souveraineté d’un pays, arrachée au prix de 5.630.000 de martyrs tombés au champ d’honneur entre 1830 et 1962». «Les relations entre les deux pays doivent désormais obéir à un traitement d’égal à égal… L’Algérie ne tolérera aucun diktat», a fait observer le Président Tebboune qui a souligné que l’établissement de relations avec la France ne sera pas synonyme de placement sous sa tutelle. «L’Algérie ne sera jamais sous l’aile de la France, ni aucune autre aile d’ailleurs, on est grands et on décide en toute souveraineté», a-t-il tonné. 

R. N.

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