Tebboune trace la voie d’une Algérie émergente

0
80

PAR NABIL M.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a réaffirmé hier sa détermination à faciliter le travail des opérateurs économiques et à stimuler l’investissement pour faire de l’Algérie une économie émergente.

Lors de son discours d’ouverture de la deuxième édition de la rencontre nationale avec les opérateurs économiques, organisée par le Conseil du renouveau économique algérien (CREA) sous le thème «Algérie 2025, année de la réussite économique», le chef de l’Etat a détaillé une feuille de route ambitieuse visant à consolider la croissance, diversifier les exportations et moderniser l’appareil productif national.

Devant un parterre composé de hauts responsables de l’Etat, de chefs d’entreprise et d’acteurs majeurs du monde économique, réunis au Centre international des conférences (CIC) à Alger, le président de la République a exprimé sa volonté de faire de l’Algérie une économie émergente, diversifiée et exportatrice.

«A la fin 2027, nous voulons que l’Algérie soit comptée parmi les pays émergents, avec un PIB de 400 milliards de dollars. C’est cela notre but», a affirmé le président Tebboune, posant ainsi un cap clair. Il a insisté sur le rôle de cette rencontre comme une étape d’évaluation et de projection, en déclarant : «Cette rencontre est une occasion pour reconnaître ce qui est positif et corriger ce qui est négatif. Vous avez la liberté totale de vous exprimer sur tous les blocages».

«L’industrie est la meilleure réponse à l’importation»

Abordant le secteur de l’industrie, le Président a rappelé l’effondrement industriel des dernières décennies, évoquant «une chute de l’industrie de 18% du PIB dans les années 1970 à seulement 3% en 2019». Il a dénoncé un «désert industriel» qui, selon lui, menaçait la stabilité économique et sociale du pays. Aujourd’hui, l’Algérie atteint 7% de contribution industrielle au PIB. «Nous espérons atteindre 12 à 13% dans l’avenir», a-t-il précisé. L’industrie est, pour lui, «la meilleure réponse à l’importation».

Il a aussi souligné les résultats de la nouvelle Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), qui a enregistré «13 712 projets pour une valeur de près de 6000 milliards DA», avec l’ambition de créer 150 000 emplois, preuve selon lui que l’Algérie attire désormais les «investissements gagnants», rappelant que 21% des investissements totaux proviennent de l’étranger.

Par ailleurs, le président Tebboune a été catégorique sur sa volonté d’assainir l’environnement économique du pays. «Je me suis engagé à créer un nouveau climat pour l’industrie et une nouvelle génération d’hommes d’affaires qui nous fera oublier le passé des magouilles et des pillages», a-t-il assuré. Pour lui, seule la transparence permet d’assurer un climat de confiance et de justice économique. «Celui qui commet une faute de gestion sans magouille n’a pas à avoir peur», a-t-il rassuré.

 

Un objectif de 10 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures en 2025

Concernant le commerce extérieur, le chef de l’Etat a souligné que la diversification des exportations est au cœur de sa stratégie. «En 2025, nous ambitionnons d’atteindre 10 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures», a-t-il annoncé. Il a salué les engagements du CREA pour porter les exportations hors hydrocarbures à 30 milliards de dollars à moyen terme. Dans cette optique, il a énuméré les mesures prises par l’Etat pour faciliter les opérations d’export. «Nous avons ouvert de nouvelles lignes maritimes et d’autres seront ouvertes prochainement. Même chose pour les lignes aériennes qu’on a ouvertes vers des capitales africaines», a-t-il indiqué, ajoutant qu’il y a eu aussi l’ouverture des banques à l’étranger, en Afrique et en France.

En matière de commerce transfrontalier, le Président a mis en garde contre l’«exportation déguisée» constatée dans le cadre du troc avec le Mali, le Niger et la Mauritanie. Il a insisté : «Si le Trésor public ne bénéficie pas, alors nous n’exportons pas».

Autre axe fort du discours présidentiel : l’agriculture. «Nous enregistrions une croissance de 1% en 2019. Aujourd’hui, nous sommes à 4%», a-t-il noté. Il a salué l’atteinte de l’autosuffisance dans plusieurs filières et mis en avant les résultats obtenus dans la production de blé dur : «En 2024, nous avons couvert 80% de nos besoins, économisant 1,2 milliard de dollars. Cette année, nous visons 100% et une économie de 2,5 milliards de dollars».

 

PME, start-up et innovation au centre du modèle de croissance

Le Président a martelé que «l’appui de notre économie, ce sont les PME, PMI, les micro-entreprises et les start-up». C’est, selon lui, le véritable moteur d’une croissance inclusive et durable. «Nous avons franchi un grand pas. La croissance, c’est avant tout l’investissement et la création d’emplois», a-t-il insisté, ajoutant que les grandes institutions économiques internationales reconnaissent aujourd’hui cette dynamique.

Enfin, M. Tebboune a rappelé les défis qui persistent. «Aujourd’hui, nous avançons sur des équilibres difficiles. Les recettes de l’Etat n’ont pas connu de hausse», a-t-il souligné, appelant à la prudence et à la régulation. «Il faut étudier le marché, installer des systèmes de veille, limiter les importations sans créer de pénuries et moderniser l’économie avec intelligence», a-t-il estimé.

Dans ce même chapitre, le Président a rappelé la décision de la révision de l’accord d’association avec l’Union européenne «qui sont nos amis et avec qui nous partageons de très bonnes relations», a-t-il souligné. «Le plus important dans cette révision, c’est de sortir avec un accord», a-t-il ajouté. Pour lui, «il est normal que chacun défende ses intérêts». Dans ce sens, le Président a déclaré : «Il faut que les Européens nous ouvrent les portes des exportations, car l’Algérie d’aujourd’hui n’est plus celle d’avant».

Ainsi, cette rencontre a été l’occasion pour le chef de l’Etat de donner le ton : l’Algérie avance, veut tourner la page des errements passés et s’imposer comme un acteur économique crédible, industriellement fort, et exportateur hors hydrocarbures.