Tensions au sein des facultés de médecine : Baddari annonce une série de mesures

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PAR NABIL MANSOUR

Dans un contexte de tensions entre les étudiants en sciences médicales et les autorités, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, a rencontré hier au siège du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, les représentants des étudiants des différentes facultés de médecine. Cette réunion, qui a duré plus de sept heures, a abouti à plusieurs décisions.

Dans son communiqué, le ministère indique que les revendications des étudiants portent principalement sur l’augmentation des effectifs dans les filières médicales ainsi que sur la nécessité urgente de renforcer les infrastructures de formation. A l’issue de la rencontre, il a été décidé d’augmenter le nombre de places disponibles au concours de résidanat à 4045, contre 3045 précédemment, afin de mieux répondre aux attentes des étudiants. Le ministre a, par ailleurs, souligné que l’absence de régulation dans ce domaine pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la qualité de la formation et sur le système de santé en général, évoquant par là même une réévaluation du décret régissant les conditions d’admission et de démission des résidents.

La question du nombre de postes de résidanat n’est pas le seul point abordé lors de cette réunion d’urgence, qui s’est déroulée dans un contexte de paralysie des facultés de médecine en raison d’un mouvement de grève. En effet, plusieurs autres mesures ont également été annoncées durant cette rencontre. Parmi celles-ci, la création de groupes de travail réunissant des représentants des étudiants et des membres du ministère. Ces groupes auront pour mission d’examiner non seulement l’augmentation des bourses, mais également d’autres préoccupations soulevées par les étudiants.

Concernant la question de l’authentification des diplômes, la tutelle a annoncé qu’un recensement des demandes serait effectué via une plateforme numérique. Parallèlement, la date du 15 décembre de l’année en cours a été fixée comme dernier délai pour le dépôt des dossiers en vue de l’obtention de l’accréditation internationale WFME (World Federation for Medical Education), qui constitue une reconnaissance internationale attestant que les programmes de formation médicale d’un pays respectent des normes élevées de qualité.

S’agissant de la très controversée mesure coercitive relative à la démission des résidents, le ministre a annoncé la suspension de l’application de l’article 9 de l’arrêté 1144, fixant les conditions d’admission au cycle d’études médicales spéciales. Cette suspension intervient en attendant une révision conjointe avec les représentants des étudiants. Publié le 9 octobre, cet arrêté prévoyait une exclusion de trois ans pour tout résident en poste qui choisirait de démissionner afin de repasser un concours de résidanat. Bien que cette décision ait suscité des controverses, elle a été saluée par certains professionnels du secteur, notamment le Pr Rachid Belhadj, président du Syndicat national des enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires (SNECHU). Lors d’une récente intervention médiatique, il a souligné que de nombreux résidents, après avoir été rémunérés durant l’année, démissionnaient avant son terme pour se présenter à d’autres concours, mettant ainsi en péril la pérennité d’au moins une quinzaine de spécialités.

Par ailleurs, le communiqué précise que les préoccupations exprimées par les représentants des étudiants des facultés de sciences médicales à l’échelle locale ont été prises en compte. La date limite pour le lancement des travaux des différents groupes de travail chargés de traiter ces préoccupations a été fixée au 27 octobre.

Il convient de rappeler que les étudiants en sciences médicales ont entamé une grève ouverte à partir du 16 octobre, en réaction à l’arrêté interministériel concernant les postes de résidanat pour l’année universitaire 2024-2025. En plus du nombre jugé insuffisant de postes, ils protestaient contre l’application de l’article 9 de l’arrêté 1144, qu’ils considéraient comme arbitraire. Bien que plusieurs de leurs préoccupations aient été prises en charge, de nombreux étudiants continuent de dénoncer, notamment sur les réseaux sociaux, le fait que l’Etat n’ait pas pris en considération la question des débouchés à la sortie des facultés.