Tlemcen à l’heure du Mois du Patrimoine

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Par Mohamed Medjahdi

Le coup d’envoi de la célébration du Mois du Patrimoine a été donné jeudi dernier par la Secrétaire générale de la wilaya en inspectant plusieurs sites historiques tout en inaugurant des expositions, notamment celle organisée au niveau de la maison de la Culture Abdelkader Alloula.

Tout le long de ce mois, on prévoit des  conférences, des séminaires, des expositions et autres activités.

Le Directeur de la culture a souligné que cette période est une occasion de montrer le rôle de tout un chacun dans la préservation du patrimoine culturel que compte la wilaya.

Ce mois, a expliqué Amine Boudefla, Directeur de la culture, s’inscrit dans le but de la prise en charge de la protection et de la revalorisation du patrimoine matériel et immatériel, où une véritable dynamique doit s’enclencher, avec une prise de conscience quant à la nécessité de préserver ces richesses patrimoniales.

 

Une histoire à faire connaître

Redoubler d’efforts pour sauvegarder ce précieux patrimoine qui fait de Tlemcen un musée à ciel ouvert est une nécessité absolue, a-t-il estimé rappelant que «le Mois du Patrimoine n’est autre qu’un moment de partage et de rencontres, un instant privilégié pour découvrir l’histoire de Tlemcen, et ce, pour mieux l’appréhender».

A Tlemcen, un riche programme a été mis en place pour célébrer l’événement. Il s’agit d’expositions, concerts, visites guidées, spectacles, conférences… Même les associations regorgent d’idées pour faire connaître ce legs aux touristes et habitants.

C’est aussi un mois pour montrer le rôle de l’archéologie, cette discipline qui vise à restituer l’histoire et les modes de vie des générations passées par l’étude des vestiges matériels conservés dans notre environnement. D’ailleurs, dans ce sillage, des conférences sont programmées pour expliquer l’archéologie au service du patrimoine et la place du musée dans la société.

Tout au long de ce mois, les responsables du secteur sensibiliseront les populations sur la manière d’œuvrer davantage en faveur de la préservation du patrimoine, notamment les grands sites emblématiques que compte la wilaya de Tlemcen et dont pratiquement la majorité a bénéficié d’opérations de restauration, ainsi que la mise en place d’une politique d’entretien respectueuse de l’environnement.

L’événement  vise également à porter la réflexion sur le tissu urbain ancien de Tlemcen dans la perspective  de réussir le plan de sauvegarde de la  vieille médina de Tlemcen.

 

Intérêt pour le patrimoine

Sur le plan urbanistique, la capitale des Zianides présente une riche composition patrimoniale qui donne à la population le sens profond de sa place et de son identité. L’intérêt manifeste des habitants de la médina au patrimoine est observé par l’interpellation des pouvoirs publics à propos de certains quartiers abandonnés. Il est révélateur de l’attachement de la population tlemcénienne à son héritage urbain. Néanmoins, des transformations quotidiennes ont eu lieu, liées au remodelage des espaces (façades) et des reconstructions s’opposant au cadre bâti traditionnel.

Cette dégradation est due à la densification et à l’absence d’un minimum de confort, qui entraînent ces transformations et risquent de nuire gravement au site. Cette situation problématique, a affirmé lors d’un séminaire le Dr Fouad Ghomari, spécialiste en patrimoine, est le résultat d’une vision ambiguë vis-à-vis de cet espace urbain historique, reconnu dans les recommandations de nombreuses manifestations à caractère scientifique, par les différents acteurs qui préconisent la nécessité de remodeler et de restaurer les quartiers anciens par l’installation des équipements de base, tout en évitant leur marginalisation par rapport à la vie économique et culturelle de la cité. «L’adaptation des lois et des décrets exécutifs relatifs aux instruments d’aménagement et d’urbanisation (PDAU et POS), aux contextes spécifiques ont été souvent au cœur du débat lors de chaque événement marquant le Mois du Patrimoine», a-t-il rappelé.

Notons qu’à travers les conférences et tables rondes qui seront organisées durant tout le mois, l’objectif vise à sensibiliser les divers acteurs (élus, administrations, aménageurs, urbanistes, architectes, paysagistes, géographes, et ceux, en cours de formation) à la valeur de leur patrimoine culturel comme atout pour le développement durable et la qualité de la vie. C’est l’occasion aussi d’inculquer aux étudiants les modes de perception de l’espace à travers le triptyque qui existe entre l’homme, son histoire et son milieu urbain.

 

La musique andalouse au cœur de l’événement

Le patrimoine poétique de la musique andalouse est aussi au cœur de l’événement, car il offre la possibilité d’études qui n’ont point été exploitées pour parvenir à une définition plus claire de son évolution à travers les âges.

Selon le Dr El Hassar Salim, «cette approche nouvelle est précieuse pour connaître des étapes historiques d’évolution de ce patrimoine. Cette musique porte en elle les strates de son histoire, de son  évolution. Une telle étude nous permet certes aujourd’hui de savoir que cette musique n’est point celle héritée tout à fait de l’époque de Zyrieb, comme le suppose la tradition soutenue toujours par de nombreux historiens contemporains de l’art musical andalou.

Selon le Dr El Hassar, le patrimoine de la musique dite andalouse de l’école algérienne dans ses contenus à la fois poétiques et musicaux est loin d’avoir été exploité pour nous aider à mieux comprendre les différentes étapes de son évolution à travers les siècles. «La plupart des historiens et chroniqueurs ont avancé l’essentiel de nos connaissances aujourd’hui sur la musique de Cordoue, citant le rôle de Zyrieb et la grande œuvre d’art musical dont il fut pionnier dans cette ancienne capitale omeyyade qui a, d’une manière prodigieuse, honoré l’art et la culture en Occident musulman. Les chroniqueurs andalous dont Abou Hayyan, ce docte, historien, poète et logicien remarquable qui a séjourné à Tlemcen, et qui est d’ailleurs l’auteur de la fameuse histoire du «Djidar» (la ville Djidar) avec El Khidr et Moise (pour lui, le djidar dont il est question dans le Coran ne serait autre que le vieux Tlemcen, Agadir) ; ces chroniqueurs ont avancé l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur l’état de cette musique du temps des Omeyyades de Cordoue. Mais que valent leurs récits devant ce que l’identification des textes nous révèle aujourd’hui quand on sait que l’héritage de l’école maghrébine de musique andalouse est truffé de poésies chantées qui n’ont rien à voir avec la période omeyyade de Zyrieb et bien au-delà»

Le Dr El Hassar n’a pas manqué de plaider pour la  sauvegarde et la transmission de la mémoire des textes de tout ce qui peut être aussi restauré et qui font partie du socle de cette musique non encore suffisamment explorée sera sans doute d’une contribution importante à la promotion de la richesse de cet art ancestral de la poésie et de l’esthétique dans le Maghreb.

En effet, le pays tout entier demeure un musée à ciel ouvert : des sites historiques, des monuments, un patrimoine matériel et immatériel immense. Ceci dit, l’Algérie, terre des civilisations, jouit d’un patrimoine culturel matériel et immatériel très riche et exceptionnel. Chaque région du pays représente un espace mobilisant des particularités culturelles.