Touahria (ambassadeur d’Algérie à Rome) : «L’Algérie est prête à fermer les robinets de gaz vers l’Espagne»

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/Dans un communiqué remis à l’agence de presse italienne Nova Agenzia dont le texte intégral sera diffusé demain, l’ambassadeur d’Algérie à Rome, Abdelkrim Touahria, a affirmé que «l’Algérie est prête à couper l’approvisionnement en gaz naturel de l’Espagne, dans le cas de non-respect des accords conclus entre Alger et Madrid», rappelant, à cet effet, le communiqué d’avertissement émis par le ministère de l’Énergie et des Mines le 27 avril dernier.

Dans son article, Nova Agenzia n’a pas manqué de préciser que les autorités algériennes n’avaient pas révélé l’identité des pays tiers en cause, supposant qu’il «pourrait s’agir du Maroc» et rappelant, dans le même sens, le fait que l’Algérie avait rompu les relations diplomatiques avec le Maroc. Par ailleurs, le diplomate algérien a également évoqué le changement de position du gouvernement espagnol concernant le dossier sahraoui, en déclarant : «On ne sait pas pourquoi (ce changement), mais on peut l’imaginer», profitant de l’occasion pour rappeler que «l’Algérie n’a aucun problème avec le peuple espagnol». Depuis mars, de fortes tensions animent les relations entre Alger et Madrid. Cette crise diplomatique intervient suite au changement de position annoncé par l’Espagne le 18 mars concernant le dossier sahraoui. En effet, l’Espagne avait publiquement soutenu le projet marocain d’autonomie du Sahara occidental. Ce conflit diplomatique a eu des répercussions sur le dossier relatif au transfert du gaz naturel algérien à l’Espagne, car l’Algérie avait décidé de revoir ses prix et avait évoqué une éventuelle rupture de contrats au cas où le gaz algérien livré à l’Espagne serait vendu à des pays tiers. Le 27 avril, le ministère de l’Énergie et des Mines indiquait que «le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab, avait été informé par son homologue espagnole, Teresa Ribera, de la décision de l’Espagne d’autoriser l’exploitation, en flux inverse, du gazoduc (GME)». Suite à cette lettre, le ministère a mis en garde l’Espagne, menaçant d’une éventuelle résiliation des contrats.

Cette situation conflictuelle intervient en marge d’un contexte international marqué par la guerre russo-ukrainienne et le retour du confinement en Chine, qui menacent la stabilité de l’acheminement des hydrocarbures, notamment du gaz. Par ailleurs, les pays de l’Union européenne (UE) craignent la fermeture des robinets par le Kremlin et tentent de réduire leur dépendance au gaz russe en recherchant de nouvelles sources d’approvisionnement. Dans ce même contexte, il convient de rappeler que l’Italie, troisième puissance européenne, avait signé plusieurs accords avec l’Algérie, dont celui relatif à la fourniture de gaz naturel algérien dans le but de renforcer la coopération bilatérale dans le domaine énergétique, et ce, à travers l’exportation de plus de trente milliards de mètres cubes par an. Cette approche sera probablement adoptée par l’Allemagne, selon les récentes déclarations du vice-chancelier allemand Robert Habeck, ministre de l’Économie et du Climat.

Y. C.