Tourisme : Jil Siyaha, point de départ de la nouvelle vision algérienne

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Par Zine Haddadi

Le ministère du tourisme a dévoilé, jeudi, sa nouvelle stratégie de développement touristique local dans un séminaire de présentation de son programme Jil Siyaha. L’événement a vu la présence du ministre du tourisme, Mokhtar Didouche, celui de l’économie de la connaissance et des startups, Yacine Oualid, ainsi que le délégué de l’union européenne en Algérie.
Le programme Jil Siyaha est le fruit d’une coopération entre le ministère du tourisme et l’union européenne qui contient des outils de mise en œuvre d’une gouvernance locale du secteur touristique qui se veut moderne, intersectorielle avec la participation du secteur privé et l’inclusion des jeunes.

Le programme Jil Siyaha a débouché sur des schémas directeurs d’aménagement touristique qui a ciblé dans un premier temps quatre wilayas pilotes que sont Djanet, Sétif, Timimoun et Tlemcen avec des plans d’action axés sur des projets structurants.

 

Un programme cofinancé avec l’union européenne


Rappelant les résultats obtenus dans le secteur du tourisme, les grandes ambitions affichées pour l’avenir, Didouche a invité les walis à accompagner les schémas directeurs dégagés du programme Jil Siyaha, les considérant comme une feuille de route pour le développement du secteur au niveau local.
Le travail effectué à ce niveau a été d’identifier les niches à fort potentiel touristique dans les wilayas à travers un diagnostic. Une fois les niches identifiées, il a été question d’encourager l’investissement dans le domaine touristique, notamment par l’entrepreneuriat des jeunes (18-35 ans) mais aussi dans les secteurs de la culture, l’agriculture, l’artisanat et les services, considérés comme les chaînes des valeurs du tourisme.
Le programme Jil Siyaha a permis de déceler plusieurs projets touristiques sous forme de startups dans le cadre des plans d’action déclenchés dans les wilayas pilotes. Les meilleurs projets dans plusieurs catégories différentes ont bénéficié de financement de la part de l’UE allant de 5000 à 65 000 €. Le délégué de l’UE en Algérie, Thomas Eckert, a évoqué une enveloppe de 10 millions d’euros pour ce programme.

 

Une approche basée sur la numérisation et les startups

Pour encadrer le tout, des comités intersectoriels et un système de suivi ont été mis en place. Ces outils sont censés faciliter l’accompagnement des projets dans le domaine du tourisme par les autorités locales, notamment les walis.
Le programme repose également sur la numérisation, une priorité sur laquelle le président de la République a beaucoup insisté ces derniers mois. Dans cette optique, le séminaire organisé jeudi a été l’occasion du lancement d’une nouvelle application mobile baptisée Siyaha Tic dans laquelle les jeunes porteurs d’idées novatrices, de projets innovants pourront trouver via quelques clics un ensemble d’informations sur comment concrétiser leurs initiatives. Dans cette application, des offres d’emploi, des formations, des témoignages et des possibilités de financement sont également proposés.
« Pas mal de jeunes avec des idées novatrices souffrent d’un manque d’information sur le secteur. À travers l’application Siyaha Tic, ils auront les données nécessaires pour les accompagner dans leurs projets », a indiqué Abdelhamid Terghini, directeur national du programme au ministère du tourisme.
Le programme Jil Siyaha est une sorte de lien entre les jeunes porteurs de projets et les financeurs, a indiqué Cherifa Bensadek, experte en tourisme au ministère, qui a participé à la mise en place de ce programme.
Viser l’excellence, lever les entraves pour les jeunes investisseurs et renforcer les compétences à travers le développement des ressources humaines dans le domaine du tourisme ont été les axes qui ont fondé le programme, selon Mme Bensadek, qui a également évoqué le renforcement de l’essor de l’artisanat d’art et la promotion des territoires ruraux et le terroir.
Dans le programme en question, il a été possible de dégager 25 fiches de projet dans la wilaya de Djanet, 21 à Timimoun, 24 à Tlemcen et 23 à Sétif.
Ces projets pourront être suivis en temps réel via un tableau de bord, qui est en fait une plateforme numérique nommée Mokhatatic. A travers cette plateforme, les intervenants peuvent suivre en instantané la concrétisation des projets, avoir une idée sur la consommation du budget alloué, déceler les potentiels problèmes et intervenir pour les résoudre, a précisé Mme Bensadek.
Le travail effectué dans les quatre wilayas pilotes a permis de diagnostiquer les besoins pour chacune d’entre elles.

 

Un diagnostic et des recommandations

Ainsi, pour la wilaya de Djanet, les recommandations ont porté sur la valorisation des produits touristiques déjà exploités comme le parc national de Tassili n’Ajjer et le développement de nouvelles niches touristiques, conformément aux attentes des visiteurs.
Pour la wilaya de Sétif, il a été question de la structuration et de la professionnalisation du secteur du tourisme, mais aussi de la diversification de l’offre ainsi que sur la promotion de la destination.
A Timimoun, les recommandations ont porté sur la préservation du patrimoine ksourien et des oasis avec la diversification de l’offre et l’amélioration des retombées économiques entre autres.
Dans la wilaya de Tlemcen, le diagnostic a mené à la réflexion sur la valorisation du patrimoine écoculturel et sur l’amélioration de l’offre afin de la mettre aux standards mondiaux.
Dans son intervention, Mme Chérifa Bensadek, experte en tourisme, a développé son argumentaire sur l’importance du concept des routes. Dans les quatre wilayas concernées, ce concept est un axe sur lequel il faut travailler et investir.
Ainsi, elle a suggéré, selon le travail effectué dans le programme Jil Siyaha, d’explorer la route des Gueltas entre Djanet et Ihrir, celle des ksour à Timimoun avec l’inclusion des sites peu exploités jusque-là comme Guentour, Charouin, Talmin et Tinerkouk.
Pour Sétif, Mme Bensadek a privilégié ce qu’elle a appelé la route des montagnes avec le mont Babor, et enfin la route des oliviers pour la wilaya de Tlemcen avec l’exploration de la région de Béni Snous, des villages d’El-Kef et Ouled Belahcen évoquant Nedroma pour son aspect culturel.
Jil Siyaha, mis en place dans quatre wilayas jusqu’à présent, est la concrétisation d’une nouvelle vision du secteur du tourisme en Algérie, où les autorités ont décidé d’exploiter au mieux les potentialités du pays dans ce domaine.
La semaine dernière, le ministre du tourisme Mokhtar Didouche a annoncé l’approbation de 2000 projets touristiques, dont 800 sont déjà lancés ainsi que de restauration de sites touristiques.