Trafic de drogue : Le ministre de la Justice veut introduire la peine de mort

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Par S. Ould Ali

Alors que la réclusion à perpétuité constitue actuellement la peine maximale prévue par la législation algérienne en matière de trafic de drogue, le ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaâ, propose d’introduire, à travers un avant-projet de réforme de la loi n°04-18 du 25 décembre 2004, la peine de mort dans certains contextes jugés particulièrement sensibles. «La réclusion à perpétuité et la peine capitale seront appliquées lorsque le crime est commis à l’intérieur ou à proximité d’institutions éducatives, d’établissements scolaires, de structures d’enseignement ou de formation, d’établissements de santé, ou encore dans des organismes ouverts au public», a précisé le ministre.

Le texte prévoit également d’étendre l’application de la peine de mort aux cas de trafic de drogues dures ou de substances de synthèse, notamment lorsque leur usage entraîne des décès ou des atteintes graves à la santé publique. Autre mesure envisagée : l’instauration de récompenses financières pour toute personne fournissant des informations permettant l’arrestation de trafiquants ou la prévention d’actes criminels liés aux stupéfiants.

Ce durcissement des sanctions intervient dans un contexte marqué par une recrudescence du trafic de drogue et une diversification inquiétante des substances illicites en circulation. La cocaïne, les drogues de synthèse et autres psychotropes investissent désormais le marché de manière alarmante, touchant un public jeune. La récente saisie d’une quantité industrielle d’ecstasy au port de Mostaganem illustre la gravité de la situation. Le 28 avril, la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a annoncé l’interception de 1 650 000 comprimés d’ecstasy dissimulés dans un camion en provenance de Marseille. Estimée à plus de 400 milliards de centimes, cette cargaison constitue, selon les autorités, la plus importante saisie de ce type jamais réalisée en Afrique.

L’opération a permis le démantèlement d’un réseau criminel transnational opérant entre le Maroc et la France. Neuf suspects ont été arrêtés dans les wilayas de Blida, Tipasa et Alger. Ils ont été présentés le 24 avril devant le procureur de la République près le tribunal de Mostaganem, pour des chefs d’inculpation liés au trafic international de drogue en bande organisée, au blanchiment d’argent, à la falsification et à l’usage de faux dans des dossiers commerciaux. Ce réseau, selon les autorités, représente une menace sérieuse pour l’économie nationale et la santé publique.

Rappelons que dans son bilan pour l’année 2024, la DGSN a recensé
25 295 affaires de trafic de drogue, impliquant 38 038 personnes. Les saisies effectuées au cours de cette période comprennent notamment 5,7 tonnes de cannabis, plus de 377 kg de cocaïne, près de 1,5 kg d’héroïne, ainsi que plus de 14 millions de comprimés de psychotropes.

Face à l’ampleur du phénomène, les seules réponses sécuritaires et judiciaires ne pourront évidemment pas endiguer le fléau. La lutte contre le trafic et la consommation de drogues passe également par une stratégie fondée sur la prévention, l’éducation et la sensibilisation, notamment auprès des jeunes. C’est dans cette optique que les autorités s’engagent à travers la mise en œuvre de la «stratégie nationale multidimensionnelle» de lutte contre la drogue et les psychotropes, un projet, annoncé en décembre 2024, dont la finalisation est attendue au cours de ce premier semestre.