Par Abdellah B.
L’évolution du marché énergétique mondial et le resserrement de l’offre dans la zone euro offrent un caractère stratégique au gazoduc transsaharien et font de l’accélération de son entrée en fonction une urgence capitale.
De ce fait, les pays concernés, l’Algérie, le Niger et le Nigeria, se donnent à fond pour faire avancer ce mégaprojet dans cette course de positionnement sur le marché énergétique international et glaner plus de parts de marché dans le moyen terme. Raison pour laquelle les trois pays impliqués dans le projet de TSGP travaillent pour la réduction de la durée et du coût de réalisation de ce projet stratégique. C’est d’ailleurs l’objectif attendu de l’étude de faisabilité qui a été confiée au bureau britannique Penspen et dont les résultats seront connus dans un délai de six mois.
Si le délai de réalisation de ce genre de projet est d’une moyenne de 3 ans, «cette étude permettra de définir les stratégies d’accélération de la réalisation du projet afin d’entamer l’exploitation du TSGP dans les meilleurs délais», a affirmé Rachid Zerdani, conseiller à la Sonatrach, lors de son intervention, hier, sur les ondes de la radio nationale. Autrement dit, cette étude de faisabilité devrait apporter des éléments de réponse à la fois à la problématique de la réduction des coûts et l’accélération de la réalisation des travaux, tout en tenant compte de l’aspect environnemental qui définit l’avenir de ce projet dont la viabilité économique est déjà mise en avant.
En effet, les 1800 km restants de ce projet ne posent pas de grands soucis à ses promoteurs qui travaillent main dans la main pour éliminer toutes les entraves susceptibles de freiner son avancée, d’une part, mais aussi réduire le coût de réalisation, d’autre part. Sur ce point en particulier, l’Algérie et le Nigeria qui disposent déjà d’infrastructures importantes de transport de gaz sur le continent et d’une expertise dans la réalisation pourront donc prêter main-forte au Niger à la fois pour optimiser sa production et réaliser sa partie dans le projet de TSGP qui est de près de 1000 km. «L’Algérie et le Nigeria vont aider le Niger sur plusieurs plans dans ce projet, y compris la formation des personnels pour l’exploitation de ses ressources naturelles, le gaz en particulier», explique-t-il. Tenant compte de l’avancée des travaux dans les deux tronçons algérien et nigérian, le gazoduc transsaharien pourrait voir le jour dans les plus brefs délais, notamment si les sociétés des trois pays s’engagent dans la réalisation du tronçon restant.
Un marché international gourmand
Le resserrement de l’offre et le redressement de la demande sur le marché gazier international encourage l’implication des pays consommateurs dans le financement des projets structurants comme le TSGP. Un projet qui devrait apporter un supplément de 30 milliards de m3 de gaz par an. Un volume non négligeable pour les pays de l’Union européenne, en particulier, qui cherchent à diversifier leurs approvisionnements. Sur ce point, les perspectives de la demande pour le gaz naturel sont positives, soutenues par la politique européenne visant à réduire davantage l’utilisation du charbon en faveur du gaz et des énergies renouvelables. Ce qui offre donc une occasion pour l’Algérie et le Nigeria de renforcer leur position sur leur marché traditionnel. «Les quantités excédentaires à la demande européenne seront exportées vers d’autres destinations sous forme de GNL», notamment pour la région de l’Asie qui est aujourd’hui l’un des plus importants marchés des hydrocarbures dans le monde. Sur ce point, l’Algérie dispose d’importantes capacités de liquéfaction et des méthaniers capables de transporter du gaz naturel liquéfié sur de longs trajets. Par ailleurs, le défi à relever par les porteurs de ce projet tourne autour de la mobilisation des financements nécessaires pour son achèvement dans les meilleurs délais. Ce qui implique une forte mobilisation pour la promotion du projet sur la scène internationale. Le marché existe, la viabilité économique du projet est déjà confirmée, les ressources naturelles abondantes et une coopération sécuritaire accrue entre les trois pays, des facteurs qui encouragent l’implication des organismes financiers internationaux dans ce projet stratégique pour l’Afrique et pour l’Union européenne.