L’encours des réserves officielles de change du pays culmine actuellement à près de 65 milliards de dollars, selon les chiffres mis à jour avant-hier par la Banque d’Algérie (BA).
Un montant correspondant à une couverture suffisante pour plus d’un an et demi d’importations de biens et services. A fin septembre 2022, ce stock d’avoirs en devises (or monétaire non inclus) s’élevait à un total de plus de 52,76 milliards de dollars.
Hors droits de tirages spéciaux du FMI (DTS) et or monétaire, les réserves de change étaient estimées à plus de 48,75 milliards de dollars à la même date, avec un stock d’or monétaire inchangé de 5.585.772,702 onces, selon la même institution.
Après avoir atteint un record de 194 milliards de dollars en 2013, les réserves officielles de change, faut-il le rappeler, avaient entamé une longue tendance baissière à la suite du contrechoc pétrolier de la mi-2014, avant de retrouver désormais une nouvelle trajectoire positive, à la faveur notamment de l’amélioration des prix pétroliers mondiaux.
Signe de bonne santé macro-économique et macro-financière du pays, ces réserves en devises tiennent pour ainsi dire lieu de gage de solvabilité vis-à-vis du reste du monde, notamment dans le cadre des règlements des transactions commerciales à l’international.
Cela étant, à quels objectifs obéit cependant la logique de leur accumulation et comment sont-elles gérées exactement par les autorités monétaires du pays ?
Très au fait de la question, pour avoir longtemps occupé, par le passé, les fonctions de vice-gouverneur de la Banque d’Algérie, Djamel Benbelkacem nous affirme que «les réserves de change du pays sont bien gérées…».
Ces réserves, nous explique-t-il, «consistent en un stock de devises détenues et appartenant techniquement à la BA et est constitué par le cumul d’excédents des entrées en devises du pays par rapport à ses sorties».
Elles augmentent, ajoute-t-il, «en cas d’excédents de la balance des paiements et baissent, en revanche, si celle-ci enregistre des déficits».
Du point de vue de la réglementation, ces réserves, précise notre interlocuteur, appartiennent à la banque centrale, car c’est elle qui détient les devises et qui peut les monétiser pour des dinars et les revendre aux agents économiques pour faire face à leur règlement avec l’étranger dans le cadre des importations de biens et services, de transferts de dividendes de sociétés étrangères et autres transactions.
2 principes fondamentaux : sécurité et liquidité
Mais comment cette épargne du pays en devises est-elle entretenue et gérée par la banque centrale ? Selon l’ex-vice-gouverneur de cette dernière, la gestion des réserves officielles de change obéit à deux principes fondamentaux : «La sécurité et la liquidité.»
En clair, souligne-t-il, elles sont détenues en placements les plus sécurisés au monde, à savoir des titres souverains ou des bons de trésor des pays les plus riches et les plus sûrs économiquement, tel que l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Suède, les Etats-Unis et autres.
Quant au principe de leur liquidité, l’Algérie, indique-t-il, a toujours privilégié des placements souverains et à court terme, c’est-à-dire de durées de 6 mois à un an, de sorte à pouvoir en disposer rapidement en cas de besoin.
Aussi, conclut-il, l’Algérie a toujours choisi une gestion prudente de ses réserves, en évitant les placements privés et ceux à long terme, l’objectif recherché étant d’abord de ne pas prendre le risque de perdre, même si les rendements des placements actuels en titres souverains sont relativement faibles, voire parfois négatifs.
R.A.