Un nouveau pôle agricole international est né

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Par Abdellah B.

 La région sud-ouest du pays capte de plus en plus d’investisseurs étrangers dans le secteur de l’agriculture. Elle se prépare pour s’ériger en véritable pôle agricole et concurrencer la région sud-est, Oued Souf en particulier, qui s’est imposée depuis des années comme étant le plus important producteur. Après les Qataris et les Turcs, c’est au tour des Italiens de s’intéresser à l’agriculture saharienne dans la région sud-ouest du pays en mettant le paquet sur un mégaprojet d’une valeur de près d’un milliard de dollars.

En visite en Italie à la fin de la semaine écoulée, Abdelmadjid Tebboune et la première ministre italienne Giorgia Meloni ont signé un accord de partenariat pour la réalisation d’un mégaprojet dans la wilaya de Timimoun pour la production de céréales et de légumineuses et dans le domaine de l’industrie agroalimentaire qui s’étendra de 2024 à 2028 pour un coût initial de près d’un milliard de dollars, indique le communiqué de la présidence. Le projet en question devrait être réalisé sur une superficie de 37.000 ha par l’italien Ferraresi destiné à la production céréalière et à l’exportation des produits agroalimentaires. Le projet en question arrive donc à un moment crucial où l’Algérie multiplie les efforts pour garantir sa sécurité alimentaire en érigeant cette région du pays en véritable pôle agricole capable à la fois de répondre à une croissance galopante de la consommation interne, mais aussi d’exporter l’excédent de la production.

Dunes de blé à Adrar

Pour parvenir à cette finalité, le pays s’est lancé dans la réalisation de gigantesques mégaprojets dans la région, notamment à Adrar dont la première expérience a déjà donné ses fruits en matière de production céréalière.

En l’espace de près de deux ans, un projet turc mené par le groupe Dekinsan a réussi à métamorphoser la région en transformant les dunes de sable en dunes de blé, avec une production estimée à 1 million de quintaux cette année. Une production de plus de 1 million de quintaux de céréales, toutes variétés confondues, est attendue au terme de la campagne moissons-battages de l’actuelle saison agricole (2023-2024) qui se poursuit dans la wilaya d’Adrar, affirme la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya d’Adrar à l’agence officielle. «Cette récolte prévisionnelle sera réalisée sur une superficie globale de 22.950 hectares (ha) dont 17.249 ha sous-pivots, soit une hausse estimée à 20% de cette superficie comparativement à la saison précédente», indique la même source.

Dans le même sillage, la région s’apprête également à accueillir un mégaprojet pour la production laitière d’une valeur de 3,5 milliards de dollars dans le cadre d’un projet de partenariat avec les qataris de Baladna, qui sera implanté sur une superficie de plus de 100.000 ha. Selon le ministère de l’agriculture, cette superficie sera consacrée pour développer une ferme de production de céréales et de fourrage, une ferme d’élevage de vaches et de production de lait et de viande, ainsi qu’une usine de production de lait en poudre. Le projet en question accueillera dans un premier temps 50.000 têtes bovines, avant d’atteindre 270.000 têtes avec une production d’environ 1,7 milliard de litres de lait par an.

 

500 dossiers d’investissement

Outre ces trois mégaprojets, un autre projet consacré à la production de tomate industrielle est également entré en phase expérimentale dans la région d’Adrar, fruit d’un partenariat entre un investisseur privé, la société Souakri, en partenariat avec une ferme italienne. Le projet est considéré comme le premier sur le continent africain en matière de production maraîchère dont la phase d’essai concerne une superficie de 50 ha avant d’étendre la superficie pour atteindre les 500 ha sur les 1000 ha réservés par accueillir ce mégaprojet. «L’entrée en production est prévue, fin octobre 2024. C’est le plus grand projet maraîcher d’Afrique et l’un des plus grands au monde. Nous allons y produire des tomates et tous les produits maraîchers», indique l’investisseur Abdenour Souakri. Le projet en question est d’une valeur de 750 millions dollars, vise une production annuelle de 6000 t destinées à l’exportation, soit des revenus de plus de 500 millions de dollars par an.

A travers le lancement de ces gigantesques projets dans le sud du pays, l’Algérie vise non seulement à garantir sa sécurité alimentaire dans un marché international en perturbation constante, mais aussi à s’affirmer comme étant un acteur dans ce domaine en tirant profit des potentialités dont dispose le pays, notamment dans la région sud. D’après le directeur de l’agence algérienne de la promotion des investissements, Omar Rekkache, son agence a reçu depuis 2021 plus de 500 dossiers de projets dans ce domaine.

A.B.