Un nouveau souffle pour la coopération Algérie-UE

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PAR NABIL M.

 

La visite officielle du Directeur général du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et du Golfe à la Commission européenne, M. Stefano Sannino, marque un nouvel élan dans les perspectives de renforcement de la coopération algéro-européenne.

Arrivé hier à Alger pour un séjour qui va durer jusqu’au 24 du mois en cours, M. Sannino vient poser les jalons d’un partenariat rénové, inscrit dans une dynamique régionale ambitieuse. Cette visite permettra «d’échanger avec les hauts responsables algériens sur les perspectives de renforcement de la coopération algéro-européenne», a indiqué un communiqué de la Délégation de l’Union européenne en Algérie.

Cette mission s’inscrit résolument dans «la continuité des consultations menées autour du Nouveau Pacte pour la Méditerranée que la Commission européenne adoptera d’ici quelques mois, en vue de promouvoir une approche plus intégrée et cohérente de la coopération régionale», précise la même source.

Le programme du DG de la zone MENA à la Commission de l’UE est dense, avec des rencontres bilatérales avec plusieurs ministres algériens, notamment des Affaires étrangères, de l’Energie, des Finances et de la Culture, mais aussi une participation active à la Conférence sur les «Nouvelles dynamiques d’investissement et perspectives de coopération», organisée mercredi prochain au Sheraton d’Alger, conjointement avec l’Agence algérienne de promotion des investissements (AAPI) en présence des représentants du Conseil du renouveau économique algérien (CREA), et de la communauté des affaires en Algérie.

Au-delà des enjeux économiques, la visite de M. Sannino comporte également une dimension symbolique avec une visite à Timimoun, où il ira à la rencontre des bénéficiaires du programme «Jil Siyaha», dédié à la promotion d’un tourisme durable et local. Une incursion dans La Casbah d’Alger et une visite du musée du Bardo complèteront son séjour, illustrant l’attachement européen à la richesse culturelle algérienne.

 

Dialogue renforcé dans le cadre du Nouveau Pacte pour la Méditerranée

Selon la Délégation de l’UE en Algérie, cette visite «constituera une opportunité précieuse pour réaffirmer la volonté de l’UE de donner un nouveau souffle à la coopération bilatérale avec l’Algérie, dans le cadre plus vaste et stratégiquement articulé du Nouveau Pacte pour la Méditerranée». L’objectif est de réinventer la coopération régionale sur des bases plus cohérentes et intégrées, incluant l’Algérie, en tant qu’acteur incontournable du sud méditerranéen qui est au cœur de cette démarche.

L’UE aspire ainsi à un partenariat qui va au-delà des très fortes relations déjà existantes, notamment dans le secteur de l’énergie, pour bâtir d’autres complémentarités stratégiques au service d’une croissance durable et inclusive, dans un contexte géopolitique en mutation, et face à des défis partagés tels que la réindustrialisation, la compétitivité économique et la transition verte. Elle ambitionne également de «discuter avec les autorités algériennes du cadre le plus approprié pour accroître les investissements de l’UE en Algérie», souligne le même communiqué.

Ce rapprochement s’opère aussi sur le plan géopolitique. L’UE et l’Algérie entendent renforcer le dialogue sur des questions stratégiques majeures, notamment la lutte contre le terrorisme, la gestion coordonnée des flux migratoires, et surtout le développement d’interconnexions énergétiques au service de la transition verte des deux rives.

Dans ce contexte, l’UE réaffirme pleinement son engagement à œuvrer de concert avec l’Algérie pour faire de ces priorités les piliers d’un partenariat fiable, ambitieux et durable, fondé sur un dialogue apaisé et équitable avec l’ensemble des Etats membres de l’UE.

 

Rééquilibrer les échanges

Le contexte actuel donne du poids aux aspirations algériennes à réviser l’accord d’association signé en 2005 avec l’UE. Un processus désormais acté, comme l’a rappelé récemment le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de sa rencontre avec les opérateurs économiques au Centre international de conférences (CIC). «L’UE a accepté l’idée de la révision de l’accord. Nous ne demandons pas l’impossible, mais un partenariat plus équilibré, plus équitable», a avait-il déclaré.

Le chef de l’Etat avait insisté sur la nécessité d’une entente mutuelle entre la partie algérienne et celle de l’UE. «Ils ont besoin de nous, nous avons besoin d’eux. La meilleure chose à faire est de nous écouter les uns les autres», avait-il souligné. Une déclaration qui résume l’esprit d’un partenariat rénové, où l’Algérie entend défendre ses intérêts avec fermeté, sans rompre le dialogue.

Ainsi, l’Algérie et l’UE semblent déterminées à transformer leur relation en un partenariat durable et ambitieux. La visite de M. Sannino pourrait bien sceller cette nouvelle dynamique, à condition que les deux parties parviennent à concilier leurs intérêts stratégiques. Une chose est sûre, Alger et Bruxelles ont désormais les yeux rivés sur l’horizon méditerranéen, avec l’espoir partagé d’en faire un espace de prospérité commune.