Abdellah. B
Elément majeur dans la production de l’hydrogène vert, le développement de l’énergie solaire est d’une importance capitale pour l’Algérie, mais aussi pour les pays européens qui voient dans le sud de la Méditerranée leur éventuelle source d’énergie. Leur engouement pour investir dans cette filière en Algérie est expliqué dans une étude menée par des chercheurs saoudiens et algériens des universités d’Alger, de Blida et de M’sila intitulée «Advancing green hydrogen production in Algeria with opportunities and challenges for future directions», qui lève le voile sur l’énorme potentiel dont dispose le pays en ses différentes ressources d’énergies futures.
Selon les rédacteurs de cette étude, dont les résultats ont été rendus publics vendredi, la production d’hydrogène vert à partir de l’énergie photovoltaïque présente un potentiel important dans diverses régions de l’Algérie, que ce soit dans le Nord ou dans le Sud du pays. «La géographie et le climat diversifiés du pays, qui s’étendent sur des zones désertiques ensoleillées et un littoral nord tempéré, offrent une base solide pour des projets d’énergie renouvelable à grande échelle», indiquent les rédacteurs de l’étude en question.
Même si les conclusions de ce travail scientifique mettent en valeur le potentiel énorme de la région Sud du pays en raison de son ensoleillement tout au long de l’année, les auteurs de cette étude proposent de s’intéresser également à la région Nord du pays pour mener des projets de production d’hydrogène vert. «Les résultats révèlent que les régions désertiques, telles que Tamanrasset et Adrar, présentent un potentiel de production d’électricité photovoltaïque le plus élevé, générant respectivement 33,5 Gwh/an et 32,9 Gwh/an. Cela se traduit par des capacités de production d’hydrogène vert de 679 tonnes/an et 668 tonnes/an contre 29 GWh/an et 26,6 GWh/an d’électricité solaire à Tlemcen et Skikda respectivement, soit des rendements de 589 tonnes/an et 539 tonnes/an en hydrogène vert», lit-on dans le document. En comparaison avec d’autres pays comme l’Australie et l’Allemagne, l’Algérie dispose d’importantes potentialités qui dépassent de loin les capacités des pays en question, dont 361 tonnes pour l’Allemagne et 382 tonnes par an pour l’Australie.
Pourquoi le nord du pays ?
Certes, le potentiel de production de l’énergie solaire dans le Sud du pays est plus important qu’au Nord du pays. Mais le choix de l’implantation des infrastructures dans le nord du pays s’explique par de nombreux facteurs cités dans l’étude en question. Le premier est en relation avec les potentialités de production des énergies solaires dans la région nord (29 Gwh par an) qui désormais ne sont pas loin de la région sud (33,2 GWh par an). Le deuxième facteur cité par les chercheurs est relatif à la disponibilité des ressources hydriques dans le nord du pays pour alimenter les différentes unités de production de l’hydrogène en s’appuyant à la fois sur l’eau de mer et le traitement des eaux usées. «Dans le Sud du pays, la ressource en eau n’est pas renouvelable, ce qui exige sa préservation pour d’autres utilisations, notamment dans l’agriculture», expliquent-ils en suggérant l’utilisation optimale des stations de traitement des eaux usées dont dispose le pays avec une capacité de 1,8 milliard de m3 par an et qui fonctionnement actuellement à 30% de leurs capacités, soit une production annuelle de 600 millions de m3. L’autre élément essentiel cité dans ce document pour expliquer le choix économique de la région nord pour l’implantation des projets de production d’hydrogène vert est lié à l’existence des infrastructures de transport et la proximité des marchés. «Si les régions désertiques présentent une production solaire et d’hydrogène élevé, les régions du nord offrent un avantage stratégique en raison de leur proximité avec les marchés européens. L’infrastructure existante permet une exportation efficace vers les marchés européens, offrant un avantage stratégique dans le commerce de l’hydrogène vert», ajoute la même source.
Viabilité économique
Par ailleurs, la production d’hydrogène vert en Algérie sera destinée au marché européen, ce qui lui permettra au pays de «tirer un énorme bénéfice avec des prix allant jusqu’à 5,6 dollars le kg» par rapport au coût de production estimé entre «1,68 dollar à 1,70 dollar/kg dans le sud du pays et 1,92 dollar à 2,70/kg dollars dans le nord du pays». «Des coûts nettement inférieurs à ceux pratiqués en Allemagne avec un coût de production de 3,11 dollars/kg et 2,94/kg dollars en Australie», lit-on dans le document.