Universités et centres de recherche : une stratégie de rapprochement actée par 21 accords de jumelage

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Par M. Mansour

 

Briser le cloisonnement académique et repositionner l’université au cœur des enjeux socio-économiques, telle est l’ambition portée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui a supervisé, hier, la signature de 21 accords de jumelage entre des établissements d’enseignement supérieur et des centres de recherche. Cette initiative marque une inflexion dans la politique de l’enseignement supérieur, en cherchant à arrimer durablement la formation académique à la recherche appliquée et à l’innovation. Il ne s’agit plus simplement de transmettre des savoirs, mais de produire des solutions, de valoriser les compétences existantes et de décloisonner les savoirs pour répondre aux besoins concrets du pays. Derrière ces partenariats, une volonté claire : faire dialoguer les institutions, mobiliser les expertises et inscrire l’Université dans une logique de performance, de création de valeur et de contribution directe au développement national.

 

Une dynamique de transformation

Lors de la cérémonie de signature organisée hier à l’Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene (USTHB), le ministre Kamel Baddari a déclaré que «cette démarche marque une nouvelle étape dans la modernisation de l’Université algérienne». Il a, dans ce sens, souligné l’importance d’une recherche connectée aux réalités sociales et économiques, capable d’avoir un impact visible et mesurable sur le terrain.

Derrière ces jumelages se dessine donc la volonté de faire dialoguer les institutions, de mobiliser les expertises et d’inscrire l’Université dans une logique de performance, de création de valeur et d’utilité publique.

 

Recherche appliquée et priorités nationales

C’est précisément dans cette optique que l’USTHB a signé neuf accords avec des Centres de recherche nationaux, parmi lesquels le Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) et le Centre de recherche des technologies des semi-conducteurs pour l’énergétique (CRTSE). L’objectif semble clair : contribuer activement à la transition énergétique, en développant des solutions technologiques adaptées aux spécificités algériennes.

D’autres jumelages, notamment avec le Centre de recherche scientifique et technique en analyses physico-chimiques (CRAPC) ou l’Ecole nationale supérieure vétérinaire (ENSV), ciblent des domaines tout aussi cruciaux : santé, sécurité alimentaire, préservation de l’environnement. Autant de secteurs où la recherche peut répondre efficacement aux attentes de la société.

 

Ingénierie, numérique et ancrage territorial

L’université Djilali Liabès de Sidi Bel Abbès a, quant à elle, signé cinq accords de coopération. Parmi ses partenaires figurent l’Ecole supérieure en génie électrique et énergétique d’Oran (ESGEE) et l’Ecole nationale supérieure en informatique de Sidi Bel Abbès. Cette stratégie vise à créer une continuité opérationnelle entre la formation des ingénieurs et l’innovation technologique, en misant sur des filières à fort potentiel comme l’intelligence artificielle, le numérique ou encore l’efficacité énergétique.

L’université Ferhat Abbas de Sétif s’inscrit dans cette même dynamique, avec sept accords de jumelage centrés sur les biotechnologies, l’agroalimentaire et l’aménagement du territoire. Ces partenariats visent à moderniser les filières agricoles, à optimiser la gestion des ressources naturelles et à favoriser un développement durable à l’échelle régionale.

 

Vers une université performante et utile

Sur le plan opérationnel, ces accords prévoient des cadres de collaboration concrets, avec mutualisation des infrastructures, co-développement de projets scientifiques, mobilité des chercheurs, circulation des compétences. Ils favorisent également la rationalisation des ressources disponibles en évitant les redondances structurelles et en facilitant l’accès partagé à des équipements technologiques de pointe.

Au-delà de la recherche, ces jumelages jouent un rôle fondamental dans la transformation des cursus universitaires. En intégrant les étudiants à des projets de recherche appliquée, ils favorisent des formations plus ancrées dans les réalités du terrain, augmentent l’attractivité des parcours et renforcent l’employabilité des diplômés. L’accès à des laboratoires spécialisés, à des problématiques réelles et à un encadrement technique de haut niveau constitue un levier déterminant de professionnalisation.

Le recteur de l’USTHB, Djamel Eddine Akretche, considère ces accords comme un instrument de transformation systémique. Ils permettront, selon lui, d’échanger les expertises, d’améliorer la visibilité internationale et de stimuler une dynamique interinstitutionnelle porteuse de projets à fort potentiel d’impact.

 

Les objectifs à long terme

A plus long terme, l’ambition est double : rendre la recherche nationale plus lisible, en augmentant la qualité, l’impact et la visibilité des productions scientifiques ; et plus utile, en alignant les axes de recherche sur les priorités stratégiques du pays, tels que la souveraineté alimentaire, la transition énergétique, l’innovation industrielle, la résilience sanitaire et le développement local.