Véhicules de moins de 3 ans : explosion des importations

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Véhicules de moins de 3 ans

Par Brahim Aziez

 

Des milliers de véhicules d’occasion ont été importés par les Algériens depuis le début de l’année 2024, sachant que l’importation des moins de 3 ans qui était bloquée depuis 2008 a été rétablie avec la loi de finances 2023 qui a permis l’importation de véhicules de moins de 3 ans. Pas de détails sur l’origine des pays d’où ont été importés ces véhicules, ni sur la facture globale de ces importations effectuées par des particuliers.

 

Mais cette hausse significative par rapport à ce qui a été enregistré durant la même période 2023 interpelle, en ce sens que les véhicules d’occasion ont vu leurs prix hausser depuis l’avènement de la Covid-19, et que la valeur du dinar algérien a encore dégringolé sur les marchés parallèles, dépassant les 240 DA pour 1 euro ces derniers mois. Mais voilà, faute d’importations de véhicules neufs dans le cadre commercial (par les concessionnaires agréés) depuis plus de 6 mois (pas d’autorisations d’importation), et l’absence de visibilité pour les mois à venir (pas de quota annoncé pour l’année 2024 qui s’achèvera dans 4 mois). Du coup, face à un marché de l’occasion qui s’enflamme à nouveau et une industrie locale de l’automobile qui prend du temps à se mettre en place, les Algériens se rabattent sur l’importation des véhicules de moins de 3 ans pour acquérir un moyen de locomotion qui soit à la hauteur de leurs ambitions.

Et encore, il faudra s’attendre à ce que les chiffres doublent, au moins, d’ici la fin de l’année, les plus réticents au recours aux importations de véhicules d’occasion devront s’en contenter, surtout que l’usine Fiat de Tafraoui ne pourra assembler que 40.000 véhicules cette année, entre Doblo utilitaire et 500, alors que la demande nationale dépasserait largement les 500.000 véhicules neufs/an. En effet, les besoins en véhicules neufs dépasseraient largement ce seuil du demi-million de véhicules neufs annuellement, au vu de la vaste superficie du pays et des ratios par 1000 habitants (moins de 150 véhicules, alors qu’ils sont de 500 véhicules/1000 habitants en Europe et 800 aux Etats-Unis).

 

 

 

Les véhicules de moins de 3 ans plus chers

Le gouvernement algérien a autorisé le retour aux importations de véhicules de moins de 3 ans avec la loi de finances 2023. Mieux encore, l’autorisation d’importer des véhicules d’occasion a été élargie aux cylindrées supérieures à 1600 cc et aux véhicules hybrides (diesel/électrique et essence/électrique) et électriques, avec des avantages fiscaux pour ces derniers. Ainsi, les véhicules automobiles à moteur essence ou hybrides/essence (essence et électrique) d’une cylindrée supérieure à 1800 cc et inférieure ou égale à 2000 cc, sont assujettis au paiement de 20% du montant des droits et taxes exigibles (exonération de 80%). Il en est de même pour les véhicules à moteur diesel ou hybrides/diesel (diesel et électrique).

Pour les cylindrées essence et hybride essence supérieures à 2000 cc et inférieures ou égales à 2500 cc, les redevances sont de 50% du montant des droits et taxes exigibles, au même titre que les motorisation diesel et hybride diesel de cylindrée supérieure à 2500 cc et inférieure ou égale à 3000 cc.

Mais lorsqu’il s’agit d’une motorisation essence ou hybride essence de cylindrée supérieure à 2500 cc, il faudra s’acquitter de la totalité du montant des droits et taxes exigibles. La même disposition est appliquée aux véhicules diesel ou hybrides diesel de plus de 3000 cc. On pourrait croire que ces avantages auraient permis aux importations de véhicules de moins de 3 ans d’exploser. Mais cela aura été sans compter la dépréciation de la valeur du dinar algérien face à l’euro au marché parallèle, et la hausse des prix des véhicules d’occasion en Europe.

 

Une facture d’un milliard d’euros à la fin de l’année

Mais malgré cela, on a enregistré l’importation, par les particuliers, de plus de 26.000 véhicules en 7 mois, selon des rapports de presse qui citent un document de la douane algérienne. Et 50.000 véhicules à une moyenne de 20.000 euros/véhicule cela représente près d’un milliard d’euros qui auront servi aux Algériens pour importer, par leurs propres moyens, des véhicules d’occasion. Des véhicules qu’il serait difficile d’en retracer l’historique et le véritable kilométrage, en l’absence d’une structure nationale à même de veiller au grain. Des véhicules qu’il sera difficile d’entretenir et de réparer, ou d’en assurer la garantie par des concessionnaires agréés.